Un bel hommage

Note globale : 16 / 20

Musique : 16,5 / 20
Graphismes : 16 / 20
Atmosphère / Immersion : 18 / 20

Concl. Présentation : 16,83 / 20

Scénarios : 18 / 20
Personnages / Dialogues : 17 / 20

Concl. Fond : 17,5 / 20

Travail de déduction / Choix : 17 / 20
Interrogatoires : 16 / 20
Enigmes / Chimie : 16,5 / 20
Game design / Mouvement : 15 / 20
Durée de vie : 14 / 20

Concl. Gameplay : 15,5 / 20

Voilà un jeu certainement très sous estimé ,sans doute parce qu'il appelle un public de niche et qu'il fut développé par un studio peu connu aux moyens limités.
J'écris cette critique pour tenter de vous convaincre de la qualité de ce titre et de vous expliquer pourquoi vous devriez lui donner une chance même si ce n'est pas forcément le style de jeu le plus attractif ou celui qui vous fait rêver.
Sherlock Holmes : Crimes and Punishments est la définition de la qualité plutôt que la quantité et constitue une belle leçon aux grands studios qui dilapident des sommes considérables pour accoucher de jeux bâclés et sans âme, sortes de frankenstein livides, amalgames de toutes les recettes supposées marcher à telle époque afin de plaire à tout le monde en prenant le moins de risque possible, ce qui amène nécessairement à un nivellement vers le bas progressif.
Ici, le jeu mise sur un nombre limité d'éléments mais qui vont tous faire mouche ou presque.
Il n'y aura pas de grand open world mais une succession de zones fermées qui brillent cependant de par le soin qui leur est chacune accordée et qui participeront à nous immerger totalement dans l'Angleterre de la fin du 19ème siècle.
Il n'y aura pas d'avalanches de features mais un petit ensemble de mécaniques de jeu se renforcant les unes les autres et aboutissant à un expérience de jeu cohérente.
On repassera aussi pour les scènes d'actions spectaculaires qui laissent la place à des dialogues ciselés et des scènes d'interrogatoires crédibles.

Autant le dire tout de suite, Sherlock Holmes fait partie de mes piliers culturels et j'admire beaucoup l'oeuvre littéraire d'Arthur Conan Doyle dont les jeux du studio ukrainien frogwares s'inspirent.
J'avais donc une certaine appréhension quant à la nature et la qualité de l'adaptation, cette peur légitime que tout passionné d'un univers aura déjà ressenti, peur de voir ces personnages défigurés et le ton parodié etc...
Eh bien, je dois dire que j'ai été sacrément surpris, dans le bon sens ; non seulement le jeu est extrêmement fidèle à l'esprit et aux descriptions des romans de Conan Doyle mais les développeurs ont préféré écrire de nouvelles enquêtes plutôt que d'en adapter ( bon, c'est sans doute une affaire de droits d'auteurs mais ca reste notable).
Le détective et son adjoint : le docteur Watson sont bien représentés. La célèbre maison de Baker Street ( visitez la si vous passez à Londres ! ) l'est tout autant avec sa lumière chaude du feu de la cheminée et des éclairages à gaz de l'époque éclairant ses fauteuils, journaux et moindres recoins dévoilant tous les détails mis dans sa modélisation.
La direction artistique du titre est très jolie et raffinée, on en prend conscience dès qu'on arrive dans le menu et que le thème musical se fait entendre : j'ai rarement entendu une pièce aussi dramatique, gothique et victorienne à la fois. Pour rester dans le sujet, je vous conseille de lire "le corbeau " d'Edgar Allan Poe en l'écoutant, ambiance garantie...
Techniquement, pour un jeu sorti en 2014, il se défend plus qu'honorablement. Certes, les animations des personnages manquent de fluidité et certaines textures sont un peu grossières mais la modélisation des visages est une des meilleures que j'aie pu voir et la quantité de détails ainsi que la belle palette de couleurs parviennent facilement à faire oublier ces défauts.

Crimes and Punishments se découpe en 6 enquêtes, chacunes bénéficiant d'une écriture crédible et soignée. Honnêtement, je sais pas s'il était possible de faire beaucoup mieux sur un format aussi court ( du au budget du studio ) !
Elles sont toutes intéressantes et certaines sont mêmes excellentes ! Ce qui est remarquable, c'est qu'il n'y a pas de recherche de facilité, de vulgarité ou d'effets de spectaculaire.
Aucun ton hollywoodien prétendument désopilant de cynisme à coups de vieilles punchlines milles fois entendues. Non, rien de tout cela, simplement des homme et des femmes au destins tragiques dans un contexte historique bien retranscrit.
Ecrire ces lignes me rend amer tant je souhaiterais que ca soit plus souvent le cas, mais bon faut pas rêver...

Venons en au gameplay, qui a défaut de m'avoir enthousiasmé sur tous les points m'a bien diverti tout en me faisant réflêchir plus d'une fois ( ce qui n'est pas rien ,somme toute ).
L'ouverture des serrures est satisfaisante et pas toujours facile du tout et utiliser la table d'analyse de Sherlock Holmes est un plaisir( surtout enlever la saleté à l'aide de cette petite brosse, quelle sensation incroyable, oui je sais on dirait un fétiche bizarre dit comme ca mais croyez moi c'est kiffant ) .
On progresse dans les enquêtes en interrogeant les témoins et suspects et en collectant des indices sur les lieux des crimes. Certes, le tout est assez dirigiste dans l'ensemble, sans doute un peu trop mais ca marche et le fait de devoir se prononcer subitement au milieu d'un interrogatoire rajoute la bonne dose de piment.
Les éléments récoltés sont ensuite à relier dans un tableau de déduction permettant d'aboutir à des hypothèses et enfin à un verdict, qui va avoir un impact très concret sur la vie des protagonistes de l'enquête et on peut se tromper, ce que je trouve vraiment bon !
Alors oui, la plupart du temps c'est assez simple mais il y a quelques pièges et pas mal de subtilités.
On se prend vite au jeu du détective en se rendant sur le prochain lieu après être passé à baker Street pour changer de déguisement en jetant un coup d'oeil pensif à notre tableau de déduction au son du trot de l'attelage et des notes éparses et interrogatrices de l'interface...
Quelques énigmes sont très bien trouvées et m'ont donné pas mal de fil à retordre ( sans jamais devenir trop pénibles non plus, heureusement, ca reste un jeu ) .
Je tiens à dire que je suis loin d'être un spécialiste des jeux d'enquête mais il m'a semblé que le compromis entre assistance, difficulté et amusement était convaincant.
La durée de vie est d'environ 25 heures de jeu en y allant sans se presser.

Pour résumer ce jeu rend un vibrant hommage à une des plus grandes oeuvres littéraires et possède un charme personnel certain et ca, ca devient de plus en plus rare dans cette industrie !
A ne rater sous aucun prétexte pour tous les fans de Sherlock Holmes ,bien sûr, mais aussi aux amateurs de reconstitution historiques de bon goût.
Allez, délaissez un moment ce blockbuster de plus aux répliques faites sur mesure et au gore savamment distillé pour gaver le cerveau et venez vous offrir un moment de réflexion tranquille aux côté du plus grand détective de tous les temps !