....Mais d'où il les sort, toutes ces armes ?
Back in days, Capcom ne se fichait vraiment pas de la tête des joueurs. Des jeux de qualité qui ne se finissaient pas en deux-temps-trois mouvements et qui proposaient une difficulté réelle : Capcom est probablement la boite d'édition qui a popularisé le hardcore-game. Aujourd'hui, quand on voit Resident Evil 5... Enfin bref, ne tirons pas sur l'ambulance.
Super Ghouls n' Ghosts, dont le préfixe indique la console de portage, est le remake de Ghosts n' Goblins, sorti tout en passant inaperçu sur Famicon. Ce jeu est aujourd'hui considéré comme un véritable classique, mais très peu de gens y ont réellement joué.
Vous incarnez une nouvelle fois le vaillant chevalier Arthur, qui doit parcourir le terrible monde des Goules pour secourir sa bien-aimée princesse Guenièvre qui s'est faite kidnapper. Comment ça, "pas original" ? Arthur rencontrera sur son chemin une tripotée assez flippante de monstres en tous genres. Cela va classique du zombie-qui-sort-de-son-cercueil-qui-sort-de-terre ou du piranha qui vole, au loup-garou qui crache du feu en passant par la tête de mort sur pied qui... qui... qui crache du feu aussi. A la fin de chacun des 7 mondes, un boss de fin peu sympathique attend notre héros pour lui faire passer un sale quart d'heure.
Pour zigouiller cette véritable plèbe de bestioles patibulaires, Arthur dispose de différentes armes aléatoirement trouvées dans des coffres, et à la hitbox extrêmement variable. Ca va du javelot de base qu'on possède au départ, aux flèches (lancées à main nue !) en passant par la faux, la hache, le cocktail molotov bénit, etc... Notez que toutes ces armes sont des armes de LANCER ! L'enjeu sera donc de garder ses distances tout en envoyant la purée. Il sera également possible d'upgrader l'armure, ce qui upgradera seulement l'arme... Bon, ne cherchez pas la logique, c'est un jeu vidéo.
Si je parlais tout à l'heure de hardcore-game, ce n'est pas pour rien. Il est rare qu'un jeu au gameplay en apparence si simple et attractif puisse vous faire sombrer à ce point dans la déprime. Même au niveau minimal de difficulté, passer le premier niveau d'une traite demande à bien retrousser ses manches, tandis qu'au niveau deux on commence déjà à mordre son poing. On peut avoir jusqu'à huit vies, mais celles-ci s'envolent vraiment vite et bêtement. Heureusement, il y a des 'continues', histoire de ne pas avoir à reprendre le jeu au début tout de suite.
Qu'est-ce qui rend le jeu si dur ? Pour commencer, vous n'avez le droit de vous faire toucher qu'une fois ; après quoi votre armure est détruite et vous vous retrouvez en caleçon. Faites-vous frôler les cheveux une fois de plus par une mouche (pour peu qu'elle soit zombie) et vous vous changez instantanément en une squelette poussiéreux. Et si vous upgradez votre armure, rien n'y fait : un seul coup, et vous vous retrouvez direct en falzar.
Ensuite, les sauts de notre cher Arthur sont extrêmement sournois. Une fois en l'air, impossible de vous déplacer, et ça demandera de votre part une capacité de calcul de vos déplacement absolument atroce. Le jeu vous accorde dès le début la capacité de faire un double saut, mais c'est là encore terriblement piégeur et très peu maniable.
Vos ennemis sont incroyablement nombreux, et certains popent au milieu de l'écran par magie. Peu s'en faut pour que par mégarde vous vous voyiez obligé de sauter dans tous les sens pour éviter les retombées d'un véritable gang-bang de monstres. et pour peu que vous eussiez à faire des aller-retours, certains réapparaissant au bord de l'écran bien que vous les ayez déjà laminés un peu avant. Ajoutons à cela les monstres qui se déplacent un peu partout et un peu n'importe comment (mention spéciale à ces foutus démons volants), et vous assisterez impuissant à un viol en direct.
Comme si cela ne suffisait pas, aller au bout du jeu une fois ne signifie pas que vous avez fini le jeu. Une fois arrivé à la fin du 7ème niveau, vous êtes renvoyé au début du jeu au nom d'une excuse scénaristique pour tout refaire et enfin mettre sa trempe au boss de fin. Or, vos vies et continues ne sont pas rétablis et vous ne disposez d'absolument AUCUN système de sauvegarde. Tout doit être fait d'une traite, alors réservez-vous la soirée ou l'après-midi.
Difficile d'avoir la bonne arme au bon moment, et les armures sont rares. D'autant plus que certains coffres, au lieu de faire apparaitre un bonus, font surgir un magicien salaud qui vous change en bébé, en vieillard ou en otarie, ou parfois un piège à ours. Ce n'est ma foi pas très civil.
Au final, la difficulté vraiment poussée du jeu vous poussera à connaître chaque niveau sur le bout des doigts, quitte à mourir encore et encore et encore. Vous pourrez alors calculer à l'avance qui ou ce qui va vous tomber sur le coin du carafon.
Niveau sonore, les musiques sont, on peu le dire, de qualité. Le thème principal du précédent jeu a été remixé et a désormais plus de gueule. D'autres thèmes inédits comme celui de l'estomac de la Goule sont réellement divertissants. D'autres, par contre, ne se détachent pas vraiment du lot. Les effets sonores sont quant à eux médiocres. On attend quand même mieux d'un jeu Super Nintendo et on a parfois l'impression d'entendre les sons brouillons d'un jeu de Megadrive.
Du point de vue de l'ambiance du jeu, on est sur du solide. Orientée sur l'épouvante autant que sur l'humour et agrémentée de graphismes harmonieux, elle donne l'impression de traverser un livre d'images pour adultes.
Le jeu est sympa, et on peut aisément s'y amuser. Mais c'est dur, dur, dur, dur, dur. Parfois trop pour que ça soit vraiment plaisant. Les hardcore-gamers, eux, pourront s'amuser sur celui-là. Allez-y, mais prudemment.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.