Vous vous réveillez dans un hôpital après un comma de deux ans et vous apprenez que vous êtes un dangereux criminel promis à la chaise électrique.
Voilà comment commence le jeu. J'en ai vu des histoires bien ficelées, mais plus immersif que ça, il faut avouer que c'est rare...
Et c'est bien là la meilleure qualité du jeu à mes yeux, son immersion et son aspect ludique. Parce que certes, les graphismes sont quand même ultra basiques, certaines voitures sont trop sensibles, voire elles sont toutes incontrôlables si on ne télécharge pas sur PC le mod gentleman of the road. Mais quand même, le jeu a une sacrée immersion selon moi, comme j'en ai rarement vue avant.
Alors attention, immersion ne veut pas dire réalisme. Je me suis mis au jeu il y a un peu plus d'un an, et forcément, avec des moyens techniques qui datent de 2008, on sent bien que l'environnement à la Unreal engin est loin, loin...
Pour autant, j'ai adoré ce chapitre, qui m'a fait découvrir Saint Row, et que j'ai largement préféré à GTA IV, qui pourtant lui-même ne manquait pas de qualité.
Vous contrôler donc un chef de gang largement personnalisable (sexe, couleur de peau, morphologie, détails du visage) qui va devoir récupérer les différents quartiers de la ville de Stillwater des mains des trois grands gangs en présence, à savoir: les jaunes, les rouges et les verts (bon pour les plus de 7 ans on dira plutôt les Ronins, la Brotherhood et les Sons of Samedi) qui ont tous un secteur bien défini ainsi que chacun un mode de financement, de vie, et un style différent.
Pour reconquérir toute une ville me direz-vous, il faut avoir une sacrée poigne, et un caractère en béton armé, et le cœur bien accroché... Eh bien justement, le chef des Saints ne manque pas vraiment de... frontière dans le genre.
Il faut dire que le contemporain de Saints Row est dans l'épisode 2... un peu psychopathe. Il semble quasiment amoral, et n'hésite pas à accomplir les pires actes pour se faire craindre et respecter. Il faut dire aussi qu'il a été longuement dans le comma après avoir été trahi par l'un des siens, qu'il se réveille à une époque où les Saints ont été rayés des mémoires, morts, en fuite ou disparus, et qu'il a aussi devant lui des gangs sans scrupule qui n'hésitent pas à s'attaquer aux personnes qui lui sont chères pour l'intimider...
Il y a de la finesse dans ce monde brutal où l'on s'attaque à grands coups de grenades dans la rue, parce que justement, le héros n'a jamais vraiment rien fait de sa vie avant d'intégrer les Saints, que le gang (qui autrefois lui a sauvé la vie, rappelons-le) a été pendant longtemps sa préoccupation quotidienne et son seul moyen de vivre dans un monde régi par la violence, et qu'au final, il ne combat pas les autres gangs pour faire respecter la justice et la loi (on voit bien aussi que les autorités elles-mêmes sont d'ailleurs corrompues...) mais pour prendre le contrôle, et cela, pour le meilleur, ou pour le pire. Et c'est aussi ce qui rend la licence attachante à mes yeux, il ne s'agit pas de défendre classiquement un homme, une femme, ou de se faire de l'argent, mais d'abord de vivre, et ensuite de s'éclater un maximum dans un monde où tout est possible finalement. Les développeurs n'ont pas cherché à justifier un jeu fait pour s'amuser un maximum par un scénario grave ou sentimentale. Ici, pas de famille à nourrir, pas d'amour de sa vie à sauver, tout cela aurait pu facilement virer au grotesque dans une telle atmosphère. C'est survivre, puis prendre toujours plus en puissance en développant les Saints.
Au final, certes le contemporain se trouve être parfois violent, mais d'une violence froide et stratégique, qui fait réfléchir plus qu'elle ne pousse à donner envie de l'imiter, et qui donne un certain fond à la psychologie du personnage (dans Saints Row 3, ses amis ont une discussion pour dire qu'en effet, par le passé, il était assez timbré...)
Le système du jeu est lui-même très intelligent: pour continuer les missions principales, il faut avoir un assez haut niveau de respect. Ce respect se gagne en accomplissant des quêtes annexes. Ce qui signifie en clair: parcours la carte comme bon te semble, éclate-toi un max, et après tu pourras faire avancer l'histoire. Courses de voitures, combats MMA, fraude à l'assurance, ou escorte, là encore, pas mal d'activités sont prévues pour cela. Les missions tueur à gage et vol de voitures rares sont particulièrement prenantes.
Bref, pour résumer, non le héros n'a pas de limite, oui le jeu n'est pas bien foutu (des graphismes épurés restent assez agréables au final, mais ils ne seront sûrement pas au goût de tous) MAIS le scénario, le fond, et l'ambiance générale sont excellents. Saints Row 2 possède la masse de petits détails, en la matière, que les jeux avaient autrefois régulièrement et que les développeurs oublient d'intégrer à ceux d'aujourd'hui, se reposant sur des graphismes toujours plus réalistes, mais sans réel soin de finesse outre-mesure. Ce mélange de GTA bien timbré et des Sims où vous pouvez customiser votre perso et vos véhicules et acheter différents appartements dans toute la ville est définitivement une pure réussite.