L'art de la fausse enquête
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le 18 août 2015
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En bon gros fan du détective britannique je me devais d’écrire quelque chose sur ce jeu, de le «défendre » malgré sa grande majorité de critiques positives.
« Sherlock Holmes : Crimes & Punishments » est un bon jeu, mais assez loin d’être exempt de défauts. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il est compliqué de développer un bon jeu d’énigmes et d’enquêtes, car s’il souhaite être tout public, le niveau de difficulté doit l’être aussi. Et un jeu mettant en scène Sherlock, le meilleur détective du monde qui voit ce qui échappe aux autres, ça semble hardcore. Le résultat final se révèle être une bonne surprise : les six enquêtes ont des scénarios variés, même si leurs mécaniques sont plus ou moins toujours les mêmes : parler à machin, fouiller le décor en mode point&click, des mini-jeux ponctuels au besoin (analyser tel truc, crocheter des portes ou des coffres, etc). Le schéma de résolution reste classique aussi : trois suspects (parfois deux), qui ont tous un mobile, il va falloir déterminer lequel a décidé de passer à l’acte, grâce aux indices que l’on trouve un peu partout. C’est un des côtés du jeu que j’aime bien : devoir se reporter à certains micro-indices, qu’on a souvent oublié en fin d’enquête et qu’il va falloir revoir avant de prononcer son verdict.
Maaaaais…. tssss… je sais pas. Y’a un truc qui bloque quand même. Dire que ce jeu nous guide, nous prend par la main pour atteindre la sortie, c’est pour moi en-dessous de la réalité. Le jeu nous porte totalement. L’espace dédié à la réflexion personnel est trop peu présent et celui dédié à l’observation pure est inexistant. J’en attends sûrement trop, mais étant friand d’énigmes, de puzzles et d’enquêtes, je demande toujours plus. Et je trouve un peu scandaleux le fait de pouvoir « skip » les mini-jeux, qui pour le coup demandent quand même un effort de réflexion. En fait, je vois deux phases dans les enquêtes de ce jeu : l’acquisition des indices, des preuves et des témoignages, pendant laquelle nous sommes biberonné à mort, et la phase de conclusion où là il faudra vraiment être attentif à ce qu’on a pu lire pendant l’enquête, pour moi la phase la plus intéressante. Et gros malus pour la quatrième enquête, qui est quand même un peu du foutage de gueule comparée aux autres.
La présence des archives (journaux, bouquins scientifiques,…) est pour moi une très bonne idée, mais là encore la liberté est hyper restreinte : lorsque l’on doit consulter ses archives en vue de trouver une information lié à un indice, le jeu ne permet pas la lecture de toutes les archives, il ouvrira seulement celui qui est demandé précisément à l’instant présent.
Autre bonne idée, qui fait le concept du jeu, nous avons, après accusation de l’un des suspects, la possibilité de faire un choix basé sur la moralité : allons-nous le dénoncer à la police ou l’absoudre en donnant une fausse piste au Yard ? Je trouve cette option toute simple mais bien pensée, à ceci près qu’elle est un peu gâchée par le fait que dans quasi toutes les enquêtes la victime est un gros con que le coupable a tué par « nécessité » ou pour quelque bonne raison, du moins c’est comme ça que le jeu l’amène. On a donc tout le temps envie d’absoudre le coupable, ce qui, je trouve, nuit un peu à l’expérience de jeu.
Graphiquement je n’ai pas grand-chose à redire, j’aime BEAUCOUP les différents lieux d’enquête, variés et bien foutus, et j’aime BEAUCOUP l’appartement de Holmes et Watson. Seul gros point noir pour moi : les murs invisibles, partout, surtout dans l’enquête au Kew Gardens, où l’on ne peut pas fouler le moindre centimètre d’herbe et il faut bien suivre les petits chemins. Vite soûlant.
Vite soûlant aussi : les temps de chargement. Ils ne sont pas tous interminables mais ils sont omniprésents, pour chaque interaction. Il faut encore prendre son temps pour apprécier ce jeu.
En conclusion je dirais que « Sherlock Holmes : Crimes & Punishments » s’adresse à ceux qui veulent de temps en temps, peinards, se faire une petite enquête tranquillou, expérience encore meilleure lorsqu’on est fan de l’homme au deerstalker. En revanche pour ceux qui cherchent du vrai défi mental, le jeu peut se révéler frustrant. Il faut apparemment environ 15h pour venir à bout des six enquêtes, j’y ai personnellement passé une vingtaine d’heures car en bon roleplay je prenais vraiment mon temps pour trouver les indices, résoudre les mini-jeux et prendre en compte toutes les informations avant d’annoncer mon verdict. C’est d’ailleurs comme ça que je recommande de jouer au jeu.
Ah et oui du coup, Watson = useless. J'aurais aimé qu'il soit vraiment nécessaire aux enquêtes, comme dans les livres ou l'excellente série Sherlock, où, même lorsqu'il n'aide pas forcément à la résolution de l'enquête, son côté... humain(?) apporte un équilibre à la personnalité de Holmes. Ici, il nous est utile une fois pendant la troisième énigme (ma préférée) mais sinon il est juste là pour se planter dans un coin de la pièce et être creepy.
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Créée
le 17 févr. 2017
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