Désireux de combler mes énormes lacunes vidéoludique (en particulier dans le Survival/Horror qui est mon genre de jeux favoris) je suis en train de m'atteler à la découverte de pas mal de pépites qui ont fait le succès de la première Playstation. Et Silent Hill (1999) fait évidemment partis des classiques incontournables de la machine.
Autant ne pas tourné autour du pot, cette incursion de Konami dans l'horreur est une énorme réussite, même si logiquement moins aboutie et maitrisée que sa suite parue en 2001. Enorme plagiat de la saga emblématique de Capcom au premier abord, la franchise n'a en fait pas grand chose à voir. SH s'éloigne considérablement de l'esprit décomplexé et insouciant de "Resident evil" et adopte un parti-pris beaucoup plus réaliste, subtil, psychologique, mature et malsain.
Le game-design d'abord se différencie déjà par sa caméra dynamique au plus près de l'action et du personnage et par ses décors non-précalculés (en résulte une technique qui a prit un violent coup de vieux!), mais se distingue également par son approche de la peur plus insidieuse et latente en jouant aussi bien sur le suggéré que sur les jump-scares. C'est aussi une série qui a réussie à trouver sa propre façon de faire progresser le joueur, elle a un déroulement et une rythmique propre à elle. Même si je trouve la direction artistique des décors et le level-design globalement assez générique, moins inspirée/clinquante que RE (le manoir Spencer étant pour moi LE modèle du genre), les versions altérées des divers environnements sont dérangeantes et cradingues à souhait.
Le scénario est l'un des plus complexes/travaillés qui soit dans le média et l'écriture des protagonistes aussi. Mon seul reproche à ce niveau est là-dessus : c'est bien le mystère mais les élipses autour de l'intrigue, de ses tenants et aboutissants, des rapports de causes à effets, du background de la ville sont peut-être un peu trop nombreuses à mon goût (sérieusement l'histoire du traffic de drogue, les rôles du Dr et de Lisa, il faut y aller pour les cerner) et l'ensemble est peut-être exagérement cryptique. Mais c'est une remarque à bien pondérer, tant le mysticisme de l'œuvre contribue à son aura, à son fabuleux pouvoir réflexif et d'immersion. En tout cas la richesse thématique du titre est sans commune mesure tant ça traite de la magie noire, du subconscient, du lien du sang père/mère-fille, de la mince frontière entre le réel et l'imaginaire, entre le bien et le mal, le tout en superposant deux intrigues à la fois.
Au niveau OST je ne retrouve pas un thème aussi beau et touchant que "Promise" au piano du 2, mais ça se situe encore sans trop forcer dans le très haut du tableau. Dernier défaut du jeu sinon : un Harry Manson nettement moins intéressant, charismatique et développé que James Sunderland, et un bestiaire moins iconique en l'absence du terrifiant Pyramid head et de son chara-design de génie.
Une formidable pierre angulaire du jeu horrifique et de survie en demeurant!