Avec un retard non dissimulé sur le programme de sortie des tests à cause d’un changement d’habitation/travail en juin et de la crise sanitaire, Sakura Wars aura souffert d’une expérience de jeu très hachée et pas forcément optimale pour apprécier pleinement le jeu de mon côté. Néanmoins, c’est un des jeux de cette année que j’attendais avec impatience après avoir joué au premier épisode et appris avec grande surprise comme beaucoup que le jeu bénéficierait d’une traduction française. Malgré ses attraits indéniables, le jeu n’aura pas eu le succès escompté, à noter que le chiffre de vente n’est pas connu à ce jour.
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Le retour d'un très bon dating sim
Le jeu nous plonge dans un Tokyo alternatif se déroulant au début du XX ème siècle. Nous rencontrons un jeune capitaine nommé Seijuro Kamiyama intégrant le théâtre impérial de la cité. Avec un nom si majestueux, cette place aurait dû être un des cœurs festifs de Tokyo, or Kamiyama découvre un théâtre au bout du rouleau bientôt sur la banqueroute. Sa mission : combattre les démons envahissant couramment la capitale tout en redonnant ses lettres de noblesse aux représentations du théâtre. Bien loin de se mêler des tâches administratives techniques et économiques, Seijuro devra compter sur son charisme de fin commandant et de dragueur inégalé. Car en effet, à l’image de la formule du jeu originel, Sakura Wars est l’un des seuls jeux de drague, et en plus traduit en français sortis ses dernières années. Fréquemment, le jeu propose des séquences où le joueur doit choisir une réponse parmi plusieurs. Donner la bonne permet d’augmenter son affinité avec les personnages tandis qu’à l’inverse ne pas les brosser dans le sens du poil revient à faire baisser leur niveau d’affinité.
Cette expérience dans l’ensemble est très plaisante. Les choix sont suffisamment variés et il arrive souvent d’hésiter entre plusieurs hypothèses. Les développeurs ont eu d’ailleurs la bonne idée de proposer en plus des choix affichés à l’écran, une alternative ingénieuse : la possibilité de ne donner aucune réponse dans le temps imparti, ce qui peut à de rares occasions se révéler comme le bon choix.
Si ces décisions peuvent parfois être tendancieuses et nous induire en erreur, partant dans une direction qu’on ne voulait nullement, cette imprévision rajoute une petite dose de défi et propose une interaction fort appréciable. En plus d’avoir divers event rafraichissants pour chaque personnage, la fin du jeu variera selon le choix du joueur.
Sans partir dans des discussions raffinées avec une plume délectable, le casting offre une belle palette d’échanges qui ne se contentent pas uniquement de se reposer sur ses stéréotypes mais les exploite et développe avec mesure. Au fil de l’aventure, le joueur apprend à connaitre ces jeunes demoiselles et se prend d’affection pour toutes. Certaines même comme Anastasia, dans ses traits de caractère, démontre que l’anime peut concevoir un personnage recherché et dépaysant. Certes, elle reste plus une exception. A mes yeux, la plus belle réussite de ce jeu niveau casting, repose tout de même dans Seijuro. Le trait le plus mémorable de ce personnage est le comique qu’il offre. J’ai ri, et ce à de nombreuses reprises. Que cela soit avec les choix de réponse, ses expressions ou bien ses gestes, la manière dont il agit (…), ce personnage haut en couleur et bon vivant apporte énormément à cette œuvre.
Un manque d'attrait pour son histoire et son univers
Sakura Wars n’est pas le premier épisode de cette licence et ce seul constat pourra en rebuter certains. Le jeu se veut suffisamment ouvert et compose avec quelques références aux jeux passés. L’histoire quant à elle suit l’évolution de cette jeune équipe devant redorer le théâtre tout en participant aux Olympiades (affrontement entre plusieurs équipes). La trame développe au fur et à mesure chaque personnage. Ce découpage est relativement sympathique et correctement pensé. Pour autant, l’intrigue ne m’aura pas plus emballée que cela. Trop de clichés, des antagonistes d’une fadeur extrême inintéressants au possible, avec des rebondissements et éléments de suspens fluctuant entre désintérêt et artificialité dans les derniers chapitres. Le plot de base avec Sakura, l’ennemi masqué et l’ancienne brigade disparue est plutôt médiocre voire mauvais tombant comme un soufflé à la fin.
Quand bien même le jeu fait le tour de cette petite brigade, pleins d’éléments de l’univers, teasé tout au fil du jeu ne sont pas résolus et sont passés sous silence à la fin. Peut-être que les précédents épisodes apportent plus d’éléments de réponse et que l’anime développe des points de l’univers volontairement mis de côté. Néanmoins en terminant ce jeu, je suis resté sur ma faim, perplexe sur énormément de points non solutionnés ou expliqués. Je ne peux ainsi voir ce jeu comme une expérience complète.
