« Hmm, sounds like an invitation to party ! » SONIC

Plus qu'un simple jeu de plate-forme, Sonic Heroes est surtout le premier épisode des aventures du hérisson bleu à débarquer sur plusieurs consoles simultanément dont la PlayStation 2 et la Xbox qui n’ont jamais connu de jeux Sonic dans leur ludothèque. Autant dire que la pression qui pèse sur les épaules du titre n'est pas négligeable et que bien des fans de la première heure s'interrogent légitimement sur ses qualités.

Pour la première apparition de son héros sur PlayStation 2 et Xbox (la Gamecube et le PC ayant déjà accueilli plusieurs opus de la série), en 2004 donc, la Sonic Team a décidé de renouveler le gameplay de son jeu fétiche, histoire de marquer le coup. Si le hérisson le plus rapide du monde est bien entendu de la partie pour un nouveau duel avec le Dr. Eggman, il ne sera plus seul. Le joueur devra désormais diriger trois personnages simultanément avec un choix de quatre équipes différentes au total.

Avec la Team Sonic (Sonic, Tails, Knuckles), la Team Chaotix (composée de personnages issus de la très rare mouture 32X : Espio, Charmy, Vector), la Team Dark (Shadow, Rouge, Omega) et la Team Rose (Amy, Cream, Big), les fans de la série seront certainement aux anges puisque jamais autant de héros ou de méchants n'ont été directement sélectionnables dans un Sonic. Cela dit, c'est bien connu, la qualité ne découle pas forcément de la quantité et il reste donc à voir comment les développeurs ont utilisé ces nouveaux éléments pour créer un vrai travail d'équipe auquel le joueur va devoir s'adonner tout au long de l'aventure.

Ainsi, le joueur aura la possibilité de switcher à tout moment entre ses trois protégés par une simple pression de bouton afin d'utiliser au mieux leurs capacités respectives. Si Sonic est le spécialiste de la vitesse, Tails peut voler et soulever ses compagnons pour atteindre des endroits autrement inaccessibles, tandis que Knuckles fait parler son punch en détruisant à mains nues d'énormes blocs de pierre qui vous barreront épisodiquement le passage. Le personnage sélectionné pourra également utiliser ses compagnons d'autres manières, pendant les sauts notamment, afin de réaliser les mouvements qui serviront aussi bien à battre les vilains qu'à activer tel ou tel mécanisme permettant de progresser. Très simple à prendre en main, ce concept est hélas aussi un peu trop limité pour pouvoir prétendre captiver les habitués de la série sur la longueur. Chaque équipe aura donc son spécialiste de la vitesse, du vol et de la puissance.

Autre nouveauté, lorsque notre équipe frappe des ennemis ou récolte des anneaux, le joueur remplit une jauge qui, lorsqu'elle est entièrement remplie, déclenche le Team Blast, une puissante attaque qui détruit tous les ennemis présents à l'écran.

Passé le premier contact avec ce nouveau gameplay trois en un qui ne change finalement pas tellement la donne, il est assez décevant de découvrir que le gameplay s'en trouve assez stéréotypé quel que soit le trio choisi avec pour principale différence, une difficulté accrue en fonction des héros qu'on incarnera. Les niveaux s'abordent donc souvent de manière similaire et la difficulté de base reste globalement faible, bridant par la même occasion la durée de vie du titre pourtant conséquente avec 14 niveaux pour chaque Teams.

L'histoire est dans la continuité des deux épisodes Sonic Adventure, mais le moins que l’on puisse dire c’est que la narration est complètement passé à la trappe. La Team Sonic est mise au défi par le Dr. Eggman, la Team Dark veut voler un trésor du Dr. Eggman, la Team Rose court après Sonic, tandis que la Team Chaotix est engagé par un mystérieux personnage pour causer des problèmes au Dr. Eggman. Rien de bien folichon, le tout étant axé principalement sur le côté arcade avec peu de cinématiques.

Une fois les quatre modes histoires terminées avec toutes les Teams, on aura le droit d’affronter le boss final : Metal Sonic (qui évoluera en Metal Madness, puis en Metal Overload). Heureusement que ce boss final est charismatique, il sauve l’ensemble et la pauvreté de l’intrigue.

Constat flagrant, le jeu ne peut pas rivaliser sur le plan technique avec les productions les plus récentes et ses graphismes ne tranchent pas suffisamment avec ce que pouvait proposer la Dreamcast. En plus des nombreux problèmes de caméra, les textures sont trop souvent ternes, pour ne pas dire laides, et les décors manquent cruellement de détails. Que dire des ennemis robotisés composés de trois polygones collés les uns aux autres. Tout aussi marquante, l'animation du jeu a perdu de sa légendaire fluidité et on constatera par moment des baisses de frame rate qui feront jurer les fans de la série.

Autre déception, et sûrement une de mes plus grande, c’est la disparition du mode Chaos Garden…

Petite consolation, les musiques de Jun Senoue déjà à l’œuvre sur Sonic Adventure et Sonic Adventure 2 restent au niveau des derniers épisodes de la série avec un rock efficace et les plus petits apprécieront aussi les voix pleines de pêche des nombreux personnages disponibles.

Avec Sonic Heroes, le célèbre hérisson bleu de Sega perd de sa superbe pour passer du rang d’incontournable hit à celui de petit jeu de plate-forme correct, perdu parmi tant d'autres... Souffrant de problèmes de caméra gênants associés à une réalisation graphique faiblarde, le titre ne pourra en aucun cas rivaliser avec les poids lourds du genre. Ce Sonic Heroes pourra par contre convenir à un public jeune, débutant, et si possible amateur de l'univers de la série. Mieux que rien, il est vrai, mais les fans de la première heure risquent d'avoir un pincement au coeur tant la magie n'opère plus.