Je n'ai joué qu'à Ratchet et Clank dans ma vie.
... et pourtant je critique aujourd'hui Spec Ops : The Line, un jeu qui est censé défoncer tous les autres FPS/TPS de guerre avec son histoire bien plus originale. Je manque cruellement d'expérience pour comparer avec un Call of Duty ou un Battlefield par exemple (j'sais pas, j'ai pris les deux premiers qui me venaient à l'esprit), mais je pense tout de même avoir quelques connaissances niveau scénario, qualité des personnages, voire des graphismes. Et puis en fait depuis que j'ai terminé The Last of Us (en mode facile et en ratant 83% des infiltrations je vous l'accorde, mais terminé quand même), je me sens très bien placé pour parler de la Playstation 3, ce qui est faux, mais on va dire que c'est vrai.
Fond sonore : https://www.youtube.com/watch?v=0KKbZDtp-mk
Spec Ops : The Line, c'est vous et deux de vos soldats envoyés en mission à Dubaï pour retrouver le colonel Konrad (comme dans Heart of Darkness mdr), et comprendre ce qu'il s'est passé au milieu de ces tempêtes de sable, de ces armées rebelles et de ce phosphore blanc.
Le gameplay de Spec Ops : The Line, je passerai vite dessus, il n'est pas important et il n'est pas compliqué à comprendre. Concernant les actions un peu plus recherchées (donner des ordres par exemple), j'ai dû les utiliser deux fois, puis j'ai oublié sur quelle touche appuyer. Pour les commandes de base, je ne sais pas si c'est parce que je jouais aussi en facile (oui, je joue pas aux jeux vidéo pour la difficulté technique de tuer des ennemis, s'ils peuvent mourir en un seul coup ça m'arrange tout autant), mais les indications pour savoir comment courir, descendre d'une plateforme, ou ne serait-ce que recharger son arme sont restées pendant TOUTE la durée du jeu. Donc la volonté de faire se concentrer le joueur sur tout ce qu'il y a autour est bien là.
Ce qu'il y a autour, ce sont des paysages assez impressionnants, des effets visuels très originaux et des moments de grand n'importe quoi plutôt jouissifs. Je conçois que le dernier point est très subjectif, je n'ai pas souvent vu de séquences explosives avec des véhicules qui se rentrent dedans et des bazookas sur les toits en train de tirer dans toutes les directions, donc je ne peux pas comparer mais seulement apprécier ces moments, voire, comme disent les jeunes, "kiffer ma race". Concernant les graphismes, on a droit à quelques vues incroyables sur Dubaï, qui d'ailleurs font qu'on ne sait plus trop où on est, et des intérieurs tout aussi bons que les extérieurs, hôtels de luxe 6 étoiles obligent. Mais à part ça, on ne retiendra pas grand chose, sauf lors de certaines séquences hallucinées et hallucinantes jouant sur les contrastes, les couleurs bizarres et l'obscurité. Finalement, ces séquences sont presque le seul élément qui fait de Spec Ops : The Line un jeu unique.
Le reste du temps, on tire sur des gens, on court, on tire sur des gens, on discute, on découvre que la guerre c'est horrible, et on tire sur des gens qui sont plus les mêmes gens qu'au début. Certains reprocheront au jeu d'avoir des niveaux en couloirs, moi non (mais souvenez-vous, je n'y connais pas grand chose). Je pense par exemple à la séquence dans l'énorme galerie marchande où on avance en parallèle de ses coéquipiers sans jamais pouvoir les rejoindre mais en les croisant plusieurs fois, en voyant des ennemis qu'ils ne voient pas et vice versa. Ce moment du jeu était extrêmement bien géré, c'est tout. Et puis le passage dans des lieux comme le tunnel de cadavres qu'on écrase (<3), l'aquarium où sont gardées les réserves d'eau, les tempêtes de sable, et évidemment le chapitre final, sont des passages qui ne sont peut-être pas très originaux, mais ils marchent très bien. En tout cas sur moi. Qui n'y connait rien. Bon.
