Avant de commencer, un gros pavé sur les mods : le jeu en vanilla est tout à fait jouable, mais si vous voulez vraiment y jouer dans de bonnes conditions prenez le petit mod Zone Reclamation Project (ZRP) qui corrige une tétrachiée de bugs et qui est configurable à souhait. Il ne dénature en rien le jeu. Ensuite évitez le mod Complete 2009/2012 car il rend le jeu bien trop facile, même s'il flatte la rétine. S.T.A.L.K.E.R. est un jeu relativement difficile et Complete le rend beaucoup trop simple. Cela dit comme son nom l'indique c'est le plus complet et le mieux fini si j'ose dire.
Pour ce qui est d'autres mods, je conseille Stalker Weather Overhauled (2.2 ou 3.1) qui change complètement la météo de la Zone pour qu'elle soit plus réaliste. Prenez aussi soit le pack Photorealistic Zone 1 (PRZ1 (évitez la seconde version, elle dénature le jeu visuellement)) soit le combo Absolute Structures/Absolute Nature. Et enfin, un petit coup de Shaders MAX pour avoir des effets tacticools sur les surfaces.
Vous avez fini le jeu et vous le trouvez trop simple ? Essayez AMK ; ce mod rend la Zone bien plus dangereuse, les anomalies sont beaucoup plus difficiles à détecter, les émissions aléatoires sont de retour, vous avez besoin de vous reposer et certains mutants qui avaient été coupés pendant le développement font leur retour (chimères, burers etc). Faites attention, AMK fonctionne parfaitement sur la version 1.0004 du jeu mais risque fortement de bugguer sévère sur la version 1.0005. De plus il n'est pas compatible avec Stalker Weather Overhauled 3.1 (mais marche avec la version 2.2). Vous trouvez AMK encore trop facile ? Essayez Zone of Alienation et faites-vous gangbang par 50 chiens dès le début.
Fin de l'aparté sur les mods.
S.T.A.L.K.E.R.: Shadow of Chernobyl est, à mon sens, un titre majeur dans l'histoire du jeu vidéo. Une perle rare. C'est tout d'abord l'un des jeux les plus immersifs auxquels j'ai pu jouer. L'atmosphère dans la Zone d'exclusion de Chernobyl est à la fois malsaine et absolument fascinante, que ce soit dans le jeu ou dans la réalité d'ailleurs. On se plait à errer dans la nature avec quelques mutants pas très loin sous un orage déversant une pluie torrentielle à la recherche d'artefacts qu'on peut revendre pour quelques roubles. S.T.A.L.K.E.R. est aussi l'un des jeux les plus flippants qui existent, notamment par son côté totalement imprévisible. Au début il vaut mieux sortir le jour et rester planqué la nuit, et certains passages sont absolument diaboliques niveau ambiance. Le jeu a un côté survie assez prononcé : entre les ennemis (assez rares mine de rien, enfin tout est relatif), les radiations, les anomalies parfois difficiles à détecter, la gestion de l'équipement et la gestion de la bouffe, vous serez souvent sollicité et devrez faire très attention. Une erreur est souvent fatale dans S.T.A.L.K.E.R.
Le côté RPG de S.T.A.L.K.E.R. est quant à lui assez... hum... superficiel. L'histoire est très cryptique (je la trouve fascinante mais beaucoup de personnes ne sont pas d'accord) et les quêtes sont pour la plupart très peu intéressantes. Il n'y a aucun levelling et aucun moyen de dépenser ses stats, même si les artefacts pouvant être trouvés dans les anomalies modifient certains aspects de votre avatar. Je considère plus S.T.A.L.K.E.R. comme un FPS d'ambiance et de survie sapoudré de RPG qu'un hybride à part entière. L'intérêt principal de S.T.A.L.K.E.R. c'est le voyage dans la Zone et l'exploration grâce à sa très grande liberté d'action. Se perdre dans la nature, observer à distance des bandits se faire tuer par des sangliers mutants, aller à la pêche aux artefacts dans les anomalies mortelles, décider de faire cette quête avant celle-ci, ou décider de l'ignorer totalement etc. Ne soyez pas rebuté par l'aspect un peu brut du jeu au début, il faut quelques heures avant de vraiment en profiter, surtout que les armes pourries qu'on a au début du jeu ne sont guère engageantes et que les ennemis, surtout les Spetsnaz à un moment, sont beaucoup plus costauds. Ah oui, la seule difficulté valable du jeu c'est la difficulté Master. Les armes sont beaucoup plus mortelles que ce soit pour vous ou vous ennemis, et il n'y a aucune répercussion sur leur nombre de PV ou leur précision. En Master une balle suffit à tuer un ennemi la plupart du temps, si vous savez bien viser. Je conseille aussi d'enlever le réticule, le fait de lean et d'utiliser l'ironsight rend les combats beaucoup plus intéressants. L'IA n'est pas franchement folichonne mais elle fait son job. Si comme moi vous aimez la discrection, autant jeter l'éponge car il est presque impossible de s'approcher furtivement d'un ennemi, mais franchement ce n'est pas bien gênant. Lors des nuits les NPCs humains voient moins bien, donc vous pouvez quand même utiliser cet aspect à votre avantage. En revanche faites attention aux choses qui rôdent, la nuit est leur domaine.
Que dire de plus ? Pas grand chose. S.T.A.L.K.E.R.: Shadow of Chernobyl n'est pas un jeu pour tout le monde et je comprends honnêtement les gens qui peuvent être rebutés par le jeu. Il est difficile, il est brut et il est exigeant. En revanche la liberté d'action quasi totale, l'ambiance somptueuse du titre et sa grande rejouabilité (avec plein de mods) font de lui l'un de mes jeux préférés, très clairement. Comme je l'ai dit plus haut, le jeu ne commence à devenir très bon qu'au bout de quelques heures (après avoir fini l'institut Agroprom grosso-merdo), donc si vous n'accrochez pas immédiatement, persévérez. Sorti en 2007, il m'a fallu à peu près un an pour que j'accroche vraiment, et depuis j'ai dû le finir trois ou quatre fois.
Si vous avez aimé le jeu, je vous conseille de lire le roman Roadside Picnic des frères Strugatsky, qui pose les bases de l'univers de la série S.T.A.L.K.E.R. Et si vous en voulez encore plus, regardez l'excellent Stalker d'Andrei Tarkovsky, librement inspiré de Roadside Picnic et qui a à son tour (en plus du roman) inspiré S.T.A.L.K.E.R.