L'origine des origines
Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin est l'un des très rares action-RPG soulesque auquel je n'ai pas eu envie de jouer, en partie à cause de sa campagne de promotion catastrophique, et des...
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le 6 févr. 2023
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Jeu de Team Ninja, Koei Tecmo Games et Square Enix (2022 • Xbox Series X/S)
Stranger of Paradise : Final Fantasy Origins fait partie de ces titres casses gueules et avec un titre (beaucoup) trop long pour leur propre bien. Dès l’annonce du jeu à l’E3 2021, le soft a suscité de nombreuses réactions controversées. Un jeu mi Dark Souls, mi Nioh ( les créateurs de la franchise la TEAM NINJA supervise le jeu) avec l’univers de FF 1 ( probablement l’un des jeux les moins « connus » de la saga) et une direction artistique étrange, pour ne pas dire anachronique, puisque les personnages que l’on incarne se trouvent dans un univers heroic fantasy médiéval et ils portent des habits modernes ( écouteurs, téléphone…).
Le jeu a très vite gagné une réputation via ses nombreuses démos, et le fameux même « Bullshit » où le personnage de Jack envoie balader sa collègue en écoutant du Limp Bizkit à fond. Décidément, le jeu allait être connu et pas forcément pour les bonnes raisons. J’ai été surpris d’apprendre que le jeu aurait les mêmes performances sur chaque support, 60 FPS et résolution basse ou 40-50 FPS et résolution haute, et on va voir dans la suite de cette critique que ça n’était pas forcément une bonne idée.
SOPFFO est donc le « cadeau » offert aux fans pour les 35 ans de la saga, on va voir s’il est empoisonné ou non au cours de cette review. Car plus les trailers se rapprochaient de la date de sortie, plus j’ai été attiré par l’idée de faire ce jeu, notamment par l’utilisation de « My Way » de Franck Sinatra dans le trailer de lancement et la sortie d’une démo de lancement qui m’a permis de me faire un avis sur le début du jeu. C’est parti !
1) Une histoire prétexte à la bagarre ?
Dans SOPFFO on incarne Jack, un blond peroxydé, marqué par de nombreuses cicatrices sur le visage, qui se réveille dans le monde de Final Fantasy 1 avec une mission simple. « Tuer Chaos ». Et… C’est à peu près tout. Littéralement. Il est très vite rejoint par Jed, Ash, Neon et Sophia, qui sont des « étrangers » eux aussi, et qui veulent aussi occire Chaos. Le jeu ne s’embarrasse pas de détails sur la narration, et c’est au travers de sous texte informatifs que vous arriverez à « cerner » à peu près où le jeu veut vous emmener.
Parce que oui la narration de ce jeu, est ratée. On sent que la team Ninja le fait de raconter une histoire elle sait pas ou peu faire, donc elle use ( et abuse) de raccourcis pour aller au cœur du jeu, plutôt que d’essayer de raconter à son joueur pourquoi un type « moderne » se ballade dans un univers médiéval fantastique pour faire exploser des monstres.
Et pourtant, c’était pourtant bien parti. La cinématique d’ouverture du jeu, lorsque Garland enlève la princesse Sarah sous la pluie, en massacrant les soldats de Cornelia et les faisant imploser sous forme de cristaux rouges, c’était assez violent pour un FF. Et paradoxalement, ça a spoilé tout le twist scénaristique du jeu ( Square Enix l’a dévoilé dans le trailer de lancement!), à savoir que Jack est l’homme qui va devenir « Garland » , le vilain de FF 1.
