« I've left the past behind me. » SHADOW

En 2004, SEGA annonce son nouveau jeu de la franchise Sonic pour 2005. Et pour ça, SEGA diffuse un sondage laissant le choix aux joueurs d’un spin-off sur un personnage secondaire de l’univers Sonic qui pourrait avoir son propre jeu-vidéo. Les résultats du sondage sont claires, c’est Shadow, le rival de Sonic, hérisson noir apparu dans Sonic Adventure 2, qui mérite sa propre aventure sur console de jeu.

Shadow the Hedgehog sort donc en novembre 2005 sur Gamecube, PlayStation 2 et XBOX.

Créé par un ascendant du Dr. Robotnik il y a une cinquantaine d'années, Shadow souffre aujourd'hui d'amnésie. Ce sera au joueur de l'aider à recouvrer la mémoire. A-t-il été créé pour sauver le monde ou pour défendre les forces du mal ? Alors que ce questionnement se fait de plus en plus présent dans la tête du hérisson, une armée d’alien débarque et détruit tout sur son passage. Le plus étrange, c'est que son chef, Black Doom, semble connaître Shadow et lui demande même de trouver les sept Chaos Emerauld.

Shadow va-t-il écouter son côté obscur et amener les pierres précieuses à Black Doom ? Va-t-il, au contraire, la jouer solo et les garder pour lui ? Peut-être souhaite-t-il devenir gentil et aider les amis de Sonic dans leur mission consistant à mettre fin à l'invasion ? Ce sera à vous de choisir. En fait, dans la plupart des niveaux, trois missions différentes vous seront proposées : une maléfique, une bonne et une neutre (il s'agit la plupart du temps de rallier la fin du niveau sans s'occuper de notion de bien ou de mal). Selon laquelle vous accomplissez, l'un ou l'autre de ces objectifs, le niveau qui suit ne sera pas le même.

Le jeu repose tout entier sur l’idée du choix de votre alignement, vous devrez recommencer autant de fois que nécessaire la campagne pour débloquer la vingtaine de niveaux disponibles et les 10 fins qui les accompagnent. Généralement très courtes, ces conclusions viendront épaissir le passé de Shadow qui sert de maigre toile de fond à l'intrigue du jeu, par ailleurs assez généreux en secrets et bonus de toutes sortes. Un gage de rejouabilité dans l'absolu si d'énormes problèmes ne venaient hélas ternir ce tableau idyllique déjà bien écorné par l'obligation de recommencer le jeu encore et encore en l'absence d'une bonne visibilité dans la séquence des niveaux à débloquer. Un mode libre existe bien mais il n'ouvrira pas les missions non complétées en mode Histoire, ce qui contraint à reprendre le jeu depuis le début autant de fois qu'il le faut pour tout débloquer, avec le risque de refaire un niveau déjà parcouru.

Après avoir effectué les 10 fins possibles, on débloque la dernière histoire : Last Story qui dévoile la vraie fin de l'histoire.

Les actions de Shadow, Dark ou Hero, permettent de remplir une jauge. Lorsque la jauge Hero est remplie, Shadow peut exécuter un Chaos Control, ce qui lui permet de progresser à une très grande vitesse dans le niveau pendant un certain moment. Quand Shadow affronte des boss, le Chaos Control ralentit le temps pour l'adversaire, mais pas pour Shadow. À noter que ce pouvoir rend illimitée les munitions d'armes. Lorsque c'est la jauge Dark qui est remplie, Shadow effectue un Chaos Blast, qui est une sorte d'explosion qui détruit tous les ennemis environnants et qui endommage grandement les boss.

Donc il faut bien choisir, qui on va tuer durant nos missions. Aliens ou soldats. Ce principe empêche évidemment d'aller aussi vite que dans les jeux Sonic puisqu'il faut bien faire attention à ne pas mettre hors d'état de nuire tout ce qui bouge selon que l'on veut être gentil ou méchant. La prudence est donc de mise, ce qui donne un gameplay un peu plus mou et lent que dans les anciens Sonic en 3D. Ça ne plaira pas à tout le monde c'est sûr, puisqu'on perd une grande partie de ce qui faisait l'attrait des jeux Sonic : leur grande rapidité et la nervosité de l'action. En avançant comme un bourrin dans Shadow, vous ne pourrez quasiment pas déclencher d'attaques spéciales et vous aurez accès uniquement à la voix de la neutralité.

Le problème, c'est que même en progressant doucement, il arrive que l'on tue par mégarde des unités que l'on souhaitait préserver. En effet, le Spin Dash se dirige automatiquement sur l'ennemi le plus proche, et ce, même s'il est derrière vous, qu'il soit gentil ou méchant. On aurait par exemple aimé voir une option permettant de décider si l'on veut s'en prendre uniquement aux soldats ou aux aliens, cela aurait ainsi évité bien des problèmes. Cette attaque est aussi très frustrante lorsqu'on l'utilise près d'un précipice car, comme on rebondi sur l'ennemi que l'on vient de toucher, le recul peut très bien vous faire atterrir dans le vide ! Cela arrive fréquemment et on ressent alors un profond sentiment d'injustice face à la jouabilité du titre. Pour éviter ça, on est donc contraint d'utiliser des armes. Placées dans des caisses ou laissées par des adversaires que l'on vient de battre, elles constituent l'une des grosses spécificités de Shadow que l'on ne retrouve pas dans les Sonic.

Sonic Heroes, l’opus précédent, n'était déjà pas fameux, mais ce Shadow the Hedgehog vient porter un nouveau coup à la saga Sonic, avec sa jouabilité catastrophique et son concept bâtard qui ne survit pas deux minutes aux incohérences flagrantes du gameplay. Répétitif et peu maniable, Shadow the Hedgehog est le jeu de trop d'une Sonic Team visiblement en panne d'inspiration qui ne trouve que la solution des gros flingues pour renouveler une formule usée jusqu'à la corde. C'est maigre et la franchise ne sortira pas grandie de cet épisode que seules ses fins multiples et une richesse de contenu acceptable sauve du naufrage le plus total.