Un monument du beat'em all !
Il y a un an de cela, au mois de mai 1991, Sega donnait naissance à l'un des piliers du beat'em all : Streets of Rage (ou Bare Knucles au Japon) premier du nom. Le succès fut au rendez-vous et actuellement le jeu est reconnu comme une valeur sûre, voire considéré comme une légende du genre, au même titre que Double Dragon sur NES. Un an plus tard, Sega récidive et propose une suite à cet excellent opus, nous proposant une fois de plus d'aller casser du méchant dans la joie et la bonne humeur, dans les rues mal famées d'une ville fictive.
Cette suite est-elle aussi bonne, voire meilleure que le premier Streets of Rage ? Réponse avec ce test !
It is dangerous to go alone !
L'introduction du jeu plante d'emblée le décor : l'histoire se déroule un an après le précédent Streets of Rage. Adam, Axel et Blaze avaient réussi à vaincre Mr.X et l'organisation criminelle qui contrôlait la ville. Mais surprise, ce dernier revient (d'entre les morts paraît-il selon l'introduction!) et kidnappe Adam, l'un des protagonistes du premier jeu, afin d'attirer nos héros. Ni une ni deux, Axel et Blaze accompagnés de Max, un ami d'Axel, et de Skate, le frère d'Adam, partent à la rescousse de ce dernier et reviennent tabasser les sous-fifres de Mr.X.
Cela va vous paraître dur, mais s'il y a une chose qui ne change pas, c'est bien la pauvreté du scénario, puisqu'en effet on a une banale histoire de grand méchant du crime qui revient prendre sa revanche sur nos héros. Bon oui, là je caricature, mais pas besoin d'aller chercher plus loin pour comprendre l'histoire qui ne se distingue pas pour ses développements ! Ah puis d'ailleurs, on a strictement aucune explication à propos du retour de Mr.X : était-il vraiment mort à la fin du premier Streets of Rage ? A-t-il été ressuscité par une secte obscure ? Ou alors est-ce que comme pour les héros de comics, la mort était comme une simple grippe pour lui et qu'il s'en est remis depuis ? Vous pouvez fantasmer comme vous voulez à ce sujet, puisque qu'aucune indication n'est donnée par le jeu.
Néanmoins, cette faiblesse scénaristique est aisément pardonnable car c'est cela ne constitue pas le cœur du jeu, le plus important étant de cogner sur les méchants ! Plus sérieusement, l'histoire n'affecte en aucun cas le plaisir de jeu, puisque n'étant qu'un prétexte pour donner un arrière-plan, un décor qui ne fait qu'illustrer le jeu. Et puis, on peut au moins noter la présence d'une cut-scene d'introduction pour mieux planter le décor, chose qui était absente dans le précédent Streets of Rage.
Sans vouloir spolier, il faut également relever que le jeu ne propose plus deux fins différentes, mais nous impose une seule et unique fin.
Quand on arrive en ville...
Le jeu une fois lancé, on peut commencer les hostilités avec le premier stage. Enfin avant d'en arriver là, encore faut-il choisir son personnage ! Le jeu nous propose de choisir non pas entre 3 personnages comme dans le premier volet, mais entre 4 personnages dont les caractéristiques plus nombreuses (Puissance, Technique, Vitesse, Saut et Endurance) sont symbolisées par des étoiles, ce qui rend la lecture des statistiques bien plus claire que les lettres utilisées pour l'opus précédent. Au choix, on peut incarner Max, un catcheur dont la qualité première reposent plus sur la puissance que la vitesse, Axel qui est un peu plus équilibré en termes de puissance et de vitesse, Blaze qui est encore plus équilibré et Skate qui est plus rapide que les trois autres mais moins puissant.
