"Solar Ash", sortie en 2021 mais lancé en mars 2022, édité et développé par Heart Machine, qui m'avait enchanté et marqué avec "Hyper Light Drifter", disponible sur PC et console Sony...c'est, après une dizaine heures de jeux, étalées sur trois jours...pour moi, une sensation, un sentiment ambiguë...
Une ambiguïté tout d'abord atmosphérique, un monde semi-ouvert en cell-shading coloré, chatoyant, enivrant donc très cosy, confortable mais malaisant, anxiogène, dérangeant par l'omniprésence de goutte de sang, d'œil perfide, de présence oppressante...nous laissant à la émerveillé plien de superbes panoramas et gêné plein de dégoût...entre solitude et accompagnement...
Une ambiguïté musicale, fruit du travail de disasterpeace, une électro chill, posée, cool, aérienne, lunaire, vaporeuse nous plongeant immédiatement dans un confort, une légerté auditive qui tout d'un coup se voit accélérée, rythmée, effrénée, qui additionnée aux respirations, aux battements de cœur nous conditionne à l'urgence, l'immédiateté, l'impératif...nous laissant à la fois détendu et stressé...
Une ambiguïté environnementale, entre ses biomes aux inspirations orientales, occidentales, asiatiques...entremêlant technologique et biologique, vivant et mort, agressif et inoffensif, humains et animaux, civilisé et primitif, spirituel et scientifique, oppositions et collaborations, ouverture et rejet, nous troublant volontairement...
Une ambiguïté narrative, à la chronologie tortueuse, extrêmement verbale à travers nos échanges avec les quelques protagonistes égrenés ca et la, littéraire à travers les quelques lettres égrenées un peu partout, orale via les messages radios disponibles tous tentant de retracer les événements avec une profondeur très documenté et une narration environnementale basée autant sur le visuel que le sonore laissant place à notre imagination...nous laissant très sûr et en même temps plein d'incertitude...face à cette énigme...
Une ambiguïté ludique, entre jeux de plate-formes mise en lumière par un level-design intelligent...jeux d'actions mise en lumière par le fight-design varié...et la variété des ennemis de bases...jeux d'exploration mise en lumière par la mobilité offerte par le statut du personnage incarné...jeux de puzzle mise en lumière par des énigmes environnementales...jeux narratif mise en lumière par les choix et quelques énigmes textuelles, très suprenant...jeux de rythme mise en lumière par le boss-design, extrêmement gratifiant et jouissif...offrant une expérience viscérale, gonflée par une maniabilité simple et accessible, à la fois exigeante et libertaire...aisée par moment et difficile par d'autres...nous laissant fort et faible...assuré et fragilisé...
Une ambiguïté d'incarnation à travers le personnage de Rei, jeune femme squelettique, vêtue comme une pauvre, perdue et égarée donc peu reluisante mais qui au fur et à mesure, par ses rires, son amusement, sa volonté, son entêtement, sa prise de conscience et bien aidé par ses capacités, disponible dès le départ, sa physique impeccable et ses équipements évolutifs arrive à nous attacher à elle, et donc à l'aimer...une affection étrange et progressive...mais en totale consonance avec le joueur et son parcours...
Une ambiguïté en terme de mise en scène, aux relents très animés, avec de superbes plans de caméra et de fondues, nous présentant un antagoniste principal dès nos débuts, s'amusant constamment à nous rabaisser, à nous rappeler sa puissance...donc animant chez nous une envie d'en découdre mais après plusieurs heures, au fil de notre parcours, du déroulement scenaristique, nous émeu, nous trouble, nous touche au point de nous laisser dubitatif au vue d'une opposition finale...mise en lumière par un final fort émotionnellement parlant...
Une ambiguïté personnelle...entre une forte attente vis-à-vis de ce jeux et de ce studio, mais apeuré que ceux-ci me déçoivent...entre la crainte de voir juste un simple hommage...et puis au fur et à mesure, de par sa démarche artistique, sublimé par des graphismes magnifiques...une musique stellaire, sa démarche vidéoludique, sublimé par son gameplay basé sur le "flow", très satisfaisant, par sa métaphore narrative autour du thème de la souffrance, la douleur, le mal-être, le désespoir, le deuil, la disparition et les cycles négatifs, l'enfermement psychologique, le vide émotionnel qui en découle mais au final l'acceptation d'eux, l'abnégation et la lutte contre eux ou contre soi-même dans une cohérence ludo-narrative intouchable...me laissant amoureux, bouche bée, troublé, amusé, enivré, changé...bien plus que leur précédente production...bien plus que nombreuses autres œuvres vidéo-ludiques...au point de volontairement repousser sa fin...d'étendre au maximum sa durée de vie...d'appréhender sa conclusion finale...de profiter au mieux son offre...surpassant mes attentes...surpassant mes a priori...me bouleversant fortement...
C'est donc une œuvre culturelle majeure...un grand jeu d'aventure...une incarnation sensible...une allégorie singulière...une marque émotionnelle...un chef-d'œuvre sous-estimé...un truc intelligent autant sur le fond que sur la forme..me laissant dans une ambiguïté entre heureux de l'avoir terminé et malheureux de devoir le quitter...réjouis par son gameplay et attristé par sa métaphore...satisfait par mon aventure et frustré par sa courte durée mais merci à ce studio talentueux et à leur vision vidéo-ludique subtile et intemporelle...qu'il poursuive dans cette voie là...et pour Solar Ash...je préfère en dire peu, de rien trop révéler afin de vous laisser dans une ambiguïté vis-à-vis de lui...mais sachez que c'est fortement conseillé et c'est génial...profitez de la surprise et la découverte.......