Cette critique comporte des spoils, vous êtes prévenus.



J'ai longtemps entendu parler de Spec Ops: The Line mais je n'ai jamais pris le temps de m'attarder dessus. J'ai saturé niveau jeux de guerre il y a bien longtemps et dans un recoin de mon esprit, je me suis dit que le tester ne serait qu'une perte de temps alors autant m'atteler à des titres qui me paraissaient plus intéressants.
Eh bien, dites-vous bien que je suis bien heureuse d'avoir finalement laissé une chance à ce jeu lorsque je l'ai vu en promo sur Steam, sans quoi je serai passée à côté de cette petite merveille. Bon "petite merveille", c'est peut-être un grand mot mais en tout cas, c'est un incontournable.


Sur le fond, c'est un TPS tout ce qu'il y a de plus classique, il n'y a aucune formule "spéciale", aucun truc révolutionnaire sur la manière de jouer, c'est juste on a une arme, on tue des ennemis, on se met à couvert, on recharge, bim, toujours les mêmes actions. C'est très répétitif, il n'y a rien de nouveau, on fait ça du début à la fin donc c'est clairement pas par son gameplay que le jeu brille.


Non, si le jeu brille, c'est par sa qualité d'écriture. Au début, on va se dire "ouais oké, on est une troupe de soldats, on doit sauver des gens et ensuite basta on rentre au bercail" sauf que ouais mon coco c'est pas si simple. Bye bye Call of Duty, et autres Battlefield ou bien Medal of Honor, ça va bien au-delà du "je bute tout le monde parce que c'est des méchants". Dans ce jeu, on suit le capitaine Martin Walker et deux de ses frères d'armes, "lâchés" en plein Dubaï pour sauver une unité portée disparue ainsi que son commandant, John Konrad. Mais rapidement, les choses s'enveniment et notre héros sombre peu à peu vers la folie, et c'est là tout l'intérêt de l'histoire. Si dans les jeux auxquels on a l'habitude de jouer, on ne tue nos ennemis juste parce qu'ils sont nos ennemis, là on est constamment mis face à un dilemme. Parfois, on nous impose des choix (qui n'en sont pas vraiment puisque le jeu n'avance pas sinon, et c'est ça le plus "tragique" dans l'histoire) et on nous montre la dure réalité de la guerre. Evidemment, n'étant qu'une simple civile, je n'ai bien entendu jamais connu la guerre mais déjà on nous montre un peu mieux ce à quoi ça ressemble; c'est pas genre on est quelqu'un de haut-gradé, on est froid on respecte nos ordres, on tue et voilà, non la guerre ça laisse des marques aussi bien physiques que mentales et Spec Ops: The Line nous le montre avec brio.


La plus grande force du jeu, c'est incontestablement son protagoniste qu'on voit au fur et à mesure sombrer dans la folie. Et ce que j'ai aimé, c'est que tout le jeu suit l'évolution psychique du personnage; si au début on avait un trio de camarades qui se respectaient, s'entre-aidaient, à la fin plus on avance, plus un fossé commence à les séparer, jusqu'à un moment où ils ne font que s'insulter ou se parler comme des chiens. Pareil, le ton des personnages changent, arrivé aux derniers chapitres, Walker devient alors agressif et violent verbalement (d'ailleurs, chapeau à Nolan North, qui a très bien interprété le personnage). Le jeu possède pas mal de citations qui font énormément réfléchir, en particulier le "Tuer pour soi-même est un meurtre. Tuer pour son gouvernement est héroïque. Tuer pour se divertir est anodin", ça constitue en soi un excellent sujet de philo, vous ne trouvez pas ? Je ne sais pas si c'est moi qui sur-analyse (ce ne serait pas la première fois), mais en disant ça, j'ai l'impression que les développeurs critiquent le fait que dans les jeux d'aujourd'hui, tuer un ennemi est considéré comme banal. On a l'habitude de tuer des gens quand on joue à des jeux, même à des jeux pas forcément violents, et pourtant, on se rend pas forcément compte du véritable impact de nos actions et ça pousse à réfléchir.


M'enfin bon, je m'emmêle les pinceaux, donc je vais m'arrêter là; quoiqu'il en soit, si vous avez 5h devant vous, foncez jouer à ce jeu parce qu'il vaut vraiment le détour. Par contre, j'ai trouvé le jeu assez bof graphiquement et j'ai eu quelques bugs (je ne sais pas si c'est la version Steam qui déconne ou non).

Neoxyxia
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le 1 mars 2020

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