Scott Pilgrim : du comic au jeu
Scott Pilgrim est à la base un comics écrit et dessiné par le canadien Bryan Lee O'Malley. Composée de six tomes, et dont le dernier est sorti aux Etats-Unis fin juillet, la série s'évertue à narrer les aventures délirantes du personnage éponyme. Encore assez méconnu en France, Scott Pilgrim est pourtant un véritable phénomène outre-Atlantique. Sous des abords franchement minimalistes, le comics, assez inspiré des mangas dans son trait et son format, esquisse l'existence simple et banale de Scott, un jeune chômeur de 23 ans qui passe la moitié de ses journées à dormir et l'autre à jouer avec son groupe. Malgré des critiques assez rudes sur son style, la volonté manifeste de l'auteur de dépeindre des personnages aussi réalistes qu'absurdes fait de Scott Pilgrim un comics détonnant, drôle, et sans doute formidablement culte, ne serait-ce parce qu'il résonne chez chacun d'entre nous comme le portrait craché d'un ami proche.
En terme d'environnement le design a été confié à Paul Robertson. Graphiste et dessinateur, Paul Robertson rivalise d'ingéniosité en matière de pixel art et est l'auteur de vidéo telles que King of Power 4 Billion %, fortement inspirées de Metal Slug et absolument délirantes, mais qu'on déconseillera aux enfants et aux épileptiques. Les stages, au nombre de sept, s'avère variés et soutenu par les somptueuses compositions de Anamanaguchi, un groupe new yorkais dédié au chiptune et qui réalise ici une impressionnante prestation pour un titre de cette taille : pas moins de vingt-quatre pistes originales.
On se dira d'ailleurs que le jeu emprunte à Metal Slug une difficulté qui laisse pantois sans pour autant être décourageante, dès lors qu'il est acceptable de faire un Game Over et de recommencer le stage, chose qui s'avère plutôt banal passé le début du jeu. De fait, n'espérez pas le boucler, même en facile, sans avoir vu la question fatidique « Souhaitez-vous continuer ? » à plusieurs reprises. Implicitement Scott Pilgrim invite d'ailleurs au grind, et vous devrez sans doute refaire certains stages pour gagner des niveaux et de l'argent, à moins de trouver des amis. Petite précision à ce sujet : le coop n'est accessible qu'en local.
En dépit de ses erreurs de jeunesse, Scott Pilgrim réalise une excellente prestation, mêlant habilement les contributions de certaines figurines emblématiques d'une vague retro ingénieuse, tout en restant fidèle à l'œuvre original. On ne peut qu'espérer que les bugs soient rapidement réglés par Ubisoft, même si les premiers retours ne vont malheureusement pas en ce sens.