CONDITIONS DE JEU
Solo sur PS4, un jeu payé 39€ neuf chez Micromania
SURVOL EN MONTGOLFIÈRE
Vous incarnerez Styx, un gobelin hautement vulnérable (un "fragile" comme on dit), voleur professionnel de son état, et qui au fil des missions qui lui seront confiées par son employeur du moment se verra conduit à se mêler d'affaires assez louches, impliquant les différentes races du monde Heroic-Fantasy auquel il appartient (peu s'en faut que je me perde dans la trame d'un épisode de Bioman ; je serais donc bien en peine de spoiler davantage le scénario du jeu, en vous en faisant le résumé complet. Ce sera donc la surprise du chef… Cependant ne vous attendez pas à ce qu'elle soit bonne, car il ne s'agit que d'une trame prétexte, pour "faire le job", sans surprise ni profondeur… Vous voilà prévenus.)
VUE DE CORNICHE
Arrêtons-nous de suite sur ce qui fait la force de ce jeu, et qui à mon sens justifie la curiosité à son endroit : le level design.
Le travail sur ce point est assez fou (mention spéciale au niveau de l'abattoir, glauquissime) ; c'est d'ailleurs lui qui a (semble-t-il) poussé les développeurs à nous servir deux fois la plupart des niveaux, au détriment du scénario. On peut les comprendre... Mais c'est tout ce qui lui manque pour avoir un 9 (voir plus, avec des graphismes très hauts de gamme) !
On retrouvera quoiqu'il en soit avec bonheur (pour peu qu'on y soit sensible) cette sensation troublante, à laquelle The Legend of Zelda : the Ocarina of Time nous avait déjà habitué en son temps, de reconnaître, après quatre heures passées dans un même niveau, chaque salle, couloir, escalier, toit, corniche etc. sans être pourtant capable de les situer les uns par rapport aux autres, tant la carte est complexe...
Ainsi que ces plaisirs ineffables, de retrouver son chemin de mémoire dans un dédale où on s'était perdu la première fois, et de massacrer devant témoins l'ennemi qui nous avait honteusement contraints à rester tapis dans l'ombre au premier run, ou bien de trouver une cachette au dernier moment, après avoir activé toutes les alarmes...
On peut cependant regretter que ce Styx 2 ne s'inspire pas plus de son lointain modèle made by Nintendo, en favorisant (par soucis de réalisme, ce qui n'est pas un mal, d'un autre point de vue) les allers-retours, et donc une certaine répétitivité, au lieu de proposer une véritable énigme dans chaque salle, où il s'agirait de trouver l'unique façon de passer l'obstacle (en toute discrétion bien sûr). Consolation ou pas, les autres défauts du jeu sont en quelque sorte consubstantiels au genre de l'infiltration, auquel Styx : the Shards of Darkness appartient corps et âme. On retiendra surtout les caches peu crédibles (multitude de tonneaux, coffres, armoires, toujours vides…) et un comportement peu naturel de l'IA, qui semble souffrir de Troubles Obsessionnels Compulsifs.
Il y avait pourtant un moyen de rendre le tout moins répétitif et plus "crédible", en différenciant beaucoup plus les caractéristiques de chaque race, au lieu qu'elles se comportent toutes à peu près de la même façon… A condition de s'éloigner des clichés de l'Heroic-Fantasy, ce que les développeurs n'ont pas voulu faire (pour autant qu'ils en aient eu l'idée).
LES YEUX DANS LES YEUX
Pour conclure, parce que c'est bien là le principal : les bons points du jeu (qui ne manquent pas, notamment la jouabilité, car s'il est certain que l'ennui est un défaut majeur -même si très banal- pour un jeu quel qu'il soit, du moins ce Styx 2 a-t-il le bon goût de ne pas être agaçant -ou rarement- manette en main, ce qui serait pire encore ; dans ce STSOD on perd quand on joue mal, essentiellement) compensent-ils les mauvais, à défaut de les faire oublier ? La réponse est forcément subjective, et dépend sans doute du nombre de jeux d'infiltration auxquels vous pouvez comparer celui-ci. Pour ma part j'ai trouvé la proposition très honnête, et même audacieuse par son absence de compromis.
Pour résumer : pas encore un jeu d'enfer, mais qui coule de source... Une très belle surprise en tous cas, qui pâtit essentiellement, outre la grande médiocrité de son scénario, du "surnotage" d'autres jeux beaucoup moins bons que lui.
Notez qu'il faudra régler la luminosité au maximum dans les menus du jeu, et désactiver les cinématiques de Game Over (via la mise à jour) pour profiter pleinement de l'expérience.
POINTS FORTS :
- La réalisation globale, sans éclat mais rarement prise en défaut
- Le level design assez fou, qui tire le plus grand parti de la modelisation 3D
- Les musiques bien senties…
POINTS FAIBLES
- … Dans les limites imposées par le genre "infiltration"
- Répétitif au bout de quelques heures d'une partie, du fait surtout du manque d'aboutissement dans la conception du gameplay, spécialement dommageable pour un jeu qui ne fait pas de compromis