Tout au long du jeu, on voit que Jack et ses amis se trimballent de lieux en lieux pour chercher Chaos et « restaurer » l’éclat des 4 cristaux ( un peu comme la quête original de FF 1), et ils font ça un peu machinalement, sans jamais se poser de question. Les comparses de Jack vont bien à quelques moments émettre leurs doutes à Jack, puisque qu’ils ont l’impression d’être dans une boucle temporelle et d’avoir été « conditionnés » à tuer Chaos. Mais à chaque fois, Jack va leur dire de la fermer, qu’il s’en fiche, qu’il est juste là pour se battre. Cet froideur du personnage, couvert de sang à chaque fois qu’il fait exploser un ennemi, est littéralement trop kitsch pour être prise au sérieux. On est vraiment sur le cliché du gros bourrin dénué d’émotions, même Squall ou Lightning, qui sont des personnages de FF assez solitaires, ne se comportent pas comme ça.
Il y a bien une volonté de dynamiser les 4 autres comparses, j’ai bien aimé le character design de Néon et de Sophia, ainsi que de Jed et Ash, le problème c’est que ça ne décolle jamais, on sent pas trop l’alchimie entre les 5 personnages, on a l’impression qu’ils ne sont que les faire valoir de Jack. Il faut attendre véritablement la fin du jeu pour que l’histoire décolle (un peu) et que certaines scènes un peu expédiées au début commence à faire un peu sens. C’est tellement dommage car c’est vraiment vers la dernière heure de jeu que tu commences un peu à t’attacher à Jack et ses comparses, malgré une tonne d’effets kitsch pendant tout le jeu, qui fait clairement ressembler ce FF à un gros nanard.
Le jeu se base donc essentiellement sur le lore et les boss de Final Fantasy 1, on va ainsi visiter les lieux « emblématiques » du premier FF, des lieux qui seront « altérés » par des failles dimensionnelles provenant… Des 15 autres Final Fantasy. Ainsi la base sous marine ressemblera au réacteur Mako de FF 7, la caverne de feu ressemblera à la caverne d’Ifrit de FF 8 ou encore on se baladera dans deux forêts, l’une sera influencée par la côte de Sunleth de FF 13 et l’autre par la forêt maudite de FF 9.
Et le gros problème c’est que jamais le jeu ne tire « profit » de ce paradoxe dimensionnel. C’est simplement des clins d’oeils « musicaux » et des clins d’oeils visuels. Alors oui c’est sympa de pouvoir changer le temps dans la forêt, de pouvoir boire de l’eau dans une souche d’arbre ou encore de voir les priants endormis dans la montagne enneigée, mais c’est tout. Là où on aura pu envisager de récupérer des armes/armures des autres FF, voir de croiser certains ennemis ou boss (cachés), rien n’est présent. C’est le minimum syndical, histoire juste de dire « vous avez vu, on a fait des clins d’oeils aux autres FF ».
Concentrons nous maintenant sur le gameplay, puisque c’est véritablement le sujet de ce jeu, à défaut d’une histoire prenante, qui pourtant avait du potentiel, et qui est gâchée par des choix scénaristiques et de mise en scène quasi inexistante.
2) Un gameplay lourd, difficile à prendre en main, Fun et… lassant ?
J’ai mis du temps à prendre en main le nouveau bébé de chez Square Enix. En effet, c’est à l’antipode d’un Dark Souls ou d’un Nioh. Comme dans ces jeux, vous pouvez parer, esquiver, mettre des coups forts et des coups faibles. Mais également, et c’est là toute la différence, vous pouvez faire une parade spirituelle en appuyant sur B ( ou rond) et cette parade spirituelle va vous permettre d’aspirer du mana ( pour remplir votre jauge de MP, qui vous permet d’effectuer des actions spécifiques comme des combos ou de la magie) voir d’aspirer ( comme dans FF 8) les compétences de vos ennemis pour leur renvoyer dessus.
A cela s’ajoute les compétences passives que vous pouvez débloquer ( genre illumination, qui permet de repousser des ennemis et de les transformer en cristaux plus facilement ou Bravoure, qui augmente vos statistiques, ou Venin, qui empoisonne votre arme) et les ordres que vous pouvez donner à vos comparses en combat en appuyant sur les flèches directionnelles. Là aussi, petite déception en solo, on ne peut pas vraiment beaucoup customiser les personnages qui nous accompagnent, ils ont accès à un nombre limité de classes, et on ne peut pas figer le temps comme dans un FF 7 remake pour éventuellement choisir l’ordre qu’on veut leur donner. Ils se débrouillent « par eux mêmes » avec une IA qui fait le boulot sans plus.
