Pour des raisons qui restent encore inconnues, Konami a décidé de priver les joueurs européens du troisième volet de Suikoden . Lorsqu'on entendit parler de Suikoden IV entre 2004 et 2005, la question restait entière : allait-il cette fois sortir chez nous ? La réponse fut oui. A vrai dire, s'il est fâcheux que nous ayons zappé un épisode, cela n'a pas de conséquences directes sur la chronolgie de la série.
Dire que cela s'annonçait bien, car ce serait un épisode se déroulant dans un univers maritime, et j'adore la mer. Mais au final, le tout s'est révélé très décevant. Explications.
Suikoden IV se passe chronologiquement plus d'un siècle avant les événements du premier volet de la série, dans les îles du Sud, archipel mentionné par Shu dans le second volet. Vous venez de passer brillamment l'examen de l'académie militaire maritime pour devenir marin à part entière, accompagné de votre meilleur ami, Snowe Wingerhut, ainsi que de quelques autres. Après la fête de votre remise du diplôme, vous partez pour votre première mission. Le seul problème, c'est que vous faites la rencontre du pirate Brandeau, terreur des mers. Qui laissera en héritage suite à sa mort, un bien lourd fardeau, la rune du châtiment à Glen,votre supérieur. Les pirates réclamant vengeance, ce dernier utilisera son pouvoir hérité bien malgré lui, mais au prix de sa vie. Vous étiez à ses côtés, et bien entendu, c'est à vous que la rune échoit ensuite... Vous serez vite accusé de meurtre et condamné à l'exil. Votre rune est à double tranchant : elle dispose de pouvoirs très puissants, mais elle draine petit à petit la vie de celui qui la porte...
Oh mon bateau...
L'environnement de ce Suikoden se déroule dans un univers insulaire, avec différentes îles. Résultat, votre QG, que vous aurez assez tôt, ne sera pas un château comme les épisodes précédents, mais un navire. Un navire dans lequel vous devrez recruter les 108 étoiles de la destinée, une fois que vous vous êtes rendu compte qu'une guerre commerciale oppose les différentes nations et que votre patrie n'était pas forcément du bon côté...
Pour rallier les îles, évidemment, vous devrez naviguer sur votre navire. Certaines étant très éloignées, j’aime autant vous dire que vous y passerez du temps ! Votre bateau est, de plus assez lent et pas facile à manœuvrer. Il suffirait que la manette PS2 soit à retour de force pour se forger des biceps d'enfer... De plus, vous ne pouvez accoster qu'à un seul endroit d'une île. Le tout pourrait se résumer à une balade bien pépère sur les océans, s'il n'y avait, évidemment , pas les combats aléatoires... Et il seront nombreux, car la fréquence de ceux-ci est extrêmement élevée. Parfois, vous sortirez à peine d'un d'entre eux qu'un autre se déclenchera presque aussitôt. Désolé, mais un tel rythme, ça m'énerve. Tiens, puisqu'on en est là, je vais vous en parler des combats. Vous allez voir qu'il n'y a pas que du bon.
Les batailles aléatoires classiques ne proposent plus que quatre personnages combattants, sur une seule ligne, et deux personnages en soutien. Pourquoi avoir fait ça ? Certes c'est rapide, mais là, c'est limite à ranger dans les systèmes classiques de jeu... la notion de portée d'arme n'a alors plus de sens. D'autant que les attaques combinées ne se déclenchent que selon les affinités que vous avez avec vos équipiers. Autrement dit, il faudra attendre plusieurs batailles avant de faire une attaque avec un autre personnage. On notera aussi le remplissage progressif au fil des batailles d'une barre permettant une attaque collective. On retrouve bien entendu le système de rattrapage d'XP propre à la série.
Les duels sont toujours présents, mais assez peu nombreux. Pas bien durs, pas de grand changement à part le fait qu'ils soient mieux chorégraphiés, mais d'un côté, nous sommes sur PS2, n'est-ce pas ?
Le principal changement reste sur les batailles d'armées, qui deviennent des batailles navales. Bien pensées, elles restent néanmoins par trop faciles, ce ne sera pas comme dans un Skies of Arcadia où vous deviez bien planifier les actions lors de telles bataille. Cependant, en cas de gros revers, les assaillant pourront aborder votre navire. Un bon point, mais pas révolutionnaire.