Bon, oui, bon. Parce qu'à un moment il va falloir que je parle du scénario aussi. Apparemment l'élément le plus vendeur, et le plus unique. Pour ceux qui me connaissent bien (et les autres il serait temps de s'y mettre), vous savez que je ne suis presque pas sensible à la violence physique, mais plutôt à la violence morale, en sachant que mon parcours cinématographique m'a quand même pas mal immunisé à cette violence morale. Alors, est-ce que j'ai été bouleversé par Spec Ops : The Line ? Non.
Voilà, fin de la critique.
Bon d'accord, je développe, d'autant plus qu'il faut nuancer ce "non" (j'ai mis 7/10, ça doit bien valoir un tout petit bouleversement dans ma tête). Le problème principal du jeu est sa durée, clairement. Cette descente aux enfers, au sens propre comme au figuré, met beaucoup de temps à s'installer. Tant mieux, on ne voit pas venir les changements subtils d'attitude, les ennemis qui se remplacent petit à petit, le choix entre le bien et le mal qui devient une variable de plus en plus imposante... jusqu'à ce qu'arrive le dernier chapitre, et c'est déjà fini. Je me souviens que mon frère m'avait également vendu le jeu en parlant de ce scénario qui commence bien mais qui finit très mal, et j'étais tout heureux à l'idée d'avoir envie de vomir, de pleurer ou de quitter la pièce parce que ça devenait trop insupportable. Pour un jeu vidéo, je trouve ça assez exceptionnel, surtout s'il arrive à m'impressionner par sa violence morale et pas par sa violence physique comme je l'ai dit au dessus. Très franchement, j'ai "kiffé ma race", je sentais l'histoire commencer à s'assombrir en découvrant des indices morbides tout au long de mon périple... jusqu'à ce que mon frère me dise qu'il ne reste que deux heures de jeu.
Ah. Ok. Donc, voilà. Ça n'ira pas plus loin que ça. C'était la grosse déception... et puis il y a eu ce dernier chapitre (que de rebondissements). Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais tout à coup, il y a eu le dernier chapitre. J'ai continué à tuer des gens, à courir, à tuer des gens et tout le reste, mais ce dernier chapitre était différent. Tout à coup mon personnage était seul, tout en étant accompagné par toute la bravoure du monde (ou était-ce la folie), silencieux, tout en étant au maximum de sa rage et de ses cris, bref, complètement déconnecté et hors du temps, comme cette fin. Une fin dans le genre fin qui rattrape tout, en fait. Une fin dans le genre ah ouais t'as trouvé que c'était pas assez fou jusqu'au dernier chapitre bah tiens on va tout condenser en une dizaine de minutes easy. Dix dernières minutes complètement fascinantes.
Dernier problème : les choix moraux. Sérieusement. Choisir entre sauver un otage important en tuant les civils à côté, ou sauver les civils à côté en tuant l'otage important, c'est pas un choix moral incroyable. De toute façon, je sais que 1) ils vont tous mourir à la fin et 2) ça ne changera absolument rien à l'histoire, je ne découvrirai pas une information essentielle seulement si je sauve l'otage important. Eh, j'ai joué à The Walking Dead hein. Les choix moraux, je connais. Et je sais aussi, à mon plus grand malheur, que si un personnage doit mourir à un certain moment du jeu, quoi que je fasse, il mourra. Mais je dois dire que si je n'étais pas familier avec le concept de choix moraux, par exemple si j'étais quelqu'un qui ne joue qu'à Call of Duty toute la journée et qui décide un jour d'acheter Spec Ops : The Line parce que ça a l'air cool comme jeu de guerre, je me serais fait prendre au piège (comme je me suis fait prendre au piège dans les premiers épisodes de The Walking Dead).
Mais si, si, quand même, jouez à Spec Ops : The Line. Pas pour son gameplay, un peu pour ses graphismes, et vraiment pour sa fin. Mais surtout pour ces quelques instants terriblement beaux, impressionnants, inattendus. Jouez pour voir votre reflet à l'écran lorsque vous lâcherez des bombes sur des centaines de personnes. Jouez pour ces instants un peu renversants, même si je vous fais croire que je suis resté de marbre tout le long du jeu. Spec Ops : The Line est un bon jeu, pas une révolution, mais un bon jeu. Enfin, je crois. Qu'est-ce que j'en sais après tout.