Une fois le jeu réellement commencé, on peut dire qu'il y a eu un progrès notable dans les graphismes : les décors paraissent moins ternes et plus colorés, les effets de lumières sont encore améliorés, les personnages sont plus détaillés, l'animation du jeu est bien plus fluide et a été revue à la hausse et il y a plus d’interactions avec les décors comparé au premier Streets of Rage, même si cela se limite toujours à casser des objets pour récupérer de précieux bonus ou encore des armes (même si parfois le jeu vous trolle allégrement en le laissant aucun objet après avoir détruit un élément du décor!), ces dernières causant de gros dégâts à vos adversaires, même si eux aussi peuvent les utiliser contre vous !
Par conséquent, l'amélioration au niveau des graphismes n'est pas anecdotique, alors qu'il était possible de croire que les développeurs se seraient reposés sur leurs lauriers après un an de développement (qui a dit comme Call of Duty?). Il n'en est rien, et c'est tant mieux !
De plus, ces graphismes sont idéalement servis par la musique de qualité proposée par Yuzo Koshiro, également connu pour son travail sur Shinobi et ActRaiser. Sa composition s'intègre idéalement aux stages et situations proposés par le jeu, même si ses sonorités techno-house électrisantes ne conviendront pas à toutes les oreilles. Les bruitages (« voix » des ennemis, explosions, etc...) se sont également améliorés et exploite efficacement les capacités de la 16-bits de Sega.
Je mets les pieds où je veux... et c'est souvent dans la tronche !
Passons maintenant au gameplay du jeu. Aux premiers abords, on pourrait dire qu'il n'y a pas grand chose de nouveau : vous avez toujours une touche pour frapper, une pour sauter et une pour enclencher les attaques spéciales. Seulement voilà, il y a eu là aussi quelques changements notables, en effet vous avez la possibilité d'attaquer les sbires ennemis avec une attaque en course très utile que vous pourrez faire en pressant deux fois la touche de direction souhaitée (à droite ou à gauche) puis celle de frappe.
Autre nouveauté, il n'y a plus qu'une seule attaque spéciale qui faisait intervenir les forces de police comme dans le premier épisode, mais différentes attaques spéciales pour chaque personnage : une qui se fait juste en pressant le bouton adéquat, et une autre reposant sur le même principe que l'attaque en course, sauf que cette fois il faut appuyer sur le bouton d'attaque spéciale. Ces attaques sont propres à chaque personnage (Blaze dispose d'une sorte d'Hadouken et d'un salto arrière, Skate utilise un mouvent de hip-hop en tournant sur sa tête ou saute et envoie un coup de pied en tournant sur lui-même, etc...) sont dévastatrices mais vous font perdre une partie de votre barre de vie à chaque utilisation, du moment qu'elles touchent l'adversaire, donc elles sont à utiliser avec parcimonie sous peine de voir descendre la barre de vie de sons personnage de manière significative (vous êtes prévenus!).
Vous pouvez aussi effectuer des prises en vous rapprochant suffisamment de votre opposant et lui asséner une série de coups ou effectuer une projection fulgurante. Toutefois, cette prise est assez particulière à effectuer puisqu'il faut suffisamment vous rapprocher de votre ennemi pour l'agripper, au risque de vous prendre des marrons à foison ! Ces derniers peuvent également procéder à ces prises, ainsi tenter d'exercer une prise s'avère risqué, mais peut être payant du fait des dégâts occasionnés à l'adversaire.
Par contre, le gameplay souffre de quelques imprécisions, en effet il n'est pas rare de pester contre un adversaire ayant réussi à placer une prise alors que vous étiez en train de distribuer des coups, ou même de complètement manquer son coup alors qu'on pensait être sur le même plan que son opposant. Mais dans l'ensemble, il est plutôt réussi et on le prend vite en main.
Vous pouvez également tabasser du méchant en mode deux joueurs, qui peut cependant vite tourner à l'anarchie puisque vous pouvez allégrement tabasser votre coéquipier sans aucun scrupule. Pire encore, le système de prise marche également entre les deux joueurs, c'est-à-dire que si vous avez le malheur de vous approcher trop près votre partenaire, vous pouvez entamer une prise à son encontre. Rassurez vous, on peut toujours se défaire de cette prise, toujours est-il qu'on se retrouve parfois à marteler les boutons et les directions pour se sortir de cette prise intervenue au mauvais moment !
