Saints Row 2
6.6
Saints Row 2

Jeu de Volition, Inc, Volition, THQ et Deep Silver (2008Xbox 360)

Le premier volet avait deux choses pour lui : l'utilisation du moteur physique Havoc qui pour le moment de sa sortie envoyait très méchamment, avec des effets de ragdoll et des particules très réussies sur les explosions notamment et tout simplement l'absence de concurrence sur le marché. Après moins d'un an d'existence, la Xbox360 n'avait encore aucun autre GTA-like urbain et deux années après avoir essoré San Andreas, ce premier volet a été un plaisir. Seulement désormais, le ragdoll on connaît et GTAIV est apparu. À l'heure où je m'y suis lancé on trouvait en face de SR2 aussi bien du Sleeping Dogs, du Crackdown que d'autres titres en monde ouvert d'une manière générale et pourtant, je le retiendrais particulièrement.

Ça ne sera certainement pas pour la partie graphique ou artistique cependant. Visuellement Saints Row 2 n'est pas le jeu qui laisse une trace quelconque. Techniquement, le titre souffre au choix de tearing ou de chute de framerate. Pourquoi au choix ? Parce qu'il est possible dans les options d'activer ou non la synchronisation verticale, ce qui bloque le tearing, en revanche la contrepartie est un framerate moins stable quand beaucoup d'éléments ou d'effets sont à afficher. Je passerais cependant sur le reste : les modélisations ne sont pas immondes, pas plus que les animations. La lumière est un peu trop quelconque mais les effets de pluie ne sont pas trop mal foutu mais très plat. Seule ombre véritable au tableau, les cheveux qui ne ressemblent à rien, ce qui pose un léger problème, mais je vais y revenir.

Côté artistique, le jeu oscille entre les choses absolument pas mémorables, comme le design de la ville d'un quelconque absolu et les fulgurances dans le n'importe quoi comme le héros ou, en ce qui me concerne, l'héroïne incarnée. Le terrain de jeu, la ville de Still Water, est le même que celui du premier opus à quelques quartiers près. Certaines zones sont reconnaissables si on a déjà parcouru le premier opus et même si quelques immeubles apportent un cachet un peu plus moderne à l'ensemble de la map, on se retrouve globalement dans un truc américain générique. C'est d'ailleurs avec Saints Row qu'on se rend compte que Rockstar est mille fois meilleur pour créer un environnement palpable, même dans un style visuel que l'on connaît via l'avalanche de pop-culture américaine que l'on mange tout le temps. Il y a un manque de recherche artistique sur les enseignes, les immeubles, les magasins et le tout souffre en plus de bugs de trafic routier et parfois d'une absence de voiture dans les rues qui cassent le délire. Quant au héros, il sera designé par le joueur mais agira comme un taré fini pendant toutes les cinématiques. Je pense qu'au niveau de la psychose profonde, on a rarement joué quelqu'un comme ça.

Saints Row 2 n'a aucune règle de la vie réelle. C'est un bordel sans nom. On passe son temps à détruire des voitures, tirer sur des gens qui n'ont rien demandé (pas forcément de manière volontaire) et agresser la police sans raison. Pour une fois, le jeu est au moins cohérent entre le scénario et le gameplay puisque dans les cinématiques, le personnage qu'on a créé fait les pires saloperies que l'on puisse imaginer : remplacer de l'encre de tatoueur par un produit radioactif, brûler la main d'un guitariste pour lui faire avouer quelque chose (qu'il avait déjà avoué avant qu'on lui brûle la main) ou encore enfermer un mec dans cercueil alors qu'il est encore vivant. Si le tout est censé faire dans le grand-guignolesque sur l'ensemble du scénario qui consiste juste à contrôler la map complète en battant trois gangs, il reste que certaines situations sont tout de même un peu dérangeantes parce que le ton global n'est pas forcément à l'autodérision, mais plutôt au « ouesh c'est cool de foutre le bordel ! ». Quand le jeu me demande de tuer des clochards et de casser leur bidonville pour m'installer, personnellement je trouve ça d'un mauvais goût assez prononcé. De l'humour de supporter du PSG en somme.

Du coup si je n'ai pas été emballé par ce que raconte le jeu ou par l'aspect technique, c'est le reste qui a scotché mes mains à la manette. Saints Row 2 est avant tout un jeu personnalisable à l'envie et ça, c'est parfaitement dans mes cordes. Son avatar est designé au choix au début : sexe, ethnie, masse corporelle, âge et toute sorte sorte de modifications pour le visage ou les cheveux. Il y a de quoi se créer un personnage que l'on va apprécier diriger. Alors deux bémols cependant. La création des visages est assez complexe et il est assez dur d'obtenir un visage que l'on souhaite. J'ai personnellement joué à Saints Row The 3rd avant et forcément en comparaison, le second opus fait grise mine. Autre problème, les coiffures sont globalement moches (en terme de coupe) et sont en plus mal modélisées. PIRE ! Le blond est juste dégueulasse. J'ai du mettre toute ma conviction d'adorateur de blonde pour ne pas faire une rousse ou une brune...et ça, ça coûte déjà une étoile au titre.

