The Saga Continues
Arrivé en 1992 en Europe (deux ans après la version nord-américaine, en fin de vie de la NES, c'est dire le retard, Ninja Gaiden III était déjà sorti de l'autre côté de l'Atlantique depuis un an), Ninja Gaiden II The Dark Sword of Chaos se présente comme le follow-up des aventures d'Hayabusa.
Quoi de frais dans la cartouche ?
On aura à manger du frais comme du chaud. Sur le plat des nouveautés, on remarque premièrement la capacité qu'a notre héros pour se clôner, grâce à son énergie spirituelle. Jusqu'à deux clônes fantomatiques pourront le suivre et reproduire ses exacts mouvements.
Sur le papier c'est une idée brillante pour se débarrasser efficacement des hordes d'ennemis que chaque stage délivre, ou pour attaquer stratégiquement les boss. Malheureusement, en pratique, à cause de la concentration élevée qu'exige le jeu, on passe tout son temps à se focaliser sur le sprite d'Hayabusa et on a peu de marge de manœuvre pour faire quelque chose d'utile de ses clônes. Ils se révéleront surtout efficaces lors de l'usage d'items spéciaux, car l'effet de ces derniers en sera démultiplié.
Sans être bouleversée le moins du monde, la palette de mouvements de Ryu s'étoffe quand même d'un ajout mineur mais fort pratique : la possibilité de grimper librement aux murs, sans être obligé de rebondir d'un rebord à un autre, chose qui manquait cruellement au premier opus et qui était à l'origine de bien des frustrations.
Finalement c'est surtout au niveau du level-design que Ninja Gaiden 2 fait preuve de créativité et d'innovation. Le jeu introduit des environnements dynamiques qui orientent la manière de jouer : Un stage avec une forte brise qui pourra jouer en votre faveur ou se retourner contre vous; le traditionnel mais efficace stage de la glace, le complexe aquatique avec ses forts courants, ou encore une traversée périlleuse en pleine tempête, au rythme des éclairs qui font clignoter tout le stage.
Toutes ces idées sont servies par des visuels de qualité et variés, souvent animés, ce qui hisse toute la partie graphique à un niveau bien supérieur à ce que proposait le premier opus.
Avec plus de 20 minutes de cinématiques, Ninja Gaiden II promettait de mettre la barre encore plus haut en ce qui concerne la mise en scène et la narration. C'est - hélas ! - un des points les plus regrettables du jeu. La réalisation des cutscenes est correcte, mais le scénario n'est sans aucune surprise, ni sans réel développement. Il y a au moins la moitié des cinématiques qui est consacrée à Ashtar, l'antagoniste qui promet de réduire le monde en miettes, et ce dernier ne fait pas grand chose à part répéter à quel point il est fort, à quel point les ténèbres sont noires. Pendant ce temps le scénario n'avance pas. Le plus fort c'est qu'en dépit de l'immobilisme de la storyline, Irene réussi quand même à se faire capturer à deux reprises! Recontextualiser le jeu ne fait pas grand chose: le kitsch est absolument partout et le scénario est réellement pauvre comparativement au premier opus.
Le design des ennemis est réussi et la plupart des boss de fin de stages sont moins pathétiques que dans le premier opus. Les boss finaux du jeu sont, par contre, plutôt faciles à battre. Bien qu'il présente de nombreux stages, Ninja Gaiden II se clôture rapidement, et propose un challenge solide; mais c'est aussi à se demander s'il est est très fair. En effet, sans être très difficile, le jeu peut s'avérer très frustrant lors des premières parties car un des effets les plus détestés du premier opus a été allègrement amplifié ici : le PUTAIN DE REBOND QUAND ON SE FAIT TOUCHER. Il nous envoie désormais valser à 5 mètres en arrière et il n'est pas rare de rebondir d'un ennemi à l'autre sans pouvoir y faire grand chose, de se faire "gang-banger" pour le dire finement.
Un point qu'il faut absolument mentionner, en dépit du scénario kitsch, c'est les gros efforts fournis en terme de présentation: non seulement le jeu est très beau, mais il est tout aussi bon dans le département du son. Ninja Gaiden II a une bande-son d'enfer, certainement la meilleure de la trilogie. Les ostinatos s’imbriquant les uns dans les autres à toute vitesse, la percussion très audible au tempo fou complètent le gameplay nerveux et donnent le feeling parfait pour ce genre de jeu. Les pistes se bouclent rapidement mais sont tellement hypnotisantes qu'on a jamais l'impression de les entendre assez. En plus, le sound test du jeu est vraiment mimi avec ses artwork de Ryu & Irene en version chibi <3
Ninja Gaiden II, un véritable classique de la console, quoi qu'on en dise.