Sous un déguisement de bon jeu
Souvent, un a priori positif suffit à se mettre en de bonnes conditions pour apprécier un produit culturel. Ça marche aussi pour une personne. Tenez, si je vous dis que je suis une personne formidable, quand on va se rencontrer vous allez penser : “Mais quelle personne formidable”, à quelque chose près. Mouais, bon, vous avez saisi l’idée. Avec tout le bien que j’avais entendu sur les jeux vidéo LEGO, et plus particulièrement sur City Undercover, j’étais paré, prêt à aimer comme un fou ce monde ouvert constitué de briques. Raté.
Avant que je ne critique ce titre et que je sois fustigé parce que je ne suis pas la cible et bla bla bla, je tiens à préciser que je suis tout à fait conscient de ça et que je juge ce jeu en tant qu’adulte pour des adultes. Donc, LEGO City Undercover (LCU) est un jeu exclusif à la Wii U proposant une grande aire de jeu à explorer tout en accomplissant des missions visant à faire avancer une trame scénaristique loufoque. LCU n’étant pas non plus fondamentalement mauvais, je vais commencer par pointer les qualités du titre. Le scénario, puisqu’on en causait, est plutôt sympathique et assez agréable à suivre. Ce n’est pas pour autant à mourir de rire mais après tout l’humour est une notion bien relative. Le doublage français est en revanche assez inconsistant, certains personnages étant plus réussis que d’autres.
Graphiquement, c’est correct mais, en même temps, ce n’est pas un jeu qui demande des effets de malade. Par contre, les temps de chargement sont vraiment longs et ce, quelque soit la zone à charger ce qui est plutôt étrange. Il faudra attendre autant de temps pour accéder à l’aire ouverte ou à une mission. Les fonctionnalités GamePad sont bonnes, pas trop intrusives mais pas révolutionnaires non plus. En tout cas, le job est fait de ce côté là. Ça, c’est débarassé ! Je vais maintenant m’attarder sur les deux phases de gameplay qui s’alternent : les missions et l’exploration.
Les premières sont, comment dire ça poliment, assez chiantes quand même (hormis peut-être la dernière qui est fofolle). On tape deux, trois types (le système de combat est lui-même pas bien palpitant), on ramasse des objets et on avance. Voilà le schéma répété ad nauseam. Le seul truc cool est le moment où on débloque un nouveau costume (et donc pouvoir) et les 2 minutes qui suivent où on l’essaye. Rien de bien palpitant. Le fait d’ailleurs que les missions soient dans des zones complètement dissociées du monde ouvert amplifie encore ce phénomène. Plutôt que de s’amuser à explorer les recoins de la carte tout en crapahutant partout, on se retrouve coincé dans des zones toutes petites qu’on nettoie les unes après les autres.
Concernant le monde dans lequel on peut librement se promener : c’est un peu mieux. Déjà parce que sa taille est bien calibrée. Il est ni trop petit, ni trop grand, ce qui permet à la fois de découvrir des choses et de se repérer rapidement. Il est également assez varié : bois, fermes, montagnes, ponts, buildings, quartiers typiques… Le problème principal de cet “open-world” vient surtout du gameplay ultra-limité de LCU. Je m’explique : les pouvoirs débloqués au fur et à mesure du jeu ont pour but de donner plus de liberté. Malheureusement, leur utilisation est restreinte par le jeu lui-même puisqu’il faut être à des endroits particuliers pour en profiter. Ça rend l’exploration frustrante car on se rend finalement compte que la ville n’est qu’un ensemble de mini-niveaux qui ne peuvent être explorés que comme cela a été prévu par le jeu et pas autrement. Le monde n’est donc pas véritablement ouvert, c’est une juste un agglomérat de petites missions, ce qui le rend tout de suite beaucoup moins intéressant.
C’est d’autant plus dommage que les pouvoirs pourraient permettre de faire un peu tout et n’importe quoi et de s’éclater comme un petit fou à ramasser tout ce qui traîne au hasard de la promenade. En l’état, on se contente d’arriver dans une zone et de la passer au crible méthodiquement et sans entrain.
Peut-être que pour les enfants la formule fonctionne mieux. Mais je trouve néanmoins un peu bête de restreindre à ce point l’imagination de nos chères têtes blondes en les habituant juste à faire ce que le jeu a prévu et non pas à expérimenter. Au vu du succès d’estime de LCU pourtant, j’ai comme un doute : suis-je le seul à trouver ça limité et ennuyeux ? Suis-je différent ? Le jeu vidéo a-t-il tant changé que je ne m’y retrouve plus ? Alors que j’avais lancé LCU le cœur en joie, me voilà sombre et plein d’interrogations. Comme quoi, des fois, être optimiste nous fait juste chuter de plus haut.