Napalm d'Or du Festival des canés.
PANORAMA PHOSPHORE ET SANG
La guerre, c'est moche. Ce constat, pourtant si évident, le joueur le fera comme jamais auparavant dans un jeu vidéo. Yager veut taper là où ça fait mal, et clairement, le studio y parvient avec brio ! Dès le menu principal, on a droit au "Star Spangled Banner" de Jimi Hendrix tandis qu'un drapeau américain flotte au vent. Le ton est donné.
A YAGER COMME A LA GUERRE
On se dit alors, au choix, que l'on:
1. va se taper un truc bien grandiloquent et pro-US comme on en a pris l'habitude ces dernières années. Ca va exploser de partout, les morts vont se compter par milliers, et à la fin on gagne en devenant un héros aux yeux de tous.
2. va assister à un spectacle de désolation, un calvaire captivant, sous la forme d'une satire de l'américanisme et plus généralement, de la guerre, en subissant dès le début ce que l'on pense contrôler de bout en bout, dans un crescendo d'horreurs, à travers une descente aux enfers du trio de soldats.
Et c'est bien au deuxième choix que le joueur va faire face. Non pas que le premier me déplaise totalement, en joueur occasionnel de Call Of Duty et assimilés que je suis, mais un peu de changement dans le fond comme dans la forme, cela fait du bien parfois.
THE A-TEAM
Accompagné de ses deux subordonnés, Adams et Lugo, le Capitaine Walker arrive donc à Dubaï pour ce qui est en apparence une simple mission de sauvetage. Mais les objectifs vont vite converger vers la traque du Colonel Konrad, qui, en salopard ultime, se pose là. Il devient l'homme à abattre. Toute ressemblance avec un film de guerre culte de Coppola sorti en 1979 serait purement fortuite. Ou pas d'ailleurs. Car l'auteur du livre qui a inspiré Apocalypse Now s'appelle Joseph...Conrad ! La boucle est bouclée.
Paré d'une direction artistique très inspirée, le jeu enchaîne les scènes mémorables. Que ce soit par son foisonnement d'idées de mise en scène, ou par certains choix cruciaux que le joueur sera amené à faire. Ces derniers sont d'ailleurs particulièrement bien pensés. L'immersion devient alors totale, et les horreurs vécues d'autant plus dures à supporter. Spec Ops: The Line possède cette caractéristique assez unique, qui pousse le joueur à vouloir aller toujours plus loin, découvrir ce qu'il y a après, alors qu'il sait qu'il va très probablement le regretter, tellement il faut parfois avoir le coeur accroché, et être capable d'assumer ce que l'on vit.
HEY JOE, FAUT QUE "G.I."
Le mot de la fin concerne la bande son du jeu, qui est absolument parfaite. Hendrix, Nine Inch Nails, Björk, Deep Purple, Alice In Chains, The Black Angels, et même Verdi, ponctuent chaque moment-clé du jeu, rendant l'expérience encore plus intense.
L'esprit "rock'n'roll" de tant d'oeuvres ayant décrit la guerre est bel et bien là. Rarement mes oreilles n'auront été aussi enchantées par un jeu vidéo. Magique. Et éprouvant.