(Version pc-8801mkIISR, testé via le portage EGGCONSOLE sur Switch)
Si l'on connaît Falcom aujourd'hui exclusivement pour les Ys et les Kiseki, à ses débuts la compagnie n'était pas encore prisonnière de ses deux séries phares et n'hésitait pas à expérimenter avec plusieurs genres de jeux. Dungeon crawler, RTS, plateforme, et même shoot-em-up.
Star Trader est donc un curieux mélange entre ce que Falcom sait faire de mieux: des jeux d'aventures avec des éléments RPGs et un genre de jeu auquel ils s'essayent pour la première et la dernière fois: le shmup horizontal.
Malheureusement le PC-88 (que l'on connaît principalement pour des RPGs ou des jeux purement narratifs) n'était pas la machine la plus adaptée pour tenter de créer un shoot-em-up, et même si le résultat n'est pas injouable, on ne peut pas dire que l'expérience de jeu soit vraiment agréable. Le nombre d'éléments affichés à l'écran en même temps oblige le jeu à tourner au ralenti constamment ce qui rend le vaisseau assez pénible à piloter. Les stages sont assez moyens dans l'ensemble: il y en a 7, en comptant le boss de fin, et se contentent principalement de remplir l'écran d'ennemis qui vont beaucoup plus vite que nous et qui tirent des projectiles dans tous les sens. Certains niveaux sont meilleurs que d'autre à ce niveau (mention spéciale à l'avant dernier stage, qui rappelle fortement le dernier niveau de Gradius, où l'on doit s'échapper de la forteresse Morgana pendant qu'un rideau de flamme nous poursuit à l'arrière, un des rares stages vraiment marquant du jeu) mais pour la plupart d'entre eux il est quasiment impossible de finir un stage sans se faire toucher au moins une fois même en connaissant suffisamment le level design. Le jeu n'est même pas très dur, vu que le Game Over nous ramène juste à notre dernière sauvegarde et nous permet de recommencer au début du stage sans pénalités, mais en est juste frustrant et pénible.
Plusieurs armes sont disponibles pour upgrader notre vaisseau, mais contrairement à un jeu comme Fantasy Zone qui donne de l'argent assez régulièrement pour pouvoir modifier son arsenal et essayer plusieurs combinaisons, dans Star Trader l'argent ne nous est donné qu'à certains moments clés de l'histoire et il est impossible de tout acheter lors d'une seule partie. Il est donc tout à fait possible de ruiner sa partie si on fait l'erreur d'acheter une mauvaise arme et de sauvegarder ensuite (à moins d'avoir plusieurs User Disks ou d'abuser des save states sur émulateur ou sur la version Switch).
Conseil: Achetez le Photon β dès que possible, c'est de loin l'arme la plus utile puisqu'elle permet de tirer 4 projectiles devant soi à un rythme rapide.
Concernant la partie ADV du titre, elle est de bonne facture mais hélas plutôt courte. L'intrigue et ses personnages sont intéressants à suivre et le tout est accompagné de très belles illustrations et d'un "mech" design assez impressionnant. Malheureusement l'aventure est très linéaire et l'histoire se conclut beaucoup trop rapidement lors du climax du jeu, avec plusieurs questions laissées en suspens. Ambitions trop grandes ? Manque de temps ou de budget lors du développement ? Pas assez d'espace sur les 3 Scenario Discs que comprend déjà le jeu pour tout mettre ? Impossible à dire... Mais l’échec est à moitié avoué avec le portage X68000 du jeu, qui retire purement et simplement tout le côté ADV pour ne garder que les phases de shoot.
Dernier point obligatoire lorsqu'on évoque un jeu Falcom: la bande-son. Star Trader sort pile entre Sorcerian, Ys II et Ys III qui font parties des meilleures OST du développeur. Suite au départ de Yuzo Koshiro après Ys II, Mieko Ishikawa se retrouve seule pour boucler l'OST de ce jeu et même si l'ensemble reste agréable à écouter, il est clair qu'elle n'égale pas le niveau des trois jeux cités précédemment. Quelques pistes sortent du lot néanmoins comme: Angel Dust, The Fates et Sortie.
Pour faire court: même si les deux parties du soft, shmup et ADV, ne sont pas à l'hauteur des standards de l'époque, le mariage des deux donne du charme à l'ensemble et reste malgré tout une expérience sympathique et une curiosité intéressante dans le catalogue Falcom.