Dans Sniper: Ghost Warrior Contracts, vous incarnez un clampin sans nom, chargé par un autre clampin sans nom d'aller flinguer une poignée d'oligarques ayant déclaré l'indépendance de la Sibérie, histoire de calmer leurs envies séparatistes. Si les cinématiques apportent un peu de contexte (et vous rappellent à quel point les vilains sont vraiment vilains, donc moralement c'est bon d'aller déstabiliser un pays), elles n'apportent pas grand chose de plus, et le jeu n'est vraiment pas la pour ça. Car dans un éclair de lucidité, CI games abandonne le monde ouvert et le gros scénar un peu gênant, se concentre sur l'essentiel et sauve une licence dont la sortie d'un épisode était nécessaire pour nous en rappeler l'existence.
Le jeu aura donc pour but de vous faire infiltrer une petite quantité de complexe militaro-industriels le fusil à lunette entre les dents (si pour vous cette idée ne se suffit pas à elle-même, passer votre chemin est sans doute la meilleure chose à faire). Et fort heureusement le titre se prête plutôt bien à l’exercice, déjà grâce à son level design, on sent que les mecs se sont données du mal pour créer des cartes riches et intéressantes à parcourir, avec pas mal de chemins de traverse à emprunter et de possibilités pour s'infiltrer ou camper comme un sagouin. Pour peupler les lieux, vous aurez droits au roster habituel, composé de gardes (avec les variations classiques), snipers, caméras, tourelles et autres drones. Un beau monde qu'il conviendra de s'occuper à distance, l'infiltration pouvant s'apprêter plutôt ardue si l'on n'a pas désépaissit les rangs ennemis avant de se lancer. Le Sniping est sans doute la partie la plus réussie du jeu, accessible sans être simpliste, trouvant un meilleur équilibre que dans un Sniper Elite 4 dont l'aide à la visée enlevait tout le challenge (et sans, vous pouviez vous brosser pour réussir un tir au delà de 200 m). L'infiltration est plutôt chouette (sans être transcendante) grâce au level design, aux gadgets et autres interactions (piratage, cachettes, fusibles à péter), et les fusillades sont correctes, mais étant donné que prendre 3 pruneaux vous envoie au dernier checkpoint, on gardera les pétoires pour le dernier recours (ce qui n'est pas un mal). Mais y a quand même 2-3 problèmes, découlant surtout du fait que le jeu manque d'un bon gros coup de polish. L'IA déjà, pas trop mauvaise, mais qui a tendance à se foutre à couvert un peu au mauvais endroit et surtout, si elle remarque un problème, au bout de quelques secondes, sans coups de feu ni appel radio, toute la zone passe en alerte, augmentant grandement vos chances de vous faire repérer. C'est pas très crédible, mais ça a en plus tendance à provoquer un bain de sang dans tout la zone à la première erreur (ce qui aurait été moins problématique si le jeu reposait sur un système de sauvegarde manuelle). On a aussi deux trois autres soucis, comme des pièges qui se déclenchent un peu aléatoirement, des dialogues des gardes qui se répètent ou quelques vilains bugs, le plus agaçant étant sans doute le checkpoint placé en face d'un garde prêt à vous coller une rouste, vous forçant à recommencer la mission.
Le contenu est aussi un peu léger. Si les 5 zones offrent pas mal de contenu et de rejouabilité, notamment grâce aux défis, plus ou moins intéressants (on va de buter 5 mecs d'une manière à finir une mission sans se faire repérer), on a pas pas la richesse des niveaux d'un Hitman, ou des mécaniques assez complexes pour justifier la visite des niveaux plus de quelques fois dans une run. Bon, le jeu est pas trop cher, mais on aura pas craché sur quelques cartes de plus (et on est sur sniper ghost warrior, alors on est pas loin de l'exploit).
Visuellement, c'est vraiment pas dégueu, l'ambiance est réussie grâce aux effets de lumière et météorologiques. Les décors restent des hangars remplis de caisses et de soldats, mais à côté c'est joli. Par contre l'interface dans les menus ressemble un peu trop à une boutique en ligne, mais bon (en jeu, ça passe bien). Les musiques font le boulot, y a quelques tons plus originaux, mais ça reste discret et très classique dans l'ensemble.
Sniper: Ghost Warrior Contracts (ce titre, sérieux,...) n'est pas le plus grand jeu d'infiltration qui soit, mais si des ajustements restent à faire, les gars de CI games sont sur la bonne voie, et pourraient peut être amener la licence à la hauteur de ses modèles, à condition de ne pas s'éparpiller (et d'engager un scénariste). Pour le moment, ce n'est qu'un shooter tactique plutôt chouette, un peu classique et un peu cassé, mais compétent et qui remplit son office, ce qui n'est pas si mal quand on voit la fréquence de sortie des jeux du genre ces derniers temps, et assez impressionnant quand on voit la tronche du premier épisode.