Je ne connaissais de la licence Sakura Wars que le nom sans m'y être jamais aventurée. Les infos données autour de ce nouvel épisode ont eu raison de mes réticences. D'autant plus que l'opus se présentait comme parfait pour initier les néophytes à l'univers.
Sakura Wars nous amène donc au Japon, plus précisément à Tokyo à la fin du 19ème siècle : ère de la vapeur, ouverture du Japon au monde, modernisation galopante. Au sein de cet univers en plein changement, des démons viennent s'en prendre aux humains. Heureusement des brigades sont dûment formées pour protéger les habitants. Sauf que celle de Tokyo n'a plus sa gloire d'antan : l'ancien groupe n'est pas revenu de son ultime mission et l'actuel est composé de jeunes filles volontaires mais aux capacités en-deçà de leurs fonctions. En plus la Brigade des Fleurs de Tokyo doit composer avec un armement vétuste : l'unique financement provient de leurs spectacles au théâtre et, malheureusement, les demoiselles ont un niveau plus que sommaire dans ce domaine. Seijurou est le capitaine tout juste nommé de la Brigade. Il va devoir remonter à bloc la Brigade pour éviter sa complète dissolution.
Sakura Wars fusionne deux genres : le jeu de drague et le beat them all. Lors des missions, vous incarnez Seijuro et l'une des membres de la Brigade pour combattre les démons. Pour cela, vous utilisez des mechas. Le gameplay est assez simpliste mais efficace. Chaque protagoniste possède un coup spécial qui aidera à nettoyer les zones. De plus la jauge de motivation augmente la puissance de vos coups et votre résistance. En améliorant vos relations avec votre équipe, vous accéderez à une capacité fusionnée s'accompagnant d'une cinématique et augmentant drastiquement votre puissance durant un temps limité.
L'aspect jeu de drague quant à lui s'accompagne d'une exploration de Tokyo et de quêtes annexes. La plupart consistent à trouver la bonne ligne de dialogue, voire quelques scénettes comme aider Xiaolong, un de vos rival, à tenir son restaurant. Si vous arrivez à être dans les bonnes grâces des membres de la Brigade, vous accéderez à des scènes romantiques, nommées les tête-à-tête, où vous pourrez vous rapprocher davantage de ces dames (tout en restant un gentleman). Le jeu possède plusieurs épilogues, chacun correspondant à une des membres de la Brigade; Vous l'aurez compris : pour tout voir, il vous faudra choisir chaque membre, une à une, comme dulcinée.
Comme dans tout jeu de drague, on retrouve certains archétypes de personnages. Sakura Wars joue d'ailleurs à fond la carte du shonen avec de nombreuses scènes reprenant les classiques du genre, et ce jusqu'à l'écriture du scénario. L'amitié, la famille, le sens du devoir sont autant de thèmes qui constituent l'intrigue. Si le récit demeure très classique dans sa construction, Sakura Wars possède un petit charme désuet qui rappellera à certains leurs premières lectures dans le genre shonen. On s'attache même aux membres de la Brigade : certaines plus que d'autres selon vos préférences. Les scénettes jouent sur les codes du shojo, restant toujours dans l'humour. On a bien les classiques scènes au bain mais elles sont démontées avec humour et jamais imposées (vous pouvez toujours refuser et si vous tentez le coup, Seijuro en aura pour son grade et votre relation aussi).
Sakura Wars a essuyé souvent le reproche d'avoir une construction "à l'ancienne". Pour ma part, cela ne m'a pas dérangé. Justement ça participe au charme du jeu qui se veut relaxant et sans prise de tête. Les fans de la licence auront même droit à de multiples références dont les portraits dont une bonne partie reprend des images des précédents opus de la série. Et n'oublions pas Sumire qui n'est rien de moins que la directrice du théâtre où officie la Brigade.
C'est d'ailleurs un pan peu exploité dans le gameplay. Le théâtre est résumé à des cinématiques. J'aurais aimé pouvoir participer plus activement aux pièces, à leur préparation. Les Olympiades sont résumées aux phases de combat alors que les Brigades doivent aussi exécuter des danses. Cela aurait pu faire l'objet de scènes pour les romances avec les membres de l'équipe, voire un gameplay reprenant ceux du beat them all mais sous forme de danse (histoire de souligner encore plus le parallèle danse / mecha qui forme les deux composants de la Brigade de Tokyo).
Reste que Sakura Wars propose un jeu reposant et qui possède son propre charme. Il demeure visuellement très propre avec de jolis détails dans les décors (comme les affiches se modifiant selon la pièce jouée, les écrans de chargement évoluant selon les saisons). Voir plusieurs artistes se côtoyer dans un même univers apporte un petit plus au charme que dégage le jeu; (Bon par contre Lancelot, c'est carrément Kirito de SAO en fille : double épéiste, lame noire...)
Si vous n'êtes pas réfractaire au style manga/anime, aux archétypes du shojo/shonen, Sakura Wars vous ramènera dans les années 90 par son écriture mais avec un visuel plus contemporain. Le jeu n'est pas là pour égaler les triples A de l'année 2020. Après tout, tous les romans ne sont pas des best-sellers, cela ne les rend pas pour autant mauvais.