Si on m'avait vendu Sundered sur son simple speech, pas certains que je m'y serais intéressé. Un jeu qui mélange du metroidvania et du roguelite, le tout dans un univers aux influences lovecraftienne... Autant dire que ma grille bingo du parfait petit jeu indé commençait à bien se noircir.
Sauf que Sundered a un atout : sa DA. J'avoue avoir acheté le jeu "à la vignette" (fut un temps c'était à la jaquette, je suis décidément vieux), le tout appuyé par des captures d'écrans forts alléchantes. Comme quoi, le visuel ça a quand même son importance.
Le joueur incarne Eshe, une jeune femme perdue dans une tempête de sable qui se retrouve prisonnière d'une sorte de dimension parallèle. Aidée d'une mystérieuse entité (dont la voix laisse clairement comprendre qu'elle n'est pas un modèle d'altruisme), notre aventurière va devoir parcourir des terres hostiles, où l'espace et le temps se sont faits la malle.
Si l'univers demeure volontairement opaque (bien qu'on est droit quelques morceaux de lore), on comprend très vite ce que le jeu a à proposer : il se compose de trois régions distinctes qui ont la particularité d'évoluer au fil de nos défaites. Chaque région a des zones fixes et c'est l'architecture au sein de ces zones qui se modifient. Notre objectif sera d'y collecter diverses compétences, afin de toujours progresser plus profondément. Et au passage, mettre quelques mandales à d'imposants boss et hordes d'ennemis.
Plus Roguelite que Metroidvania, les premières heures de Sundered se révèlent plutôt réussies. Le jeu est vraiment très beau, Eshe se manie bien et les premières compétences proposées rendent ses déplacements encore plus fluides. On découvre également un bel arbre de compétences, qui promet une durée de vie conséquente. Sauf que la réalité est tout autre.
Effectivement Sundered pèche au niveau du contenu. Nous avons droit à seulement 3 zones (que l'on peut visiter à loisir) et une fois la majorité des compétences débloquées, on en fait vite le tour. L'arbre de compétences se remplit assez vite également, car le jeu n'est pas punitif pour un sou et tous les éclats ramassés seront obligatoirement réinvestis.
Les dits éclats se récupèrent dans les niveaux, mais surtout lors des combats contre les ennemis. Ces derniers composent un bestiaire fort sympathique et très varié. Sauf que réside ici le gros problème de Sundered. Le studio Thunder Lotus fait le pari de faire dérouler les combats dans une configuration très précise : la horde. Très régulièrement durant votre exploration, un gong retentira, annonçant l'arrivée en masse d'une horde d'ennemis. Et quand je dis en masse, c'est un doux euphémisme.
Franchement, c'est sans doute une des pires idées que j'ai vu dans un jeu ces dix dernières années. Les premiers affrontements se révèlent chaotiques et ultra punitifs, nous obligeant un retour à la case départ systématique pour utiliser les quelques éclats que l'on a glané, en espérant que ça passera au prochain combat. Et ça finit par passer, fort heureusement. Car dès que notre arbre de compétences commence à bien se remplir, les ennemis ne seront que de la chair à canon malgré leur nombre.
Mais cela met en lumière une vraie problématique de gameplay : il n'y a aucune stratégie. Dans 90% des cas, le joueur sera amené à marteler la touche action pour rapidement faire le ménage, la topographie permettant rarement une autre méthode que le bourrinage de base. On apprend donc pas à mieux connaître nos adversaires, on se contente d'améliorer les stats de notre personnage pour qu'il s'en débarrasse plus vite.
Et c'est vraiment regrettable quant on voit le soin apporté aux combats de boss. Ces derniers ne sont pas très nombreux mais chaque affrontement se veut unique. C'est face à eux que l'agilité d'Eshe sera la plus mise à contribution et que l'on pourra enfin avoir la satisfaction de tataner du stremon.
Résultat des courses, et ce malgré un univers vraiment séduisant, Sundered peine à sortir du lot par manque de contenu et se boucle en une dizaine d'heures. Le jeu aurait clairement mérité une quatrième zone et ce n'est pas l'ajout de quelques défis et d'un boss optionnel dans l'édition Eldritch qui permettra de se rassasier. Vraiment dommage lorsque l'on voit le soin apporté à la DA, aux combats de boss, ainsi qu'à la possibilité de débloquer 3 fins différentes.
Le jeu peut trouver son public et il a suffisamment de qualité pour ne pas être oublié au fond de votre bibliothèque virtuelle. Mais sans doute que comme moi, vous risquez de rester sur votre faim.