Entre chaque mission, le joueur aura le loisir de visiter les diverses zones de Tokyo ainsi que le théâtre impérial. Or l’exploration perd très vite son charme. Les zones n’ont rien à offrir. Les discussions avec les personnages sont inintéressantes et ne donnent pas envie de passer son temps à parler avec une population sortant des banalités de tous les jours.
Aucune quête annexe ou secondaire pousse le joueur à vivre ce Tokyo. Non, le joueur ira directement parler aux personnages avec un point d’exclamation. Les quelques images à collection éparpillées ne donneront pas plus envie de perdre notre temps pour les chercher et seuls les complétionnistes « s’amuseront » à les chercher. Un JRPG doit avoir un monde intéressant et doit le rendre intéressant. Si le premier élément est sans aucun doute rempli, le second fait grandement défaut. Les développeurs n’incitent pas à être curieux et à s’imprégner de cet univers. Excepter ramasser quelques images, refaire des batailles ou jouer aux cartes, on déplorera le désintérêt pour tout ce qui ne relève pas de l’histoire principale et du casting central. Même l’exploration du théâtre nous semble étriquée quand le joueur découvre des objets en plein milieu d’un escalier bloquant l’exploration aux étages supérieurs.
Un théâtre avec énormément de parures dissimulant un alter-monde bien moins éclatant
Techniquement, le jeu est nettement plus emballant. Les modèles 3D donnant vie au chara-design de Kubo sont à mon sens vraiment réussis. Le cadre du théâtre est soigné : beaucoup d’éclat, de détails, de reflets etc. Les personnages sont très expressifs et à aucun moment, je n’ai eu l’impression de découvrir des personnages artificiels. Il y a véritablement un aspect très humain et naturel. Les animations des personnages sont variées et vivantes. Le chara-acting méticuleux et exagéré de Seijuro est à tomber à la renverse à tel point qu’il est extraordinaire. Les mises en scène sont particulièrement dynamiques avec des changements de caméra et autres techniques pour avoir toujours une scène en évolution perpétuelle sous les yeux.
Les discussions sont en grande partie doublées et la bande-son, propulsée toujours par son thème principal, accompagne parfaitement cet univers. Le jeu délaisse à plusieurs instants la 3D pour proposer de jolies séquences entièrement animées en 2D. Un focus plus poussé sur ce divertissement proche du Takarazuka (théâtre féminin pour résumer) aurait été bénéfique je pense au jeu. A chaque chanson, le joueur apprécie l’instant présent.
Passé le Tokyo normal, l’autre dimension est bien moins euphorisante. Les environnements ne sont pas recherchés et pauvres. Autre monde car comme énoncé au départ, l’anime délaisse l’aspect Tactical-RPG pour s’essayer à l’action JRPG avec des mecha au design de sphère qui ne plaira pas à tout le monde. La transition se fait avec difficulté. Les phases de combats ne sont pas spécialement mauvaises mais elles sont bien loin de satisfaire. On a l’impression que la série avec cette nouvelle itération se cherche un peu. Le gameplay est bien trop simple, les ennemis aucunement variés, les donjons redondants et aucunement mémorables. Les quelques phases de plateformes apportent peu d’intérêt et parfois même de la frustration. Et enfin les combats de boss sont en grosse majorité peu recherchés voire souvent les mêmes. Le seul enjeu à chaque fois sera d’obtenir un Rang S et non un Rang A à la fin du stage pour dire à quel point le défi est effacé.
Conclusion
Les PLUS
- La (re) découverte du monde du « Takarazuka »
- Devenez un expert en drague avec ce jeu
- Un casting attachant complétant le ton chaleureux et revigorant du jeu
- L’animation 3D et le joli cadre du théâtre
- Les chansons et séquences 2D
Les MOINS
- Une histoire incomplète et trop clichée à plusieurs moments, en particulier sur la fin
- Un désintérêt pour l’univers de Sakura Wars malgré un matériel de base de bonne facture
- Les phases de gameplay redondantes et peu originales
- L’alter monde pas franchement attirant
Sakura Wars est une expérience sucrée et adoucissante. On ressort de ce jeu avec un certain optimisme et une joie de vivre non dissimulable grâce à son casting chaleureux et attachant. Sur son aspect technique, le jeu est très joli et bien plus emballant que la grande majorité des JRPG du même genre. Je regretterai un gameplay sur la bonne voie mais trop embryonnaire et rudimentaire. La partie dating sim est bien plus réussie. En outre, l’histoire dans ses derniers chapitres ne m’aura pas plus enthousiasmé que cela avec beaucoup de sujets abordés, finalement mis de côté, pour se recentrer sur l’équipe et Sakura avant tout. Les fans ayant joué à tous les jeux y verront probablement une expérience plus complète que les nouveaux joueurs ou ceux ayant rapidement joués à quelques opus comme moi. Néanmoins le jeu reste à conseiller pour toute personne touchant de près ou de loin aux JRPG, notamment grâce à la présence d’une traduction française rendant ce jeu bien plus plaisant et accessible à faire. J’espère que cet épisode relancera la franchise afin de découvrir de nouvelles suites à cette licence remontant sur scène après plusieurs années sans spectacle.