Par contre Jack a accès à non seulement toutes les classes, mais également tout les équipements que vous allez looter toutes les minutes, sans rire, le jeu vous abreuve de manière abusée de stuff, et vous changez quasiment toutes les minutes d’équipements, en plus de devoir gérer vos jobs, qui level up assez vite là aussi, et vont vous permettre d’avancer dans le jeu et de débloquer de nouvelles classes supérieures. Ainsi par exemple, un mage va évoluer en mage noir, mage rouge pour finir sur un sage. Un gladiateur va évoluer sur un guerrier, pour aller vers le chevalier et finir sur un chevalier noir. Plus vous débloquer de compétences (actives et passives), et plus vous pouvez customiser les « combos » de votre personnage et enchaîner des attaques dévastatrices. Comme vous, les ennemis possèdent une jauge de parade qui lorsqu’elle est à zéro, vous permet de faire un finish violent où jack transforme le pauvre pampa qui lui tombe sous la main en cristal, avant de le réduire en poussière.
Une fois qu’on a compris le système de combat, celui ci devient jouissif, et bien qu’on ne se serve pas ou peu des compétences passives ( ou que de certaines), on prend plaisir à avancer et à combattre les boss, qui sont plutôt réussis parfois et de temps en temps un poil décevant, la difficulté étant changeable à tout moment. En résumé il faut apprendre les paterns, parer ou frapper pour gagner des MP, lancer des sorts ou des buffs…
Le problème c’est que cette boucle de gameplay atteint très (trop) vite son apogée et sa redondance, le level design faiblard ( mis à part quelques niveaux, la plupart sont vite oubliables) et sa réutilisation éhontée au niveau du bestiaire, qui n’évolue quasiment plus à la moitié du jeu. Alors qu’on aurait pu se servir des distorsions temporelles pour introduire du bestiaire d’autres jeux FF, non on va se taper tout le temps du gobelin, des bombos, des ogres… C’est décevant.
Le jeu n’a pas une durée de vie aussi élevée qu’un souls ou un Nioh, et c’est pas plus mal, car j’ai été plusieurs fois lassé. Le jeu recycle les niveaux pour les missions secondaires, là aussi on a le strict minimum, c’est un peu dommage de ne pas avoir plus d’ambition que cela pour ce soft. Sans rire, la première et la dernière mission se passent au même endroit. Il y a l’avant dernière mission à Cornelia on se tape un aller-retour dans deux couloirs reliés par une grande place. Le recyclage d’assets et la fainéantise de proposer plus que ça est quand même de mise.
Imaginez une mission secondaire où l’on affronterait Sephiroth ? Imaginez une mission secondaire où on affronterait Ultimecia ou Sin ? Parce que là aussi, les missions secondaires sont pas forcément très nombreuses, il y en avait plus dans Nioh. Après la fin du jeu, on développe le mode Chaos et basta, faudra attendre les DLC pour du contenu supplémentaire.
2) Une technique aux fraises, et… honteuse ?
J’ai joué sur Series S, et je dois dire que le jeu est clairement moche. Oui parfois il y a certains paysages que j’ai bien aimé, je pense à la citadelle de Chaos ou la forêt maudite. Le seul problème c’est que techniquement, le jeu on dirait qu’il est moins beau que Nioh. Moins beau que Nioh sorti en 2017 sur PS4. Les animations dans les cutscene font penser à de la PS3, c’est hallucinant !
Les modèles sont hideux, rien que les cinématiques où l’on parle à des PNJ dans la ville de Cornélia, cela ne respire pas la vie, c’est incompréhensible, on parle de Final Fantasy ! FF 7 remake était magnifique, l’un des plus beaux jeux PS4, et on passe à ce spin-off qui fait moins bien que Nioh en son temps. Inadmissible.
