Avant propos : Silent Hill 2 étant à mon sens le meilleur jeu vidéo jamais créé, et ayant été profondément marqué par le jeu, c'est évidemment une critique extrêmement personnelle qui va suivre. Vous voilà prévenu. Bonne lecture !
C'est par une visite de routine avec mon bro au Ca$h Affairs du coin, un mercredi après-midi nuageux au début de ma première année de lycée, que je vis, posé au milieu du rayon Jeux PS2, la boite du fameux Silent Hill 2. Ayant vaguement eu vent de la renommée du titre auparavant, je me décide, non sans une certaine hésitation, à en faire l'acquisition. Je me procurais par la même occasion un certain Devil May Cry, des fois que je me ferais chier devant Silent hill. C'est quelques semaines plus tard que je suis venu à bout du titre à l'aide de la soluce JVC (faut pas déconner, y avait des trucs quand même beaucoup trop introuvables pour le jeune ado que j'étais).
Je fut, avant tout, marqué par cette atmosphère complètement oppressante qui me faisait vraiment beaucoup d'effet, j'y jouais alors par tranches de trente minutes le soir, non par manque de motivation, mais simplement pour risques beaucoup trop élevés de souillage de pantalon. J'étais vraiment très très impressionné par ce que me véhiculait ce jeu. Une lampe torche qui cesse de fonctionner, une progression signalée par le seul bruit pesant des pas du personnage, et c'est alors qu'un grésillement beaucoup trop familier commence à émaner de la radio de poche. Je prends cet extrait comme exemple qui m'a particulièrement marqué, mais il est loin d'être le seul à m'avoir tétanisé. Dans Silent Hill 2 on a peur, viscéralement, car on ne sait rien, mais on sait qu'on n'est rien. Le fait d'avoir une radio qui nous prévient de l'approche d'un individu hostile pourrait paraître ridicule au premier abord, mais en fait, on ne stresse pas parce qu'il pourrait y avoir un monstre qui surgit de nulle part. On a peur parce que ce bestiaire, cette ville, ces musiques, dérangent profondément, et viscéralement. On arpente ces rues, ces couloirs morts, le cœur rempli de peur, non pas de ce qui pourrait nous arriver, mais de ce qu'il pourrait arriver. Une silhouette menaçante derrière un grillage, un cadavre étrangement familier sur un fauteuil devant une télévision, un acte sexuel entre plusieurs créatures éminemment connotées, un monde qui se métamorphose à la nuit tombée. Ce n'est pas le danger qui effraie dans Silent Hill 2, mais tout le reste. Me voilà arrivé à la fin du jeu, et une sensation totalement nouvelle s'est faite ressentir alors que le générique de fin se déroulait. Une impression de triomphe sur cet univers beaucoup trop hostile, mais aussi un arrière-goût amer teinté d'une tristesse enfouie. « Putain... » Voilà en gros ce que j'avais retiré de l'expérience à chaud.
Puis le temps a passé. Je refusait de me l'admettre, mais Silent Hill 2 m'avait profondément marqué au fer rouge. A un point que je n'aurais même pas cru possible, et que j'ai encore du mal à considérer comme tel. Plus que marqué, j'irai jusqu'à dire que Silent Hill 2 m'a changé et a participé à faire de moi le gars que je suis aujourd'hui. Beaucoup de choses nous sont cachées, il faut chercher, observer et interpréter pour espérer comprendre tous les tenants et aboutissants. On rencontre des personnages incroyablement humains, aux histoires toutes plus tragiques les unes que les autres. Se crée alors un sentiment assez unique de solitude mutuelle. Malgré que les personnages se croisent ou non, tous sont enfermés dans leur monde, un cocon mental qui leur est propre et dont ils sont seuls témoins. A Silent Hill l'esprit est seul maître. Un esprit malade, tourmenté, égaré, en proie au doute. Cette idée passe merveilleusement par la manette qui connecte le joueur au personnage de James, alors que les deux ressentent exactement la même chose au même instant. On se retrouve à diriger un individu terriblement imparfait, auquel on s'attache automatiquement par ce biais. Et par ce fait, Silent Hill 2 nous interroge, nous remet en question, et met en exergue nos contradictions. Pour quelles raisons agissons-nous ? Les différentes fins sont l'aboutissement de ces actes, parfois égoïstes, rarement altruistes. Il faut apprendre à vivre avec son passé, car c'est lui qui nous définit, en temps qu'être humain, et aller de l'avant, c'est en tout cas ce que me dit la fin que j'ai obtenu.
Depuis, je repense très fréquemment à ce Silent Hill 2, recommandant souvent avec insistance à tout amateur de jeu-vidéo de s'y essayer, hésitant parfois à me refaire une partie, mais ne le faisant jamais, de peur que l'image que j'en ai puisse possiblement partir en morceau.