La grâce de l'horreur, l'élégance de la peur.
Silent Hill 2 est un des plus beaux jeux vidéo auquel j'ai pu jouer dans toute mon existence. Il a su apporter une nouvelle approche au genre et en a profité pour l'élever dans les plus hauts rangs artistiques, à tutoyer la perfection sur tous les points abordés, devenant la référence du Survival-Horror, toujours à l'heure où j'écris ces quelques lignes.
C'est difficile de s'exprimer avec le recul qu'on est censé avoir lorsque l'on critique un jeu, mais en l'occurrence Silent Hill 2 est un jeu qui m'a bouleversé et pris aux tripes et dont je ne me suis toujours pas remis, encore aujourd'hui. Au delà de l'étiquette -presque malheureuse- de jeu vidéo qu'il a, il s'agit avant tout d'une expérience à vivre dans un univers d'une richesse abyssale, accompagnée d'un scénario symbolique parfaitement composé.
Triste, touchant, profond, sombre, jamais un personnage principal n'aura autant parlé à celui qui tient la manette. Tourmenté, cherchant la vérité qu'il ne trouvera qu'au fond de lui même, James pourrait presque devenir emblématique parce qu'il nous ressemble : il est d'apparence ordinaire mais sa composition psychologique est fascinante, comme tous les autres d'ailleurs.
A eux seuls ils mettent sur un piédestal l'éternel combat entre la forme et le fond. Comment peuvent-ils être si marquants tout en étant terriblement banals voire fades pour certains.
Tout a une signification ici, c'est la force de l'histoire. Le moindre monstre que l'on affronte a une origine et une explication, les passages déroutants aussi (la foret au début, les sauts à répétition dans les trous noirs, les messages écrits avec du sang tout au long de l'aventure).
Et la satisfaction d'être parvenu au bout de la vérité, qui certes est dramatiquement romancée, est si délectable qu'une fois terminée on a envie de recommencer l'aventure. La seconde partie rendant tout beaucoup plus pertinent.
A titre personnel, j'ai tellement été touché par le jeu qu'une des cinématiques de fin m'a inspiré un morceau que j'avais composé au piano.
Silent Hill 2 fait peur, mais cette peur est élégante et troublante à la fois, ici on touche aux peurs psychologiques, à celles qui sont en chacun de nous, d'où le sous-titre du jeu. L'idée de base des développeurs étant de partir sur le fait que ce que l'on ne voit pas nous fait terrifie, finalement on redoute le fruit de notre imagination, les bruitages de Akira Yamaoka y contribuant.
A ce propos, également aux commandes des musiques, les thèmes musicaux de Akira ne collent pas au genre et tant mieux. Ils confèrent une vraie identité sonore et un vrai cachet au titre de Konami devenant même du "Yamaoka-like" quiconque s'en inspirant. La bande son est magnifique, a du style et à l'image du jeu est d'un grand raffinement.
D'un point de vue purement ludique, le gameplay est relativement classique mais efficace : armes, munitions, boissons etc. On tient à notre vie, à nos balles, l'aspect survie est bien présent. On déplore juste que le jeu soit souvent un simulateur d'ouverture de portes, c'est peut être la partie la moins passionnante. On passe un temps fou à essayer d'ouvrir des portes verrouillées et certaines énigmes sont vraiment tirées par les cheveux.
Mais chaque seconde passée est symbolique, les personnages sont tous marquants, les liens entre eux sont ténus, et le dénouement final est surtout incroyable.
De la première minute à la dernière les questions fusent mais trouvent toutes une réponse, aucune frustration n'est ressentie sur ce point là et notre plus grande récompense étant de connaitre le fin mot de l'histoire, si tant est que vous preniez le temps de vous y investir.
Pyramid Head, James, Maria, Mary, Laura, Eddy seront gravés à vie dans votre esprit, représentant tous une tare qui est en nous, et portant chacun un message qui vous est directement adressé. La version Xbox se voit même gratifiée d'un scénario annexe apportant son lot de réponses.
Introspectif comme il faut, Silent Hill 2 est un chef d'œuvre, c'est inéluctable.
10/10.