Je parle pas de la technique dans certains niveaux, je pense le niveau dans la neige, vous marchez sur la neige, il y a pas d’effets de pas dans la neige et la brume est afffreuse, vous marchez dans une flaque d’eau, aucun effet de physique. Dès fois vous passez vers un mur, vous allez voir un peu à travers, et vous voyez que la texture est vide.
Pas la peine de tergiverser, en terme de graphismes, le jeu est très médiocre, la direction artistique compense très mal, après comme le gameplay suit derrière, c’est pas dérangeant pour le faire, mais il faut quand même souligner que si vous vous attendez à une claque graphique, je suis au regret de vous dire que le jeu, en voulant l’offrir à chaque support dans une même fluidité et une même performance, ils n’ont pas optimisé le jeu pour la next gen et c’est bien dommage, on dirait un jeu old gen par moment.
3) Une OST correcte
Comme d’habitude, qui dit FF, dit bonne OST, et c’est le cas ici, on est sur du touche à tout, ça marche assez bien, il y a quelques thèmes sympathiques voir même du nu métal ( Shadow Rising), comme d’habitude je met une petite sélection des quelques morceaux que j’ai apprécié :
-Jack Thème
- Dark Crystals
- Chaos
- False Home
- Refrin Wetlands
- The Wicked Arbor
- Warriors of Calamity
Conclusion
Je ne sais pas quoi penser de ce Stranger of Paradise : Final Fantasy Origins. A vif, je dirais que c’est un énorme plaisir coupable, j’ai pas pris pas mal de plaisir à le parcourir pendant 38 heures et j’ai envie d’y retourner à doses homéopathiques, parce que mine de rien, le coeur du jeu fonctionne très bien, et c’est son gameplay mi Souls, mi Nioh et mi FF qui a réussit à me convaincre, parce que on a à la fois le côté souls ( esquive + parade), le côté Nioh pour ses combos et son dynamisme exacerbé et le côté FF stratégique ( gestion des MP, sorts, altérations d’état…).
Son côté nanardesque, avec son héros bourru et aussi épais qu’une feuille de papier, déplaira à certains, moi j’ai fini par accrocher avec le personnage sur la fin de l’aventure, et clairement ça ne sera jamais un protagoniste inoubliable de la franchise, comme Squall ou Cloud ou encore Tifa. Son scénario alambiqué et décousu, qui se révèle seulement à la fin et qui se perd dans les méandres d’une écriture peu qualitative, pourra en décourager certains.
Plus que son écriture, c’est sa technique honteuse et parfois pour ainsi dire, indigne de ce qu’un Final Fantasy est capable de faire, dissuadera les derniers récalcitrants qui se jetteront sans sourciller sur la concurrence ( Coucou Elden Ring). C’est que ce FF est malheureusement très répétitif, avec un level design faiblard, à part quelques niveaux qui sortent du lot, c’est pas très glorieux.
En résumé, c’est quand même un très bon jeu dans le fond, si on gratte et qu’on prend le temps de s’y plonger vraiment corps et âme, on se rend compte que la team ninja a proposé un gameplay très fun et brutal, tout en gardant le côté stratégique. Le côté nanard WTF est inhabituel pour un jeu de la franchise, j’ai trouvé ça osé et au final, pas dérangeant si on se concentre vraiment sur le gameplay. Sa forme est par contre catastrophique, techniquement c’est pas bon et le scénario, qui décolle vraiment à la fin et qui est intéressant (et tragique) lorsqu’on met en perspective toutes les notes qu’on trouve dans le jeu, est tellement mal raconté pendant 90 % du jeu avec une mise en scène désastreuse qu’il faut vraiment aimer FF pour passer au dessus.
C’est un jeu qui va sûrement bider, dont on ne parlera plus dans quelques mois et qui verra son prix drastiquement chuter. A ce moment là, si vous voulez vous lancer dans l’aventure, vous pourriez avoir votre plaisir coupable de cette année 2022.
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Créée
le 30 mars 2022
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