Souvenirs de Gravity Falls : La Légende des Gémulettes Gnomes par HarmonySly

Qu'on se le dise, Gravity Falls, le jeu, est un pur produit pour fans. Pour les fans, c'est aussi un petit miracle quand on connaît la frilosité extrême de Disney en ce qui concerne cette série. Ne sachant pas vraiment quoi faire avec, le grand géant essaye toujours de la vendre comme une énième itération de dessin animé crétin pour petits enfants crétins, alors qu'il suffit d'avoir 20 piges de plus et une âme d'enfant bien conservée pour se rendre compte à quel point Gravity Falls est maline, intelligente et accrocheuse. Comme ce n'est vraisemblablement pas aussi bien marketable que Frozen, on doit donc se contenter du minimum syndical en matière de produits dérivés, alors que la série bénéficie d'un culte, secret mais néanmoins intense, de la part de son auditoire.


Du coup, l'arrivée d'un jeu vidéo Gravity Falls ressemble à une bonne grosse blague un brin opportuniste, que l'on regardera arriver d'un œil méfiant. Il faut avouer qu'il y aurait de quoi : en décidant d'éditer son jeu sur 3DS uniquement, Disney ne joue pas l'ambiguïté quant au public visé par le titre. Sans vouloir user de raccourcis faciles, on reste tout de même loin des ambitions d'un "gros" jeu sorti sur consoles de salon, heureusement (ou malheureusement, c'est selon), Ubi Soft se colle au développement du titre, pas forcément gage de qualité mais a minima gage de bonne volonté.


Cette critique sera courte, car à mon plus grand malheur il n'y a pas tant de choses à aborder au sujet de ce jeu. Le bon côté Ubi, c'est que le titre profite du moteur Ubi Art, introduit avec les Rayman récents, et revu depuis dans Child of Light et Soldats Inconnus. Quiconque ayant déjà posé la manette sur l'un de ses jeux admettra sans grande difficulté qu'il s'agit à l'heure actuelle de l'un des meilleurs moteurs de jeu 2D, avec celui de Vanillaware, ce qui permet de honneur à l'univers de la série de la plus belles des manières qui soit.


Le problème, c'est qu'au-delà de son esthétique impeccable (pour un jeu 3DS, ce qui rend d'autant plus dommageable l'absence de version pour consoles de salon), le titre manque l'occasion d'être mémorable en visant les plus jeunes joueurs d'entre nous. Il en faut évidemment pour tous, mais pour une série qui s'est permis d'inviter les personnages hauts en pixels de Paul Robertson le temps d'un épisode, de rendre hommage à Invasion of the Bodysnatchers ou Retour vers le futur, ou encore de donner une conscience maléfique à une IA de dating sim japonaise, on aurait pu espérer que le jeu tâche de faire honneur à la maturité de la série. Manifestement non, et l'on se retrouve donc face à un titre typé "mon premier Metroidvania", pas bien ambitieux, et surtout pas bien difficile. Les plus jeunes y trouveront certainement leur compte, mais à ce stade on pourra raisonnablement se demander si Gravity Falls intéresse véritablement les plus jeunes.


Adopter l'image de Metroidvania est d'ailleurs quelque peu exagéré quand on aborde la teneur du jeu, puisqu'il s'agit surtout d'une succession de niveaux, répartis sur une carte de la ville pour donner l'illusion d'une non-linéarité, mais enchaînés selon un modus operandi ineffable : parler à Stan pour obtenir une nouvelle quête, se rendre dans ledit niveau pour récupérer les objets nécessaires, combattre un boss, récupérer la gemme correspondante, aller voir Jeff, aller parler à Soos pour récupérer un upgrade qui nous permettra d'accéder à des endroits auparavant inaccessibles, rincer et répéter.


Le hic, c'est que du haut de ses 4 gros niveaux, il est possible de finir l'histoire en 3 heures et de faire le tour du jeu en 4 petites heures. Pour une cartouche à 30€, avouez que ça la fout mal. C'est dommage, car au-delà de son contenu maigrichon et de sa faible difficulté, Gravity Falls, à défaut d'être renversant, est plutôt mignon à jouer. La jouabilité est un poil rigide mais les jumeaux Pines se laissent contrôler avec aisance, avec un système permettant de passer de l'un à l'autre à la volée pour profiter de leurs capacités spéciales. Le jeu est très beau, fluide, le scénario sympathique (bien que plombé par une traduction française que je n'avais pas eu l'occasion de juger et qui fait froid dans le dos), on regrettera tout de même une bande-son anecdotique, mais dans l'ensemble La Légende des Gémulettes n'est pas la catastrophe annoncée. Ce n'est pas non plus la réussite que l'on était en droit d'attendre, mais à condition de baisser drastiquement son niveau d'exigence et de trouver la cartouche à pas trop cher, c'est l'occasion d'un petit séjour sympathique et rempli de clins d'œil dans la petite bourgade de Gravity Falls.

HarmonySly
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le 27 oct. 2015

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