Mais si vous avez plutôt des rapports conflictuels avec votre partenaire de jeu (ce qui peut être le cas si vous jouez avec votre frère ou pourquoi pas votre sœur!), vous pouvez essayer le mode Duel, dans lequel chacun des joueurs prend un personnage qu'il affectionne pour l'envoyer combattre contre celui que l'autre joueur aura sélectionné, pour ensuite sélectionner le stage dans lequel aura lieu le duel, les niveaux sélectionnables étant ceux de l'aventure principale qui diposent de plus ou moins d'armes à votre disposition. En gros, aucune surprise, le nom de ce mode parle pour lui-même! Si ce dernier s'avère sympathique, il est assez redondant du fait du faible nombre de personnages disponible car avec quatre personnages, on a vite fait le tour des duels possibles et imaginables !
Des stages et du scoring !
En ce qui concerne le déroulement du jeu, ce dernier se divise en 8 stages, aux décors relativement variés, dont la difficulté augmente de façon croissante : plus vous avancez, plus les ennemis de base sont puissants, de même que les boss rencontrés à chaque fin de stage. Ces derniers constituent d'ailleurs un challenge non négligeable, et ce dès le deuxième stage (parce que oui, affronter un boss en jet-pack, c'est loin d'être drôle!) : en plus d'avoir bien plus de vie que vous, ils possèdent également des palettes de coups dévastateurs si vous prenez pas la peine de les éviter, et certains d'entre eux peuvent parer vos coups, ce qui fait que la tâche n'est parfois pas simple. De plus vers la fin du jeu, on se permet de recycler certains boss déjà battus (il y a juste le skin, le nom et la barre de vie qui change), histoire d'ajouter un calvaire supplémentaire : par exemple, la fin du niveau 6 vous confronte vous et le fameux boss au jet-pack ainsi qu'un autre boss très agile rencontré au stage 3. Merci Sega pour le cadeau, c'était loin d'être nécessaire ! Il faut également relever l'IA imprévisible des ennemis : aucun moyen de savoir quel coup ils vont sorti et à quel moment !
Autre point à noter : en mode deux joueurs, le contenu des stages s'adapte en conséquence et donc pour certains stages, vous pouvez vous retrouver à affronter deux ennemis d'un même type alors qu'il n'y en avait qu'un seul pour le mode solo, ce qui permet de proposer une expérience assez différente de celle vécue en solitaire.
Ainsi, le jeu propose tout de même un certain challenge, malgré qu'il soit relativement court avec ses 8 stages. On vous permet quand même de choisir entre plusieurs difficultés (Facile, Normal, Difficile et Très Difficile) dans le menu Option, mais également le nombre de vies dont vous disposez au départ, en plus de pouvoir gagner des vies supplémentaires après avoir obtenu un certain score (la première vie supplémentaire s'obtenant à 50 000 points), ce dernier étant d'ailleurs réinitialisé à chaque continue utilisé. En parlant de ça, le nombre de continues ne peut pas être changé et reste cantonné à deux continues. Vous pouvez donc adapter ces caractéristiques en fonction de l'expérience de jeu que vous souhaitez : si votre pêché mignon, c'est de faire le jeu en mode Très Difficile avec une vie et vos deux continues, vous pouvez le faire allégrement, au risque de réellement comprendre la signification du mot « Rage » dans le titre !
Mais en tous points, le jeu reste une expérience mémorable.
Conclusion : En proposant notamment un gameplay plus complet et des graphismes plus agréables, cette suite de Streets of Rage s'avère excellente et constitue elle-aussi une référence dans le genre des beat'em all, à un tel point qu'elle surpasse son aînée puisque plus complète et améliorée sur de nombreux points. Pas de doute donc, cet opus constitue un des classiques du genre. Si vous ne devez prendre qu'un seul beat'em all sur la Megadrive, ce serait vers ce jeu qu'il faudrait vous tourner.