Attention: Gobelin furtif!
Dernier né de Cyanide, Styx : Master of Shadow est un de ses titres dont je n’attendais rien.
Jusqu’à présent, on nous avait gratifié de jeux sympathiques, dont « Of Orcs and Men », la suite logique de Styx, mais ils n’étaient pas des mieux finalisés... la « french touch » comme diraient les mauvaises langues, mais soit. D’habitude leurs jeux sont très propres et ficelés en terme de narration, mais la jouabilité, ce n’était pas la grosse éclate, loin de là.
Mais voilà, Styx est un essai transformé ! Malgré quelques lacunes, on nous propose un jeu d’un genre que trop délaissé, ou travesti (Thief pour ne citer que lui), le tout avec une qualité plus qu’honorable, où la narration, même sans être au niveau de OO& M, est respectable avec d’excellentes idées, mais en plus de ça la jouabilité suit enfin ! Je ne parlerais donc pas de l’histoire qui est fort sympa, afin de ne pas spoiler, car on connait déjà Cyanide sur ce point. Et pour la maniabilité, voyons cela plus en détail.
Sans être tout droit issu du CryEngine, l’univers graphique est plutôt convaincant. Le style usé sied parfaitement à l’ambiance globale, et permet de rendre plus pertinent le personnage de Styx, ce petit Gobelin cynique et un poil, mais vraiment juste un poil schizophrène.
Et la direction artistique n’est pas en reste non plus ! On nous propose des tableaux différents avec des thèmes variés, mais bien gérés, avec une multitude de détails pour crédibiliser le tout. Même si certains environnements peuvent sembler convenus, tels les geôles, égouts ou donjons, ça reste agréable à parcourir grâce à un level design inspiré, et une verticalité des décors soulignant une exploration atypique. D’ailleurs, de manière générale, le level design est très bien pensé. Un grand panel de chemins disponible permet de traverser le niveau, apportant une véritable rejouabilité en donnant la possibilité de recommencer plusieurs fois la zone sans avoir à repasser par des routes identiques ! Et le tout tourne avec les machines les plus modestes, pas besoin d’acheter une Titan Z pour profiter du jeu au mieux de ses performances !
S’ensuit le gameplay. Comme dit précédemment, la verticalité des environnements, et les nombreux passages proposés permettent d’aborder le jeu de manières différentes. Furtivité en rase-motte, acrobatie au-dessus des têtes, mixte des deux, passage dérobé ? Le choix vous appartient, sachant que le jeu offre des bonus pour tous niveaux achevés sans avoir tué ou alerté de quiconque, ou pour avoir terminé tout ça sous un temps limite. Des objectifs secondaires sont également de mise, avec une difficulté plus ou moins prononcée, concernant souvent l’assassinant d’un pauvre bougre, la découverte d’une relique ou d’une pièce reculée. Rajoutons à ça 10 jetons dissimulés à travers les zones, régulièrement à des endroits cocasses, tel que : sous le nez d’un ennemi qui ne bouge pas ; au centre d’une horde d’insectes sanguinaires ultra-sensibles au bruit ; sur une caisse au milieu d’une ronde de patrouille... Vous aurez de quoi faire afin de compléter tout ça !
M’enfin, après vous ne partez pas tout nu non plus ! Armé de sa dague, uniquement présente pour les assassinats, puisqu’il est hors de question de foncer au milieu des gardes et charcuter à tout va (on est dans un de l’infiltration, pas dans God of War ! Certes on joue un p’tit gars chauve et teigneux, mais la comparaison s’arrête là !), et de quelques pouvoirs fort utiles, tels l’invisibilité momentanée, la vision d’ambre (révélant la position d’objets et personnes), ou le clone, se trouvant être, selon moi, une idée juste excellente ! Il permet de détourner l’attention, d’entraver l’adversaire, de le surprendre en lui faisant un poutou-surprise, ou encore participe à la résolution d’énigmes nécessitant d’être à deux endroits simultanément. Ce mécanisme propose ainsi une tout autre dimension au jeu ! Exemple, l’activation simultanée de deux leviers demande de faire attention au temps de vie de notre moitié, à sa santé, mais aussi au champ de détection des gardes pour Styx ET lui ! Ce qui rajoute beaucoup à la tension et à la stratégie globale.
Le tout agrémenté d’une interactivité avec l’environnement classique, néanmoins efficace, tel le lâché de lustre, la cache dans un coffre ou également le coup de pied dans une chaise qui permet à la patrouille de nous débusquer !
Mais dans tout ça j’oublie peut-être le plus important : le personnage réagit bien, l’animation est fluide et le tout est fichtrement précis ! Pour un jeu à la troisième personne où tout n’est pas précalculé, c’est tout de même essentiel de le souligner ! C’est du coup sur ce point que Cyanide a frappé fort ! C’est de l’infiltration, de la vraie ! Pas juste une soupe de plusieurs éléments d’autres genres de jeux, dont une touche pour s’accroupir et un réticule qui te dis si on te voit ou pas.
Et le dernier point, l’ambiance sonore. C’est correct Niveau OST, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, après une musique d’accueil qui donne plein d’espoir, on se retrouve avec un fond sonore plutôt chiche et peu varié. Mais d’une certaine manière, ça contribue à la tension dans la progression des niveaux. Le reste est de facture somme toute valable, les interprétations sont tout à fait bonnes, les bruitages sont cohérents, et le fond sonore se laisse entendre. Or, ce n’est pas non plus bien méchant !
Voilà, voilà ! J’ai dit à peu près tout ce que j’avais sur le cœur vis-à-vis de ce petit jeu. Alors oui, quelques tares persistent, c’est indéniable. Mais ce n’est en rien handicapant pour la bonne progression dans les niveaux, et surtout, il faut prendre en compte que le titre m’a été proposé pour 20 € à sa sortie ! Une misère, comparée à de très nombreux autres jeux ! Pas cher, plaisant, une durée de vie des plus correctes (une 15aines d’heures au bas mot pour tout faire sans solutions) avec une progression du personnage qui se laisse suivre via des moments de narrations plutôt sympa.
Et avis aux amateurs, c’est le genre de jeu à lancer d’emblée en difficulté maximum, c’est ce qui permet de dévoiler au mieux don intérêt, car courir au travers des gardes, c’est peut être drôle, mais ça dénature un peu l’idée initiale, et ça pourrait être dommage de passer à côté de ça, car franchement, ça en vaut la peine !