En trois opus, Sly Cooper a réussit à s'imposer au panthéon des jeux de plateforme, devenant ainsi une figure reconnu par le grand public, même si un peu moins que ses compères Ratchet et Jak.
Sans rien spoiler, la fin de Sly 3 avait laissé les fans sur... leur fin. A vrai dire, le coup de théâtre auquel je pense était une excellente idée, et aurait pu conclure la série assez magnifiquement. Mais Sucker Punch avait tué ça dans l'oeuf en présentant, juste avant le générique de fin, un Bentley énonçant sa volonté de créer une machine à remonter dans le temps...
... ce qui n'avait (en plus) guère de rapport finalement avec le coup de théâtre dont je parlais avant. Cette idée de machine à remonter le temps tombait comme un cheveu sur la soupe, me laissant pour ma part dans un état de "what the fuck is this shit?" assez confus. Et le jeu s'arrêtait là, comme ça. Fin de la trilogie.
Qu'attendre ? Cela semblait signifier une suite, et pourtant Sucker Punch a vite annoncé laisser Sly de côté pour travailler sur Infamous.
Finalement, les années ont passées, on a été un peu déçu de voir cette saga disparaître, mais pour le bonheur de tous elle est revenue !! (Sauf que depuis tout le monde s'en branle car le genre "action/plate-forme" a disparu de nos consoles, n'étant plus que représenté par un Ratchet en perte de vitesse. Mais nous les fans, nous les vrais, on savait que ça allait être une bombe!!).
En se basant sur cette histoire de voyage dans le temps, Sanzaru a ressuscité Sly d'entre les morts ! Ce passage de flambeau était effrayant, quand on sait ce qui est arrivé à ce pauvre Jak, ou à ces pauvres Spyro et Crash (paix à leurs âmes). Il y avait donc de gros risques pour que la saga perde de sa saveur.
Mais ici autant le dire d'emblée, il n'y aucun doute à avoir à ce niveau. Quand on lance le jeu, la première impression qui frappe le joueur c'est à quel point l'esprit de la série est intact. Les personnages et leurs relations ont toujours la même saveur, les divers univers sont très soignés et vraiment dans l'ambiance de la saga, les missions sont variées et mêlent l'infiltration à la plate/forme, en passant par quelques passages plus actions. Bref, on est absolument pas dépaysés. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais c'est un point fort pour une reprise de saga. Sanzaru a vraiment su capter ce qui faisait l'essence de ces aventures.
Bien sûr, le passage sur cette génération s'accompagne d'un feeling quelque peu différent, mais on s'y habitue très vite. Il faut savoir que Sanzaru a du repartir de zéro, créer son propre moteur, recréer les animations, et tutti quanti. Ils ont vraiment du mérite.
On sent d'ailleurs un véritable travail d'orfèvre pour rendre ce jeu aussi bon que possible. La direction artistique par exemple est à féliciter. Comme je le disais, les différents mondes sont extrêmement travaillés et de toute beauté. Chaque époque temporelle possède son ambiance propre, sa cohérence, ses petites idées dans le level design et dans ses décors. Toutes sont très vivantes, et regorgent par exemple d'une faune de petits animaux qui se baladent dans le monde. C'est un détail mais ça participe au charme. Les différentes époques sont d'ailleurs très bien choisies.
Mais surtout, ce qui m'a frappé c'est à quel point la partition musicale est réussie. Elle était déjà pas mal dans les anciens, où chaque monde possédait son ambiance musicale propre. Mais j'ai trouvé qu'ici c'était complètement transcendé. La musique est très jazzy, ce qui a toujours été la patte sonore de la série, et possède par moment des envolées magnifiques, où la guitare s'accélère au rythme effréné des trompettes. A certains moments du jeu, je me contentais de me poser sur un toit et d'écouter la musique en regardant les sublimes paysages de certains mondes. Les instruments sont nombreux, dont certains qui sont trop rarement utilisés dans les jeux vidéos, et nous signent ici une vraie identité musicale. Evidemment, tout en restant jazzy, l'ost s'adaptera à chaque ambiance pour créer un récital différent. Un véritable régal.
Bien évidemment, cela ne sautera pas aux yeux de tous, car à côté de Journey, Shadow of The Colossus et autre Silent Hill ça n'a rien à voir. Mais pour un jeu de cette trempe, le résultat est plus que satisfaisant !
Je regrette toutefois que le thème principal ne soit pas le même... Même s'il sera repris dans les différents mondes.
Concernant le gameplay, Sanzaru a choisi de rester assez simple et de ne pas chercher à faire les folies que se permettait Sly 3. Mais dans cette simplicité, ils se sont focalisé sur l'aspect plate-forme, ce qui n'est vraiment pas pour me déplaire !
Là où Sly 3 se perdait un peu dans tous ses personnages et des gameplays pas forcément maitrisés, Sly 4 utilise la très bonne idée du voyage dans le temps pour nous permettre de contrôler les fameux ancêtres de Sly, chacun ayant sa spécialisé. Ainsi, les niveaux de plate-forme se renouvellent constamment au fil de l'aventure, ce qui ne lasse pas le joueur.
