Alpha Centauri représente une forme d'aboutissement de la série Civilization. Il se débarrasse des contraintes de l'Histoire et transcende la froide mécanique de jeu pour s'offrir une âme. Les dirigeants de faction se voient dotés d'une vraie personnalité (idéalement affirmée dans leurs interventions diplomatiques et les diverses citations et vidéos, particulièrement réussies et souvent grinçantes, qui agrémentent les découvertes scientifiques et la construction des merveilles) et l'affrontement devient idéologique, donnant à la diplomatie sa pleine dimension. La gestion des choix sociaux est particulièrement fine (et autrement plus aboutie que les choix politiques monolithiques de Civilization) et permet de développer un style de jeu en parfaite harmonie avec la philosophie de sa faction. L'absence du référent historique permet au jeu - et à Brian Reynolds, autre grand game designer resté dans l'ombre de Sid Meier - d'exprimer la créativité et la passion qui l'anime (la lecture des notes de développement dans le manuel est à ce titre éloquente). En fait le seul défaut reste encore et toujours l'IA très perfectible. Un jeu incroyable et qui occupe une place vraiment à part dans sa généalogie.