Starfox 64 m'impressionne. Ce n'est pas une simple question de graphismes, de gameplay, de musique ou de scénario : et justement. Il fait partie de cette catégorie de jeux qui parviennent à être bien davantage que la somme de leur parties, de leurs atouts. Allons-y franchement : c'est pour moi un chef-d'oeuvre dans sa catégorie. Au sein de la série, il représente un accomplissement, une version revue et corrigée des volets Super Nintendo (StarWing et StarFox II) ; dans le genre, il reste un modèle difficile à dépasser. La grande réussite de StarFox 64 est d'être une épure parfaite, trahissant un souci du détail assez maniaque - il donne l'impression de ne pas contenir une seule once de superflu, l'impression que rien n'est en trop.
Ainsi l'histoire est-elle simple sans être évacuée. Elle motive le joueur, apporte une cohérence globale à l'univers. Tous les personnages principaux sont marquants sinon charismatiques. Et en combat, les dialogues ne gênent jamais à la concentration ou à la lisibilité de l'action (contrairement au récent Kid Icarus Uprising, par exemple).
Ainsi la musique se permet-elle des compositions mémorables (thème principal, Corneria, thème de StarWolf...) sans jamais se montrer grandiloquente, prouvant qu'on peut faire une splendide BO de jeu vidéo, originale, sans tomber dans la musique orchestrale. Ici aussi la simplicité prime d'une belle manière, les compositions servent l'action sans les surligner grossièrement. Les bruitages sont également toujours exactement dans le ton, et seules les voix françaises sonnent parfois un peu faux quand on a l'habitude de l'original en anglais ou en "yaourt".
Ainsi le style graphique du jeu est-il (déjà dans la version d'origine) d'une rare clarté, et quasiment intemporel au point que tout lifting ne peut pas, ou ne veut pas le transfigurer. C'est bien simple : le jeu a à peine vieilli. Il n'y a pas une once de redondance dans les environnements, que ce soit dans l'espace (où l'on passe du champ d'astéroïdes à la base spatiale abandonnée) ou sur les différentes planètes (dont aucune ne ressemble à l'autre). Chaque niveau est idéalement évocateur, tous les classiques ("Terre", mer, désert, magma, "antre du Mal"...) sont là. Le jeu se permet des surprises, il se renouvelle sans prévenir et sans capitaliser outre-mesure sur chaque ajout ou changement dans le gameplay.
Enfin le système de jeu est-il d'une rare intelligence. Certains diront : Starfox 64 est court. Oui, on voit vite arriver le générique de fin (2h, 3h maximum sur le premier run) - mais cela ne veut pas dire que le jeu est terminé, loin de là. Pour voir les deux fins du jeu, il faut le terminer au moins deux fois, pour toucher à tous les niveaux au moins 3 fois, et pour obtenir toutes les médailles (ne serait-ce qu'en mode de difficulté normal) c'est encore une autre paire de manches...
C'est ici que le côté épuré du jeu prend tout son sens : on prend plaisir à le recommencer, à relancer une partie, une, deux, dix fois s'il le faut. La rejouabilité est exemplaire, la quête du scoring s'accompagnant de la recherche du 100%. Et comme rien n'est en trop, rien n'est irritant ; pourtant il ne manque rien.