Atypique est sans doute le mot qui conviens le mieux pour décrire shadow hearts, qui prend à la fois ses sources loin des traditions habituelles du jrpg sans pour autant chercher à trop nous dépayser.
Atypique parce que contrairement à l'infinie majorité des autres jeu de son genre, il choisit de se placer dans le cadre d'une Uchronie, bienvenue dans le monde de 1913.
Un monde de 1913 légèrement distordu bien sur, ou les légendes de monstres et de sorciers sont bien plus réelles qu'elles ne l'ont jamais été chez nous et ou le démonisme se retrouve un peu partout, mais il faut bien avouer que cela change du traditionnel univers d'heroïc fantasy, ou steam punk, ou Sf ou n'importe quelle combinaison des trois.
On incarne donc Yuri, jeune homme d'une vingtaine d'année, dans sa quête qui l'amènera on ne sait trop pourquoi à traverser une partie de l'Asie et de l'Europe accompagné par un certain nombre de personnages qui vont du sosie D'oliver Twist à une espionne russe. Qu'on se le dise immédiatement, le contexte historique réel influe peu sur une grande partie de l'histoire, la mandchourie du sud que l'on traverse en premier lieu garde bel et bien quelques séquelles de la guerre Russo japonaise et l'on nous parle de temps à autres des tensions qui agitent le monde, mais cela ne bouleversera jamais le cour des choses, hélas pourrait on dire.
Typique Le jeu en lui même l' est assez. Dirigiste en premier lieu, la world map se composant simplement d'une partie de la carte du monde ( le notre bien sur ) sur lequel divers lieu sont accessibles. Hélas durant toute une première moitié du jeu vous n'aurez pas vraiment le choix d'aller ou vous le souhaiter. Remarquons que c'est à ce moment que le scénario se révélait le plus intéressant à mon sens, passons.
Qui dit démonisme dit monstre et qui dit monstre dit combat. Le système de combat de ce jeu de prime abord ne diffère pas vraiment de celui d'un tour par tour en atb, c'est à dire, celui qui à la plus haute agilité commence et on continue dans ce sens là. On remarquera vite une première subtilité, la très agaçante barre se santé mentale. Effectivement les créatures de la nuit ont un impact sur votre psyché qui diminue de un à chaque tour, faisant entrer le personnage dans une folie incontrôlée si celle ci tombe à zéro. Ce concept qui de loin à l'air de donner une dimension stressante au jeu se révèle à mon goût horriblement ennuyeux. Déjà qu'il faut veiller à garder hp et mp voilà une nouvelle jauge avec laquelle nos ennemis jouent allègrement et qui peut provoquer notre défaite d'une manière encore plus radicale que la mort par Ko, c'est vite ennuyant surtout à la fin du jeu ou son étroitesse se fait sentir obligeant le joueur à soigner son équipe à grand renfort d'objet pour qu'elle ne succombe pas à la folie, au risque de le devenir lui même.
Chaque personnage possède son propre panel d'actions, le plus notable étant le personnage principal Yuri, dont le statut d'harmoniser lui permet de sacrifier de la santé mentale pour fusionner avec des démons, non pas ceux qui se baladent dans la nature mais ceux qui reposent dans son subconscient.
Mais la subtilité viens du fait que loin de vous laisser vous reposer après les cing secondes d'intenses réflexions que vous ont demandé les actions de HEALER HEALER TAPER TAPER, il faut ensuite les valider ! En effet à chaque action correspond un anneau du jugement particulier qui demande de presser le bouton de sa manette à chaque fois que l'indicateur passera sur une zone colorée. Sous peine de voir votre action échouer lamentablement vous mettant souvent dans un sacré pétrin. De plus et d'une manière plus pernicieuse aux abords des zones colorées se trouvent des zones rouges assez fine qui correspondent à des coups critiques, plus de dégâts certes, mais aussi plus de chance de se rater lamentablement. Mais ne vous inquiéter pas globalement la difficulté n'est pas très élevée et le jeu se traverse sans avoir trop à leveller.
Pour l'époque le jeu avait un certain charme, les environnements sont beaux et obscurs et graphiquement ça n'a pas trop mal vieilli. Grand point fort du jeu le design des monstres est sublime, tentacules, organes tranchés, aberrations glauques. Le jeu est rempli d'un grand nombre de beautées zombifiées à vous glacer le sang et les musiques sinistres y sont aussi pour quelques choses.
Pour celles ci cependant je suis plus nuancé, je connais l'incroyable talent de Mitsuda ( Chrono cross, xenogears, chrono trigger excusez du peu ) mais je le trouve assez en retrait dans ce jeu. Si ses musiques d'ambiances sombres et glauques sont extrêmement bien adaptées à la situation, l'ensemble manque de personnalité et surtout de thèmes marquant, là ou je pourrais citer et fredonner sans problèmes des dizaines de morceau de l'ost de Chrono trigger je serai bien incapable de me remémorer correctement ne serais qu'une seule des pistes de Shadow hearts.
Parlons maintenant un peu du scénario. Son déroulement est assez linéaire et sans grande surprise, on enchaîne villes et donjons à un rythme soutenu s'en s'ennuyer vraiment mais sans non plus s'extasier sur grand chose. Et je trouve très dommage de n'avoir pas plus tiré parti de la multitude d’événements historiques de cette seconde décennie du vingtième siècle. On traverse villes et pays sans rencontrer aucune opposition humaine comme si chaque humain avait été mixé dans un grand et vague bouillon qui effaçait chacune de leur différence. ( alors qu'on se traîne un moine chinois, une espionne russe, un gamin des rues anglais, un jap' et une jeune anglaise. )
Bref le plus grand défaut de shadow hearts est sans doute d'avoir sous exploité l'incroyable densité de l'univers qu'il emprunte, pays, langues et cultures auraient pu donner un charme sur au jeu mais celui ci préfère se cantonner à de vagues références culturelles, et c'est un défaut récurent de beaucoup de jrpg, la géopolitique, comment peut t’on oublier la géopolitique !
Et la langue de molière ! Parce qu'entre nous sans atteindre le niveau d'un certain FF 7 celle ci reste tristement déplorable, à jouer en version pal anglais si vous le pouvez.
Au final ce Shadow hearts est passé un peu vite, une vingtaine d'heures pour le terminer, un jeu intéressant sans être plus marquant que ça, mais dont la fin très explicite ouvre la voie d'un second opus considéré comme bien plus abouti et auquel je vais jouer sans tarder.