Temps de jeu : 20 heures
Mon trente-deuxième Sonic
Test rédigé pour Nintendo-Difference
Dans le cadre des trente ans de la série, et au travers d'un Sonic Central paru le 27 mai 2021, SEGA s'était empressé d'annoncer une multitude de titres et collaborations à venir pour fêter l'anniversaire du hérisson bleu. Entre la venue d'un remaster de Sonic Colors et les premières images de ce qui deviendra Sonic Frontiers, les fans de la première heure ont également eu droit à leur petit biscuit avec Sonic Origins, une compilation des opus Mega Drive. Parue le 23 juin 2022 sur Nintendo Switch, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et PC, cette collection anniversaire est aujourd'hui disponible à 29,99 €. Proposant à la fois une expérience dite « classique » et une autre plus moderne, Sonic Origins peut-il tout autant convaincre les anciens joueurs que les nouveaux ?
La Mega Drive, CD passé ?
Véritable anthologie de l'ère 16 bits, Sonic Origins comporte en son sein quatre titres plus ou moins marquants de cette époque. On y retrouve l'inévitable Sonic The Hedgehog, fer de lance de la Mega Drive, avec son approche plus classique de la plate-forme, ses imperfections notables, mais aussi et surtout son charme qui fait mouche aujourd'hui encore ; un titre que nous avions déjà testé via la gamme Sega Ages. Sonic The Hedgehog 2 (STH2) – passé également au crible de notre critique – se veut quant à lui plus raffiné et varié, mais également plus axé sur la vitesse pure, simplifiant largement son level design et lissant de manière globale sa difficulté ; un véritable coup de cœur pour un opus que l'auteur de ces lignes considérait comme le meilleur Sonic 2D jusqu'à l'arrivée de Sonic Mania.
Sonic CD (originellement paru entre le premier et le deuxième épisode), exclusif au Mega-CD (un périphérique de la Mega Drive capable de lire des CD-ROM), propose une aventure davantage orientée sur l'exploration dans des niveaux bien plus labyrinthiques qu'à l'accoutumée. En ligne droite, le challenge s'avère faiblard, mais pour quiconque souhaite débloquer la bonne fin, il faudra suer sang et eau à la découverte de cette épopée temporelle. Sonic devra user de sa vitesse et de panneaux permettant de voyager vers le passé ou vers le futur pour y détruire les fabriques de robot et de Metal Sonic d'Eggman, assurant ainsi un avenir plus radieux. Un concept intéressant et plaisant, mais aussi relativement bancal, puisque toutes les cibles se trouvent dans le passé ; voyager dans le futur n'apporte ainsi rien de capital au joueur, si ce n'est découvrir un environnement changé visuellement parlant.
King of Hop
Quatrième et dernier titre de cette collection, Sonic 3 & Knuckles (S3&K) est un cas épineux dans l'histoire du hérisson bleu. D'abord prévu comme un seul opus, le jeu s'est finalement vu scindé en deux partie, Sonic The Hedgehog 3 (STH3) et Sonic & Knuckles (S&K). En grande partie à cause du manque de place dans les cartouches (le dyptique Sonic 3 était trop massif pour l'époque), mais aussi pour sortir à temps dans le cadre d'une collaboration avec Mc Donald's. Sorti face au magnifique Donkey Kong Country sur SNES, S&K lui, promettait lui aussi une technologie révolutionnaire en la présence du Lock-On, laquelle permettrait aux joueurs de combiner le jeu à STH3 et STH2. En plaçant d'abord la cartouche de S&K dans la Mega Drive, il était en effet possible d'y imbriquer un des deux autres précédents opus. Avec STH3, les deux épisodes ne formaient alors plus qu'une seule et grande aventure, tandis qu'avec STH2, les fans pouvaient désormais parcourir ses niveaux avec Knuckles.
