J'avais beaucoup aimé Double Agent pour ses environnements (le navire pris dans la glace..), et son gameplay un poil subtil (jouer l'agent double avec ce que ça sous entend de stress et de fourberie), pas vraiment accroché à Conviction qui ressemblait plus à un Max Payne qu'à un Splinter (même si je suis pas un fanboy de la licence Splinter).
C'est donc sans a priori que j'entamais ce nouvel épisode, même si le nombre de licences "cultes" récemment violées (bioshock, tomb raider, et j'en passe..) par le "press this button to win", et l'uniformité dans la simplicité des jeux Ubisoft me faisait plutôt peur.
Le premier acte a donné vie à mes plus grandes frayeurs : explosions, chemin en ligne droite, tutorial toutes les deux secondes pour dire d'appuyer sur A pour passer à l'étape d'après (oui je joue au pad, c'est fait pour)... mon dieu encore un jeu couloir, où la seule plus-value du joueur est de suivre les séquences prévues par le gamedesigner, dans la plus pure tradition des VHS interactives de nos enfances... Ajoutez à celà un gros too much dans les cinématiques, des acolytes insuportables et mal introduits, ça respire le AAA foiré dans toute sa splendeur.
Etant en cours de desintox de Dota, je persiste tout de même. Arrive la deuxième mission de la campagne, puis la première mission secondaire. Et là révélation. Le joueur peut enfin jouer sa propre partition. La bonne idée du jeu c'est de proposer trois styles de jeu différents. En mode assaut vous avez le droit d'exploser tout le monde (sans doute le moins marrant, car Sam est assez peu résistant, et pas spécialement adroit au maniement des armes), en mode panthère on tue, mais on tue en silence avec classe (clac la nuque, tiens je t'attrape et clac la nuque, tiens je te choppe d'en haut et clac la nuque). Enfin en mode fantôme, tel un ninja, vous traverserez toutes les défenses ennemies sans vous faire repérer un seul moment. On se tient à un de ses modes, où on les mixe c'est comme on le sent.
Au risque de choquer les puristes, perso je n'ai pas joué en mode "perfectionniste". Non j'ai balancé le bon vieux mode normal, et je l'ai joué "role play". Entendez par là que lorsque je tombais dans une salle remplie de soldats blindés je prenais plaisir à grimper sur les tuyaux, les attirer à gauche, pour les esquiver par la droite. Mais lorsqu'un sombre individu était le seul obstacle entre ma petite personne et l'objectif top prioritaire, bah j'hésitais pas à l'attraper par le col pour lui trancher la jugulaire (mon petit côté James Bond). Si je me fais détecter instant reload. Par contre lors des rares missions orientées bourrins (où ca tire vraiment de partout sans que se soit notre faute), là je sortais les grenades frags, et l'AK-47. C'est vraiment comme ça que j'ai apprécié le jeu en me disant : "bon là si j'étais Daniel Craig qu'est ce que je ferais", et pas en essayant de high scorer quitte à agir de manière "illogique".
Mode normal donc, mais quand même juste ce qu'il faut de difficulté (en me limitant un maximum côté execution par contre, parce que là ça enlève tout le plaisir de la chasse, sauf pour les putains de chiens cheatés). Et rapidement tout m'a accroché. L’espèce d'avion qui nous sert de planque (une sorte de Normandy en plus dynamique) super classe, l'histoire à la sauce 24h qui pour une fois arrive à me tenir en haleine, les environnements assez fous, les petits dialogues entre l'équipe, les méchants excellents, les missions de ouf. Putain j'y crois. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois je me sens pas bête spectateur comme dans le premier Assassin Creed venu. Non j'inspecte les lieux, j'essaie de trouver mon chemin vers l'objectif, je choisis qui je tue, qui j'épargne. Je monte des traquenards qui réussissent, d'autres qui échouent, et je prend mon pied à essayer de me sortir de mes erreurs en enchainant deux sauts, une execution (avec de superbes animations bien différenciées suivant le mouvement et la position des corps), et en retenant mon souffle pour savoir si personne ne m'a vu, la grenade lacrymo à la main. Le pied.
C'est ainsi que Splinter Cell : Blacklist m'a tenu en haleine (d'autant plus que techniquement c'est très propre sur PC). Bravo Ubisoft et encore !