SSJ : Sonic 2, Super Jeu ?

Au risque de m’attirer les foudres de quelques aficionados un poil irritables qui pensent avec conviction que gueuler plus fort que les autres et appartenir à la majorité les range de facto du côté du vrai, j’ose affirmer sans trembler que je considère Sonic the Hedgehog premier du nom meilleur que son successeur. Cet avis, qui est purement subjectif (comme tous les avis) se doit d’être développé au sein d’un argumentaire un minimum étayé et (vaguement) structuré, ce que je vais (tenter de) m’employer de faire… Mais s’il fallait le résumer en une phrase, ce serait ainsi : Sonic the Hedgehog est un incompris.

Mais on va d’abord jouer à un petit jeu : je vous donne cinq secondes pour penser très fort au principal critère qui vous fait préférer Sonic 2 à Sonic 1. Z’êtes prêts ? 5… 4… 3… 2… 1… fin. Et voici les résultats* :

• 60 % → Super Sonic


• 30 % → Spin Dash


• 9.9 % → jouable en multi


• 0.1 % → autre.

Voilà. Un vrai plébiscite pour une émule de SSJ, à une époque où on était en pleine DBZ mania. Certains oublient cependant assez vite que pour obtenir cet état de "coolitude absolue", il aura fallu choper tous les chaos emeralds, et donc se farcir les odieux niveaux "bonus" dans les espèces de toboggans multicolores au maniement de tube shooter du pauvre, bien moins amusants et contrôlables que les stages bonus de Sonic 1…

Justement, revenons-en à ce premier épisode, et ce fameux statut d’incompris énoncé plus haut. Beaucoup de joueurs pointent du doigt sa difficulté très en dents de scie, globalement élevée. En réalité, c’est fait exprès : les mondes impairs privilégient la vitesse avec un level design assez friendly (Green Hill Zone…), alors que les mondes pairs (Labyrinth Zone…) offrent des niveaux un peu plus complexes, plus sinueux, plus basés sur la "réflexion", où courir comme un dératé n’est pas la meilleure des solutions… mais comme pour la majorité, Sonic = vitesse, elle en a conclu que le level design était mal étudié, mal maîtrisé.

Sonic 2 semble "réparer" ce "défaut", et donne ainsi cette impression d’une difficulté beaucoup mieux calibrée, ce qui n’est qu’en partie vrai. Car si les premiers actes ont effectivement un feeling très proche des mondes impairs de Sonic 1, la deuxième moitié du jeu est autrement plus retors, proposant un mix vitesse + réflexion pas toujours maîtrisé, avec des sauts de la foi à foison (plus nombreux encore que chez son prédécesseur!) et des pièges parfois bien difficiles à anticiper… en bref, ce qu’on reproche aux niveaux pairs de Sonic 1, mais puissance 3.

Alors attention, je ne dis pas que Sonic 2 est un mauvais jeu, loin s’en faut, il est quand même bien au dessus des médiocres jeux Bubsy ou Bip-Bip. Si le gameplay n’a pas énormément évolué, le Spin Dash est une nouveauté fort appréciable, mettant enfin un point final à ces quelques retours en arrière un peu casse-couilles du premier afin de prendre de l’élan pour passer certains obstacles, comme les loopings. Si Eggman est toujours le sempiternel boss du jeu (si on excepte Metal Sonic), les affrontements sont quand même plus variés, plus inspirés, celui-ci usant de nombreux véhicules disparates (buggy, foreuse…). Et puis, même si ça reste anecdotique, on peut jouer le nouvel arrivant, Tails, à la place de Sonic, celui-ci n’ayant cependant pas de forme "super"…

On peut enfin également y jouer à deux (et pas en alternance comme chez la concurrence), en coop’ ou en compèt’, le second joueur incarnant alors Tails, même si c’est pour le coup assez mal mis en œuvre : en coop’, on a un Tails invincible qui se contente de suivre Sonic, et réapparaît au bout de quelques secondes s’il s’est fait largué ou touché par un ennemi, alors qu’en compèt’, Sonic et Tails s’affrontent à la course sur une poignée de niveaux, dont le vainqueur est déterminé en fonction de son temps, de son score et de ses anneaux récupérés ; le problème, c’est que l’écran splitté écrase l’image, ça clignote de partout et les ralentissements ternissent quelque peu le plaisir de jeu…

C’est un peu dommage car techniquement, dans sa partie solo, Sonic 2 envoie du pâté. Des 6x3 niveaux du premier opus, on est passé à une formule de 10 mondes x 2 niveaux, ce qui permet de voir plus de décors différents, avec notamment quelques environnements inédits comme la Casino Night Zone et ses bumpers par milliers ou la très aérienne Sky Chase Zone. Les graphismes ont de plus largement gagné en finesse et en petites animations de-ci de-là, les niveaux sont globalement plus longs et plus étirés sur la verticalité, tandis que la musique est toujours aussi bonne (ce qui est somme toute normal puisque c’est le même compositeur qui officie sur les deux titres).

Avant de conclure, ajoutons un petit mot sur le système bâptisé "lock-on" de Sonic & Knuckles. Pour ceux qui ne le sauraient pas, la cartouche de Sonic & Knuckles est un peu particulière, car le dessus peut s’ouvrir pour pouvoir y insérer une autre cartouche, et notamment Sonic 3 (les deux devant initialement former un seul et même jeu). En y insérant Sonic 2, on aura la joie de découvrir tout le jeu dans la peau de Knuckles, ce qui a ses avantages (Knuckles peut s’accrocher aux parois) comme ses inconvénients (Knuckles saute moins haut que Sonic/Tails, pas très pratique contre Eggman). Gâteau sur la cerise, il peut même se transformer en Super Knuckles (faisant de Tails le grand perdant de l’histoire…).

Voilà, mon exposé / critique est désormais fini. Entendons-nous bien : Sonic the Hedgehog 2 N’EST PAS un mauvais jeu, c’est même une très bonne suite, qui tente pas mal de trucs pour étoffer la recette de base, avec plus ou moins de réussite. Malheureusement, les quelques défauts pointés du doigt sur Sonic the Hedgehog sont toujours de la partie, et sont même exacerbés par des choix de level design pas toujours ingénieux ce qui, combinés à ces niveaux toboggans que je n’ai vraiment pas aimé, le placent pour ma part un léger cran en dessous de son aîné.

7/10 ; 8/10 en lock-on avec Sonic & Knuckles

*Ce sondage est purement authentique, et réalisé avec l'aide d'un panel de 10.000 joueurs imaginaires issus de mon cerveau détraqué.