Je ne suis pas vraiment fan des jeux d'horreurs. Les Amnesia, Slender, et tout le tintouin ? Très peu pour moi. Mais je voyais SOMA en tête de pont de plusieurs listes SensCritique : "Meilleurs Jeux d'Anticipation", "Meilleurs Jeux Cyberpunk"... et surtout, pleins de compliments sur son scénario. Bien sûr, SOMA reste avant tout un jeu d'horreur, d'autant plus quand on sait qu'il est développé par Frictionnal Games, papas des très réussis Amnesia et Penumbra. Enfin, peu importe, j'allais braver les tréfonds horrifiques... pour la beauté du récit.
L'histoire commence assez fortement : le protagoniste, Simon, est victime d'un accident de voiture et, bien qu'il ait survécu, les médecins ne sont pas très confiants sur le temps qu'il lui reste à vivre : un an, voire deux. Simon est alors contacté par un chercheur en thèse, souhaitant effectuer un scan de son cerveau afin d'en récréer une simulation, et de tester toute une batterie de médicaments et traitements jusqu'à trouver le bon. L'idée étant qu'une fois le traitement trouvé, il soit appliqué au "vrai" cerveau de Simon. Ce dernier va donc dans le cabinet du chercheur, s'installe dans un fauteuil et procède au scan, via un casque qui le plonge dans le noir.
À son réveil, le familier et chaleureux (si l'on peut appeler un cabinet "chaleureux") a disparu, laissant place à une installation industrielle, plongée dans l'obscurité et l'humidité. Simon se rendra bien vite compte qu'il n'est plus sur la terre ferme, mais dans une base sous-marine, en l'an de grâce 2103, soit plus d'un siècle après son accident. La base est déserte, avec comme décorations des cadavres d'humains et de robots qui jonchent le sol, et pour seul occupant une intelligence artificielle qui a pété un câble... et ne souhaite que vous tuer. Ce sera à vous (enfin, Simon) de comprendre ce qui se base en fouillant l'immense complexe sous-marin, à l'aide de Catherine, seule survivante humaine apparente de ce joyeux foutoir.
Sans rentrer plus dans l'histoire, elle est effectivement très solide. Linéaire, certes, car on évolue de complexes en complexes, ce qui permet de découvrir petit à petit l'histoire derrière cette base, et ce qui est arrivée à l'humanité. Les graphismes sont corrects pour un jeu sorti en 2015, et sans forcément mettre une claque visuelle, se permet de jolis panoramas sous-marins.
Bien sûr, si l'on joue à SOMA, c'est aussi, pour certains, la sensation d'avoir les fesses qui claquotent à chaque bruit suspect ou autres jumpscares. Fort heureusement pour moi, le jeu est assez soft en jumpscares, au point où je ne peux m'en souvenir que de deux. Cependant, l'ambiance sonore est incroyablement réussie, surtout dans les phases d'exploration des complexes, ou lorsque l'on doit sortir dans l'immensité des tréfonds pour passer d'un bâtiment à l'autre. Qui sait quel monstre rôde dans les abysses, là où la lumière du Soleil ne parvient même plus ? Le jeu reste flippant, mais assez généreux dans ses phases de tensions avec les entités monstrueuses (il existe même une option pour éviter que les monstres ne vous tuent, même si je l'ai pour ma part désactivé, car je trouve à mon sens que cela ruine l'expérience). Comptez une dizaine d'heures pour le terminer, voir un peu plus si vous voulez lire et fouiller tous les terminaux.
Bref, je ne peux que recommander ce jeu, qui demeure une très bonne expérience sans trop forcer sur le côté horrifique. Simon est un personnage attachant, et les échanges entre Catherine et lui sont fascinants, tant sur les réflexions de l'existence de l'âme que sur la possible conscience d'une IA. Comme le faisait l'excellent The Talos Principle, SOMA creuse ce rapport et cette différence qui peut exister entre un robot et un humain : si tant est que le premier puisse penser comme le dernier, peut-il être considéré comme tel ?