Potentiel évident mais exécution trop bancale

Slitterhead est un soft qui veut sortir des sentiers battus. On va pas se mentir, par les temps qui courent rien que la démarche fait office de bulle d'oxygéne.

Et en cela, le jeu mérite tout notre respect. Il tente, il ose... quitte à se planter.

Oui car originalité ne signifie pas forcément qualité. Et mon run de 10h au total sur Slitterhead aura ressemblé à des montagnes russes. Slitterhead aura soufflé le chaud et le froid tout le long .

Le chaud d'abord, avec la partie sound design qui est orchestrée par Akira Yamaoka et qui porte pratiquement le jeu sur ses épaules. L'ambiance occupe tout l'espace et habille de façon envoûtante ce Slitterhead avec des compositions offrant un large panel allant du contemplatif au malsain en passant par la rage pour les combats.

C'est quasiment un sans faute à ce niveau et le plus gros point fort en ce qui me concerne.

Toujours dans le chaud, le concept de la possession évidemment qui donne lieu à des choses très intéressantes comme par exemple des séquences de poursuites où l'on peut passer d'un corps à l'autre pour réduire la distance avec l'ennemi.

Une chose très sympa aussi est ce pouvoir qui est ni plus ni moins qu'une sorte de grappin nous permettant de sauter d'enseignes en enseignes dans cette ville chinoise assez joliment reconstituée, et ça sera mon dernier point positif.

Maintenant vient le froid, qui malheureusement aura fini par avoir raison de ma patience.

On m'avait vendu l'histoire comme étant une grande force du jeu, je n'y ai vu que des dialogues pas inspirée et inintéressants autant que parfaitement redondants, puisque ce sont ces dialogues qui débloqueront les missions tout au long de l'aventure.

Et dès qu'on entame une mission, on se tape encore des dialogues inutiles mais qui font partie d'un des grands défauts du jeu : ON EST PRIS PAR LA MAIN DE MANIERE INDECENTE.

On n'a pas une once de liberté. Fais ci fais ça va là bas. Et donc on arrête régulièrement le joueur dans son élan pour lui expliquer ce qu'il est capable de comprendre par lui-même tellement c'est évident.

Sans compter ce tutoriel qui se prolonge au delà des heures de jeu c'est vraiment crispant.

L'exploration est laborieuse : soit on te l'interdît en te faisant comprendre que tu sors de la zone de mission, soit tu as de larges espaces urbains qui ne donnent pas envie d'explorer d'autant plus que la carotte est mince. On récoltera certes quelques points d'XP mais c'est trop léger pour motiver.

Et non content du fait que les missions se ressemblent toutes plus ou moins, on te pond une temporalité qui va te réclamer de refaire ces missions pour trouver un partenaire ou pour arriver avant un meurtre. Ce qui aurait pu être sympa si les missions étaient suffisamment séduisantes pour donner envie d'y revenir, déjà et d'une. Et de deux... on refait la mission sur une autre temporalité avec le même déroulement exact que la première fois, avec les mêmes dialogues pour t'expliquer une mission... que tu viens déjà de finir.

Et pour finir, les combats... déjà en vidéo ça paraît pas terrible, mais une fois en mains c'est pas beaucoup mieux. On a des pouvoirs sympa, mais - et ça c'est valable pour un peu tous les aspects du jeu - ils ne distillent que très peu de plaisir et de satisfaction.

On est rarement à l'aise, nos possibilités sont finalement pas si nombreuses que ça en a l'air et alors le pompon c'est quand on se trouve dans un endroit clos.

Là, c'est le chaos total avec une caméra sous emprise de 6 litres de vodka, un monstre qui ne vous laisse pas le temps de respirer et une aspect totalement brouillon! Des fois on voit même pas ce qui se passe même si on se doute qu'on est en train de ramasser sévère.

Le sentiment que tout cela m'a laissé est que le plaisir de jeu ne prend que rarement, et dès qu'il pointe le bout de son nez, on se charge de te le sabrer avec une série de dialogues inintéressants ou une séquence un peu pourrie juste derrière.

Bref, tout cela a fini par prendre le dessus sur les qualités et c'est bien dommage car le jeu a un potentiel réel. Mais malheureusement mal exploité ou de façon maladroite.