Vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemblerait un jeu de David Cage si celui-ci avait appris à écrire convenablement ?
Sans doute que non, tant l'effort d'imagination demandé serait intense...
Une chance, alors : cet effort, State of Mind l'a fait à notre place.
Si du point de vue des mécaniques, on baigne dans le rudimentaire - avec dix à vingt ans de retard sur ce qui se fait aujourd'hui -, force est de constater que sa DA unique, l’ambiguïté morale de ses personnages et surtout son écriture maîtrisée ne pourront que ravir les amateurs de Science-Fiction à l'ancienne - un genre particulièrement malmené (car trop caricaturé) par le média jeu vidéo depuis sa création.
Sans rien révolutionner dans son choix thématique, le jeu narratif de Daedalic tire son épingle du jeu en réussissant à retranscrire l'atmosphère pesante, poisseuse et décalée des pulp cyberpunk d'antan, avec une maturité d'écriture qui tranche avec les autres productions du même type. Un peu comme si on jouait directement à une nouvelle d'Asimov ou de Gibson, saupoudrée d'un zeste de Philip K Dick.
Si l'aspect ludique peine à convaincre (sans être trop laborieuse, même si les nouvelles générations auront bien du mal à passer une mise en place narrative qui ne pète pas dans tous les sens façon Michael Bay), l'expérience narrative suffira à combler les nostalgiques du premier Blade Runner - pour peu qu'ils puissent accepter le rythme d'un récit qui ne sacrifie pas sa substance au sensationnel Hollywoodien.