Le système de bataille veut faire dans le changement, mais force est de constater que la plupart des idées tombent à plat.Dommage je n’aurais pas été contre un système assez poussé.
Vogue la galère..
Le problème, c'est que le jeu ne se rattrape aucunement sur le plan technique. Au niveau des graphismes, j’ai rarement vu aussi mal optimisé. Pour un jeu datant de 2004, désolé mais voir de l'aliasing partout, ça fait mal. Le jeu n'est pas abouti et les environnements sont souvent vides. Le chara-design du héros est moche en polygones, on a vraiment du mal à s'identifier à lui. Seul les artworks qui s'affichent lors des dialogues valent le coup. Pour le reste, la représentation lacunaire de la mer, le design déjà vu des ennemis achèveront de décevoir les fans. Si sur 32 bits, les deux premiers Suikoden pouvaient ressortir l'excuse du charme 16 bits d'antan, sur PlayStation 2, un tel raté technique, ça a du mal à passer, à croire que l'argent à ce niveau a été donné à au développement de Metal Gear Solid 3... Remarquez, entre la mùer et le ciel, le jeu est très bleu.
Les musiques ne m'ont pas laissé de souvenirs impérissables. Suikoden IV dispose de musiques d'ambiance, mais pas de thèmes marquants à part le thème d'intro .Là aussi, c'est dommage. Cependant, maintenant les personnages parlent. Bien entendu, avec les voix américaines pour l'Europe.Cela apporte un univers plus vivant, ce n'est pas forcément un mal. Les bruitages sont en revanche assez peu nombreux.
La jouabilité est sujette à caution. Si entrer les commandes dans les combats ou parcourir les îles à pied ne pose pas de soucis, le maniement de votre bateau s’apparentera plus à une galère. C'est lent, c'est lourd, et au lieu d'avoir un voilier fendant les flots, nous avons un gros pachyderme marin qui se traine. Même accoster sur une île sera une épreuve. Je sais qu'un bateau, c'est lourd, mais je ne m'attendais pas à retrouver un tel réalisme dans ce jeu, d'autant que les combats aléatoires tous les deux mètres n'arrangeront rien. Les menus de jeu sont un peu vides....
La durée de vie en fait un Suikoden un peu court. Je l’ai terminé en 27 heures ( et des brouettes) en prenant le temps de recruter les 108 étoiles. J'ajoute que j’ai failli abandonner plusieurs fois, à cause de combats dans lesquels au final on éprouve plus aucun plaisir à force de leur fréquence et des actions répétitives. De plus, la moitié des étoiles n'a, objectivement, aucune raison de rejoindre votre cause.
Le vide est inhérent au scénario. Alors que ça commençait bien, il y a un gros coup de mou dès que vous avez votre bateau-QG. L'intrigue ne décollera plus jusqu'à l'assaut final sur El-Eal . Ça fait peu, vous ne trouvez pas ? C'est superficiel, et il est dommage qu'il n'y ait pas un fil rouge digne de ce nom qui tienne le joueur en haleine. Cependant, il faut souligner que le jeu a bénéficié d'une bonne traduction en français.
Verdict :
Quel dommage. Pour sa première venue sur PS2 en Europe , la série des Suikoden rate le coche et offre un épisode bien faiblard par rapport à ses prédécesseurs. La réalisation qui manque de finition, un gameplay mal pensé, un scénario et une durée de vie en deçà de ce qu'on pouvait attendre, font de Suikoden IV un épisode dispensable, une erreur de parcours dans la série. Ce qui est bête, c'est qu'on arrive a sentir que le résultat n'est pas à la hauteur des ambitions. A vous de voir, si vous êtes curieux, mais ce serait dommage d'investir dans ce titre, en sachant qu'il y a des jeux dans le genre beaucoup plus intéressants sur cette console.
Points Positifs :
L'intro
Toujours 108 personnages à trouver
Les batailles navales, ça change.
Bonne traduction
L'univers maritime, une bonne idée...
Points négatifs :
...Mais trop mal exploitée.
Les graphismes : C'est la PS 2, ça ?
Aliasing omniprésent
Le héros n'a aucun charisme.
Beaucoup trop court
Fréquence des combats trop élevée.
Le bateau est une galère à manœuvrer.
Scénario trop mou et faible.