L'autre très bonne idée de Sanzaru est celle des costumes. Dans chaque monde, Sly pourra vêtir un costume de l'époque où il se trouve, chacun lui permettant d'acquérir certaines capacités intelligemment, et qui seront également utile pour certains boss fights. Certains costumes sont mieux que d'autres, mais globalement ils sont toujours très marrants.
En plus de cela, les costumes permettent l'accès à des passages secrets de certains mondes, nécessitant alors de retourner en arrière pour tout débloquer. La replay value est intelligente, et les développeurs ont mis le paquet sur les collectibles et les bonus. C'est vraiment très appréciable !
L'histoire est assez simple, mais colle parfaitement à l'univers. Un mystérieux méchant s'en prend aux Cooper dans le passé et les fait disparaître de l'histoire (Terminator :O) ! Le mystère autour de ce méchant et autour de ses plans est bien entretenu au fil de l'aventure, j'ai trouvé ça plutôt intéressant.
Mais ce que j'ai le plus apprécié, c'est la manière dont l'histoire entre Carmelita et Sly évolue. Carmelita a enfin une vraie profondeur, des réfléxions, un fond, là où elle n'était avant qu'une policière traquant notre raton. C'est un vrai plus.
Mais le jeu a ses défauts... Si l'histoire est globalement plutôt pas mal, je ne l'ai pas trouvée toujours très maîtrisée. Par exemple, il y a une surprise assez importante à un moment de l'histoire, mais j'ai trouvé qu'elle n'apportait rien au scénario global du jeu. Dommage donc (même si à mon avis ce sera pour Sly 5).
La narration au sein des mondes est également assez décousue, et va assez vite. Les missions sont plus longues, il y en a donc moins. Certes, on évite ainsi des séquences inutiles et chiantes (comme les clés du 2...), mais on perd en péripéties, et on ne profite pas assez des mondes. Au final, on peine à s'attacher véritablement aux intrigues de chaque monde car celles-ci manquent de structure. Dans Sly 3, chaque monde avait son histoire avec un début, un milieu et une fin. Ici, l'histoire des mondes consistera grossièrement à aller pootrer le méchant très vite, alors qu'avant on déjouait un à un ses plans.
Avec la disparition de Sucker Punch aux commandes, on a également perdu en Punch dans les combats ! Du coup les combats sont juste Sucker, c'est dommage :[
Blague (moisie) à part, avant quand on tuait un ennemi cela faisait un son très cartoon et qui rajoutait à la force des coups que l'on assène. Ces sons ont disparu, et j'ai trouvé que les combats étaient un peu tout mous. Ce n'est pas du tout gênant avec Sly, car ses niveaux misent principalement sur l'infiltration (si l'on se fait repérer, on perd souvent), mais cela casse tout l'intérêt des combats avec Murray. Les boss fights seront globalement assez plaisant, mais moins inventifs que ceux des précédents opus. Si Sly 3 avait des boss plus classiques, il pouvait se le permettre car les boss étaient très nombreux.
En revanche, Bentley lui a été soigné : plus fluide encore, plus de gadget marrants, des séquences de piratages plus variées et toujours ses véhicules téléguidées dans des phases réussies.
Mais ce qui m'attriste c'est cette fin bâclée, avec des ellipses qui donnent un effet bizarre (genre en schématisé "il faut entrer dans la base!", écran noir, ils sont dans la base. Okaaaay) et surtout un boss de fin tout pourrie. Certes, au moins la mise en scène est sympatôche, mais le tout est super brouillon. Notamment à cause de gros plans sur des visages in game, alors que le jeu n'a pas de synchro labiale in game. Et ça ça fait mal, car Sly 3 avait cette synchro.
Comment croire à un combat mis en scène quand les deux combattants parlent la bouche fermé ?
Cela va de pair avec une technique globalement assez faible. Si les niveaux sont assez grands et jolis, cela se traduit par de monstrueux temps de chargement. Mais bon, au moins je n'ai pas eu de chute de frame, ça compense.
Pour résumer, on sent que Sanzaru tâtonne, apprend sur le tas, mais fourmille de très bonnes idées pour créer un bon jeu de plate forme. Si le résultat n'est pas excellent, il est néanmoins très bon et s'approprie parfaitement l'univers de cette série.
Ce Sly 4 est indispensable pour les fans de la série, il propose une aventure très fun, variée et délirante. Un cocktail qu'on aimerait retrouver plus souvent.
Si j'ai eu quelques déceptions en découvrant le titre, je pense qu'elles disparaîtront quand je le referai, et ce jour là la note pourrait bien grimper d'un point.
Maintenant, on a plus qu'à espérer que Sly 5 sera encore meilleur du fait de l'apprentissage de Sanzaru dans le développement de ce Sly 4. Je leur fait entièrement confiance dans cette entreprise.
Et oui, ce n'est pas annoncé, mais c'est évident : Sly 5 il y aura. A mon avis on est parti pour une nouvelle trilogie. Et elle commence bien !
[EDIT] : Well... Sanzaru a annoncé ne plus travailler sur Sly finalement.... :(