Song of Horror par Mr-Coil

Amateurs de survival-horrors à l'ancienne (comprenez par là : ces plans fixes, ces ambiances pesantes, et cette sensation que chaque porte passée est une épreuve à franchir) vous pouvez foncer : en plus de moderniser le style, le jeu propose une approche unique, avec ces personnages aux caractéristiques différentes. Dans l'idée, tout est bon à prendre. Je ne m'étalerais pas sur la qualité du rendu global : les graphismes et la modélisation du manoir, les effets de lumières, l'ambiance visuelle et auditive, bref, tout est vraiment bien fait et contribue considérablement à renforcer une ambiance déjà bien pesante. Pour la première fois en tant que joueur de longue date et amateur du genre, je (re)découvre le plaisir du survival à l'ancienne, mais avec les améliorations que permettent les technologies de maintenant. ENFIN !!! Enfin un jeu qui ne se contente pas de vous faire avancer sur une ligne droite et vous donne la sensation d'être réellement vulnérable (oui vous pouvez enfin désinstaller Layers of Fear et compagnie). Enfin un jeu avec une IA soignée et bien pensée permettant de rendre chaque session de jeu relativement unique.

La pluralité des personnages, parlons en : dans les jeux à l'ancienne lorsqu'un choix entre deux persos était possible, et permettait au joueur de voir le scénario sous deux points de vus différents, cela n'affectait pas l'évolution en jeu. Ici, le choix du personnage semble crucial aux premiers abords, et le principe de mort définitive avec changement de perso est excellent. Certes, on pourrait dire que c'est anecdotique, mais Protocol Games a le mérite d'avoir mis ça en place, accentuant davantage l'impression que l'on ne peut revenir sur les actions effectuées en jeu : un gros point donc, contribuant considérablement au réalisme et à la cohérence de l'ensemble. Certains diront que certaines morts semblent aléatoire, je repondrais : prenez le temps de ne pas faire d'erreur et de réfléchir a chacune de vos actions. Mais oui, le jeu contient parfois des pièges qui peuvent être punitifs mais rappelons nous : le but est d'atteindre le bout de l'histoire, coûte que coûte. Et ce côté inspiré directement du cinéma est grisant.

Les énigmes, parlons en : si certaines peuvent être difficiles, d'autres moins, elles ont le mérite de vous forcer à vous servir de votre cerveau voire même de faire quelques recherches à coté du jeu, et ça aussi, c'est un énorme plus (on est pas dans du Resident Evil par ex ou on appelle "énigme" le fait de récolter deux trois objets pour les mettre dans des emplacement spécifiques, ou alors des notes écrites qui vous donnent limite toutes les réponses et vous mâchent tout le travail)

Petit point qui risque de déstabiliser plus d'un joueur : les commandes s'apprennent et se découvrent au fur et à mesure des premiers pas dans le jeu : ne vous attendez donc pas à avoir la liste des commandes d'entrées, cela vous force à avancer pour "apprendre" comment survivre, et c'est tant mieux : pas de didacticiel qui risquerait même de spoiler des éléments du jeu, mais plutôt un jeu qui vous pousse à progresser pour mieux comprendre et appréhender ce qui vous attends dans l'ombre. Vous allez me dire : c'est un détail. Oui, mais ce jeu est rempli de détails qui reposent sur de bonnes idées et sur de réelles ambitions.

En dehors de quelques détails anecdotiques qui mériteraient d'être travaillés ou mis à jours comme les animations faciales, ou des caractéristiques encore plus prononcées pour les personnages, Song of Horror est une réelle réussite et permet à son (jeune) studio, Protocol Games, de se faire une place méritée aux côtés de Frictionnal Games et Darril Arts (respectivement les studios derrière Amnesia et Remothered). Dans l'attente de mises à jour et d'amélioration donc, mais ce petit studio a l'air d'être très à l'écoute de la communauté et ça ne peut que marcher.

Un jeu développé par de réels amateurs du genre, avec une vraie culture du JV, ça change tout et ça se sent.

Un jeu vivement recommandé donc, pour un prix également raisonnable, qui plaira toutefois et avant tout aux amateurs du genre.