Plus sérieusement, le jeu a en fait troqué une personnalité contre celle que le joueur voudra lui mettre. En plus du personnage que l'on créé et habille à l'envie, les voitures peuvent être bolidées et les planques jouissent même de la possibilité d'être redécorées. Le choix des armes est également assez vaste et Saints Row 2 est l'un des titres où il est le plus jouissif de faire exploser des trucs. Même si on atteint jamais le délire d'un autre jeu Volition, le sous-estimé Red Faction Guerilla, il y a déjà de quoi se faire plaisir. Pour finir sur la partie customisation, comme dans tout bon GTA-like urbain, on a le droit à une radio plutôt bien fournie. Je conseille personnellement The Mix, la radio dédiée à la musique des années 80. Rien de tel qu'une poursuite sous la pluie en écoutant Land Down Under de Men At Work.

Cette partie personnalisation, Saints Row 3 l'a et en plus solide puisque le jeu est plus récent donc plus jolie et un peu plus fourni : pourtant je m'y étais ennuyé au possible, arrêtant la partie après une vingtaine d'heures à jouer à la poupée avec mon personnage trop sex. Saints Row 2 au contraire croule sous le nombre de trucs à faire. Le jeu est divisé en trois couches : les missions principales pour trois gangs différents, les activités secondaires et les diversions.

Les missions principales suivent la lutte du gang des Saints, les violets dont on est le nouveau chef et à qui ont doit redorer le blason, contre trois autres gangs. Les missions oscillent entre les traditionnelles escortes, courses, séquences de tirs etc. mais y ajoutent quelques moments avec des délires particuliers en terme de contexte ou de gameplay comme ce moment mémorable, hommage à Tarantino. Il reste que globalement, soit on tire, soit on conduit, soit on fait les deux en même temps. Seules originalités, des boss de temps à autres ; pas bien compliqués mais rafraîchissants dans le genre.

Les activités secondaires prennent un peu plus le parti de la variété de gameplay. Les arnaques à l'assurance par exemple, déjà présentes dans le premier volet, propose au joueur de se laisser tomber comme une poupée de chiffon au milieu du trafic routier pour se faire le plus mal possible ; plus on prend de dégâts et plus cela rapporte de l'argent et il y a une somme palier à atteindre pour réussir l'objectif. Dans un autre genre, les fightclubs proposent des combats à mains nues en arène, de 3 à 7 combattants ; le système de combat n'a rien de très précis et n'offre pas vraiment de progression, mais c'est assez jouissif d'avoir à gérer les espaces et s'occuper les ennemis un par un pour ne pas être submergé. Autre changement de gameplay bienvenu, l'activité Gros Bras ; on cherchera ici à maintenir en état de signer des autographes une célébrité pas forcément appréciée pendant un certain temps ; pour se débarrasser des assaillants, on pourra les taper assez bêtement où les balancer vers leur mort (un réacteur d'avion, le capot d'une voiture, un élagueur avec une tronçonneuse etc...). Ce sont principalement ces activités variées et assez nombreuses qui permettent au jeu de rester amusant sur du long terme, d'autant plus que chacune a 6 niveaux de difficulté.

Enfin, les diversions sont des minis activités qui s'ajoutent aux autres un peu plus conséquentes. Des choses très courtes comme atterrir sur le toit d'une voiture après un saut en parachute ou pratiquer un QTE sexoual dans les toilettes d'un liquor-store. Ou des choses un peu plus longues comme faire le taxi, la dépanneuse ou l'ambulance. Mise à part la dépanneuse qui demande beaucoup de maîtrise de ses nerfs pour parvenir à la fin, la plupart de ces activités manquent de challenge ou d'un peu plus d'élaboration pour être réellement divertissantes. L'ambulance demande par exemple de se déplacer sur le lieux d'un accident et de réanimer une personne ou plusieurs avec un QTE. Le temps donné est trop long et le QTE trop facile à exécuter et on finit donc très rapidement les dix étapes de l'activité. Avec ne serait-ce qu'un peu de variété dans la même activité, comme devoir emmener la personne à l’hôpital après réanimation pour l'ambulance, ou devoir sortir une personne d'un bâtiment en feu dans l'activité pompier) on aurait vraiment eu beaucoup plus de fun sur cette dernière couche de choses à faire.

L'ensemble de ces activités trouvent cependant un petit aspect encore plus plaisant quand on repense à la personnalisation du personnage. Il est très facile de se prendre encore plus au jeu et même aux mini-jeux quand on est habillé pour la circonstance. Il est possible de trouver de quoi se déguiser en pompier, en braqueur, en combattant de MMA ou en docteur et cela rajoute un peu de roleplay à l'ensemble.


Finalement, c'est ce que je retiendrais essentiellement de ce Saints Row 2. C'est un jeu/jouet. Pas au sens Nintendo du terme, mais au sens Lego, Playmobil ou ActionMan du terme. On ne joue pas vraiment à un jeu mais à plein de petits agglutinés dans un seul. Impossible de jouer au jeu pour la partie scénaristique tant elle est idiote et d'un mauvais goût sans nom par moment, malgré une ou deux scènes bien vues. Impossible d'y jouer pour le dépaysement, puisque la ville est générique au possible et manque de la variété d'un San Andreas par exemple. Par contre, on peut parvenir à passer outre la débilité crasse de certains propos du jeu (j'en reviens pas qu'on me demande de tabasser des clochards et de brûler un bidonville) pour ne prendre que la partie roleplay du titre qui là s'en sort pas mal du tout. J'y ai beaucoup joué (plus de 50 heures), par petites ou grandes sessions et toujours avec un certain plaisir. C'est déjà pas si mal !
seblecaribou
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le 31 mai 2013

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seblecaribou

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