Spec ops : The Line est un soft que j'avais repéré direct lors de son annonce et que j'ai attendu fébrilement.
Disons que j'aime les œuvres sur la guerre (cinématographiquement parlant surtout), mais je n'ai jamais pu trouver un seul jeu vidéo proposant une véritable "aventure" au sein de l'un des actes les plus graves de l'humanité.
Les jeux de guerre solo auxquels j'ai pu jouer ont toujours été gerbants, immoraux dans le mauvais sens du terme. Du sang pour du sang sans aucune once d'intelligence.
Refaire le débarquement de Normandie ou d'autres passages historiques dans un jeu vidéo juste pour le "fun", ça m'en colle des sueurs rien que d'y penser.
Allez, je peux tout de même citer Metal Gear Solid, mais ce n'est pas vraiment "la guerre" au sens propre car le style et le trip global ne s'y prêtent pas vraiment, même si la réflexion est bien là.
Pareil pour Killzone 2 qui, malgré ses apparences de clone de Call of Duty futuriste (ce qu'il n'est pas), impose quelque chose de différent scénaristiquement si on creuse bien.
Mais voilà, je n'ai jamais vraiment connu autre chose que des jeux de cons dans la catégorie.
Avec Spec Ops, j’espérais donc enfin un VRAI jeu de guerre, digne d'Apocalypse Now, The Deer Hunter ou même Platoon. Des personnages, un scénario, quelque chose qui me fasse ressentir ce que c'est que cette merde, la guerre.
Un jeu émouvant, rythmé, viscéral...
Eh bien effectivement, le scénario de Spec Ops est plutôt bon et se rapproche de ma description, cette descente aux enfers est d'ailleurs ponctuée de scènes mémorables, surprenantes, douloureuses. On accompagne ces pauvres gars progressivement dans l'horreur, la folie humaine, avec une ambiance de jeu anxiogène et une bande son excellente. Ils avancent péniblement, craquent moralement, ne savent plus quoi ou qui croire. Leurs corps deviennent progressivement blessés, noircis de sang et blanchis de poussière.
La fin est d'ailleurs inattendue et vraiment marquante.
A ce niveau je n'ai pas été déçu, c'est hyper couillu de la part de ces devs d'avoir pondu ça. Et encore une fois, je me demande bien pourquoi ça n'a pas été fait avant.
Mais là où le bas blesse, c'est au niveau du gameplay, au niveau du "jeu" en lui-même.
Spec Ops c'est du TPS cover/shoot extrêmement basique pour ne pas dire moyen, qui reprend à la lettre quasi-tous les éléments vus ailleurs sur cette génération ; on désoude des centaines et des centaines de soldats sans strictement aucune IA pendant des heures, dans des niveaux hyper limités, scriptés et linéaires. Les situations sont redondantes, sans surprises, même si toute la partie sonore s'avère géniale et immersive pendant ces affrontements.
J'aime bien Uncharted par exemple, car ça reste varié, rythmé, bien calibré et amusant, avec un level design qui permet pas mal d'approches malgré le style. Mais Spec Ops est tout aussi con à jouer qu'un Call of Duty ou que le premier Army of Two : blaster du type de muret en muret en boucle dans un contexte de guerre moderne.
Là où je trouve ça écœurant c'est que je ne trouve pas ça du tout cohérent avec l'ambition scénaristique travaillée du soft : on avance, on défonce tout le monde en zig zag, on ne revient jamais sur nos pas, on suit la flèche sans se poser de questions.
La connerie du gameplay côtoie l'intelligence du propos en permanence, j'ai du me forcer pour arriver au bout du jeu, raccroché par la volonté de connaitre le dénouement final.
Moi j'aurais tout simplement aimé un jeu plus subtil, pas de l'action primaire débile. De la survie immersive contre de vrais (et moins nombreux) ennemis, de la vraie coopération (même avec un autre joueur), un level design efficace permettant plusieurs approches pour s'en sortir, alterner entre de l'action pure et de l'infiltration dans cette magnifique ville post-apocalyptique qu'est (devenue) Dubaï...
Un jeu plus profond tout simplement, en adéquation avec l’expérience proposée, car encore une fois Spec Ops : The Line reste un shooter HYPER bourrin de chez bourrin, sans doute calibré pour rentrer dans le moule créé par ses collègues américains.
Dommage tout simplement, et extrêmement déçu par la même occasion.
Je rajoute un point de plus à ma note et je recommande quand même pour saluer la volonté de Yager d'apporter autre chose au genre, tout en espérant de tout cœur une éventuelle et meilleure suite car le potentiel est là.