Spec Ops : The Line .
Un titre assez générique, du calibre de " Ghost Recon : Future Soldier ", " Medal of Honor : Warfighter " et de tous ces jeux militaires (plus ou) moins inspirés. Mais Spec Ops est-il réellement " encore un " jeu appartenant à cette grande famille ? Est-il un jeu banal ? Est-il un jeu pro " pan pan poum poum " comme les Américains en sont si friands ? Commençons par faire un tour du propriétaire. Développé par le studio berlinois Yager, pour le compte de 2K Games, Spec Ops : The Line, appartenant au genre TPS, est sorti en période creuse, en cette date fatidique du 29 juin 2012 (soit 5 jours après mon anniversaire, et comment ça on s'en fout ?), ce qui n'explique qu'en partie le " flop " dont il a malheureusement été victime. Mais qu'est-ce qui a pu me pousser à prendre ce foutu jeu ? Certainement pas son matraquage publicitaire, (quasi) inexistant. Alors, quoi ?
Commençons donc par le point qui fâche, le gameplay. A proprement parler, le gameplay de ce TPS n'est pas mauvais. Même, nous pourrions dire qu'il remplit le rôle qui lui est confié. Certes, il ne sera pas LE jeu qui bouleversera le genre (en tout cas, pas pour cette raison), avec un système de couverture somme très basique, et un feeling des armes qui a la présence d'exister, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais je dois avouer que j'ai souvent pesté contre la lourdeur du personnage - ce n'est pas du Gears - et la rigidité de certains mouvements. Frustrant. Je ne parlerai pas de la difficulté qui fait péter des câbles (en difficile) à certains moments, notamment à cause des grenades, cheatées lorsqu'on contrôle un pachyderme (bon j’exagère quelque peu). Heureusement que nos deux alliés, bien utiles, sont là pour suivre nos ordres. Cette feature permet de rendre plus tactique et nerveux les gunfights, ce qui est un bon point.
Mais le jeu se laisse parcourir, avec plaisir, par son scénario. Comment, avez-vous bien dit scénario, ce mot banni des FPS/TPS d'ordre militaire (et pas seulement) ? Non, non je ne fais pas erreur. Non non, je ne fabule guère. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce jeu possède un scénario, et se paie même le luxe d'en faire son principal atout. Sans en dévoiler les secrets (j'en ai pourtant diablement envie), je me contenterai d'en dire deux mots. Trois soldats de la Delta Force, sorte d'élite qui (inter)vient quand les choses ne peuvent empirer, viennent effectuer une mission de sauvetage à Dubaï. Les choses seraient trop simples, si tout se passait comme prévu... La CIA, la 33ème et la Delta vont ainsi se côtoyer plus ou moins amicalement dans l'ex ville de tous les luxes, ravagée par une tempête de sable sans précédent (ce que vous aviez vu dans " Mission Impossible : Protocole Fantôme " c'est une vulgaire brise à côté). Sans en dévoiler davantage, disons que vous aurez quelques choix moraux pas forcément simples à choisir, tellement vous serez partagés entre devoir et émotion, entre calme et vengeance, entre retenue et sang. "Jusqu'où iriez-vous ?" (pour sauver un être cher) , pour reprendre la célèbre phrase d'un jeu qui a fait beaucoup parlé de lui, est plus que jamais d'actualité. Tout est question de franchir ou non la " Ligne". Ah tiens, le titre du jeu commence à prendre tout son sens. Mention spéciale à la révélation finale, excellemment orchestrée, et mise en scène, jouant avec vos nerfs. En fonction d'un pénultième choix, vous pourrez débloquer différentes fins, toutes intéressantes, et possédant un bon niveau de relecture. Chacun se fera sa préférence, et c'est là tout l'intérêt et toute la force de ce TPS, terme qui devient presque une insulte, en fin de compte. Rien de ce que vous aurez pu voir, vivre, penser, ne vous aura préparé à ça. Point amusant, lorsque vous mourrez (préparez-vous à en bouffer si vous jouez en difficile), un écran de chargement - assez pénible d'ailleurs - se permettra quelques petits commentaires bien sentis sur le scénario, jusqu'à vous torturer en toute fin de jeu. Oui, ils sont sadiques chez Yager, et oui c'est excellent.
Il serait presque ingrat de parler graphismes à propos de ce jeu, tant l'identité du jeu se trouve ailleurs. Mais si la partie technique ne vous coupera pas le souffle, elle n'aura pas non plus à rougir. De même, pour un TPS, bien que ce simple qualificatif soit quelque peu réducteur, la direction artistique est de bon goût par moments, et l'ambiance est sympathique. Encore une fois, pour un simple jeu de tir, il se révèle assez coloré, bien qu'avare en couleurs dans certains chapitres du jeu. Mais cela permet de contraster entre le faste passé de la ville, et la décadence qui l'a plongée dans l'horreur.
En clair, ce n'est pas par un gameplay fulgurant de nouveautés, ou de fraîcheur que ce titre pourra vous plaire. Mais c'est le genre de titre qui marque, de façon permanente un joueur, et il n'est pas rare de se surprendre en train d'y réfléchir , un, deux, trois mois plus tard, si ce n'est plus. Un vrai jeu psychologique, je vous dis !