Pour en revenir à Sonic Origins, il est bon de noter que ces fonctions liées au Lock-On sont ici disponibles. Une feature pas toujours assurée lors de précédentes collections, qu'on apprécie donc revoir à cette occasion. S3&K propose ainsi quatorze niveaux (six pour STH3 et huit pour S&K), la capacité de planer et escalader les parois en contrôlant Knuckles, mais également des mécaniques de jeu inédites (tyroliennes à utiliser, obscurité à illuminer sous peine d'être éliminé par des fantômes, boucliers élémentaires permettant de rebondir, de faire un double saut, de réaliser une ruée en avant, mais aussi de résister à l'électricité, le feu et le magma, ou encore la noyade et les projectiles ennemis). C'est aussi et surtout sur son aspect narratif que le dyptique se révèle ambitieux : à l'aide de transitions « cohérentes et crédibles », on imagine plus aisément le voyage de Sonic sur Angel Island, mais aussi les plans diaboliques d'Eggman.
Entre le pad et l'ehpad, il n'y a qu'un saut
Comme indiqué dans l'introduction de ce test, Sonic Origins offre deux manières de parcourir cette anthologie Mega Drive. La première, c'est évidemment le mode Classique : le jeu dans son jus d'époque ou presque, avec vies limitées et résolution originale (4:3). La seconde (le mode Anniversaire), vivement recommandée pour un néophyte de ces opus : on y retrouve des vies illimitées, une sauvegarde automatique à chaque niveau terminé ou checkpoint atteint, la possibilité de recommencer – tant qu'on possède des pièces spéciales – les niveaux bonus servant à la collecte des Émeraudes du Chaos, des cinématiques animées en intro et outro de chaque opus, de réaliser un spin dash et un drop dash dans n'importe quel épisode, une résolution en 16:9, mais aussi l'opportunité d'incarner Amy Rose, Knuckles ou Tails indépendamment du titre visité. Des apports évidemment bienvenus, même si l'on regrette l'absence d'une feature permettant de rembobiner l'action.
Côté habillage, rien à redire, quand bien même Sega s'est contenté du strict minimum. Quelques letterbox ici et là pour ceux qui jouent en mode Classique, et basta. Un mode Musée permet d'écouter des musiques remixées ou non, de visionner des images promotionnelles plus ou moins rares, ou de regarder des cinématiques. Certaines sont gratuites, d'autres à échanger contre des pièces, histoire de gonfler la durée de vie pour les plus complétionnistes d'entre vous. Au niveau de la technique, l'émulation reste plutôt correcte ; ça n'empêchera jamais les puristes d'y ressentir des différences « notables », mais rien de réellement choquant pour quelqu'un qui ne connaît pas ou trop peu les jeux originaux pour déceler la moindre petite altération. On vous recommande le jeu en portable, très agréable. Loin d'être illisibles, certains perdent en précision sur un écran de télévision en 16:9, notamment S3&K, particulièrement chargés visuellement parlant. Enfin, il est bon de noter l'absence de certaines musiques originales sur ce même titre, remplacée par les versions « démo », infiniment moins marquantes et qualitatives.
Conclusion
Sonic Origins s'apparente à une collection premium et définitive des aventures du hérisson bleu sur Mega Drive. Tout n'y est pas parfait, notamment en terme d'accessibilité avec le manque d'une fonction rembobinage, ou une bande-son tronquée sur Sonic 3 & Knuckles, mais « qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse » ! Il faut dire que les quatre épisodes mis en avant possèdent toujours autant de charme, proposant une autre vision de la plateforme d'antan, bien que bourrée d'imperfection. Entre l'aspect rugueux de Sonic The Hedgehog et l'approche expérimentale de Sonic CD, certains moments de jeu semblent ne pas avoir bien vieilli. Ils n'en demeurent pas moins plaisants à jouer, pour peu qu'on y jette son dévolu, prêt à faire de multiples runs. C'est à ce moment là, une fois un titre maîtrisé, qu'on ressent toute la puissance de l'ère Mega Drive. Un moment de l'histoire vidéoludique où, s'il n'est jamais véritablement tombé de son trône, Mario a certainement tremblé face à l'émergence d'une mascotte adverse pleine de potentiel.