Au moins quatre ou cinq fois tu as essayé de t'accrocher au début de Stalker : Shadow of Chernobyl. A tous les coups tu as fini par abandonner au bout d'une paire d'heures, encastré dans un mur de difficulté, jurant comme un malpropre contre les quêtes mal fichues, les pétoires anémiques, les ennemis qui te repèrent dans le noir à cent mètres une fois l'alarme déclenchée... A l'occasion d'une promotion, tu as acheté Call of Pripyat, le troisième volet de la série, sans trop savoir quand tu aurais le temps d'y jouer. Et puis un soir tu es entré dans la Zone. A présent tu en émerges irradié, et tu as tellement d'aventures à raconter...
La Zone tu la connais un peu tout de même... Ces paysages cafardeux d'Ukraine, ces ciels nuageux, ces herbes folles, presque rien n'a changé depuis Shadow of Chernobyl. Les développeurs se sont inspirés du roman des frères Strougatski, Stalker, Pique-nique au bord du chemin (1972), peut-être l'œuvre de SF la plus influente de la culture populaire russophone, adaptée en 1977 par Andréi Tarkovski. La Zone, ce lieu étrange, perturbé par un mystérieux événement et recelant de terribles trésors, n'est plus comme dans le roman localisé dans la ville fictive de Harmont, mais aux alentours bien réels de Tchernobyl. En 2006, sans que personne ne sache pourquoi, la centrale explose à nouveau, transformant une immense Zone en no man's land remplie de perturbations inexplicable, peuplée de mutants, foisonnant d'artefacts que se disputent les stalkers... La transposition n'a rien de surprenant quand on sait que les travailleurs qui intervenaient sur le cœur de la centrale en 86 se donnèrent d'eux-mêmes le sobriquet de stalkers...