Des avantages et inconvénients d'un titre parfaitement calibré
Quand on est possesseur d'une Wii U, de temps en temps, on souffre un peu socialement. Pas plus tard qu'hier, un ami me recommandait sur le mode badin de bien profiter des derniers titres Nintendo avant que la boîte ne ferme ... Et là, quand on est un consoleux élevé à la Super Nintendo, aux Mario et aux Zelda, on constate qu'effectivement la Wii U présente aujourd'hui un défaut de positionnement dans le monde du jeu vidéo.
Mais c'est pas grave : on y croit !
Et fort heureusement, de temps en temps, il y a des raisons d'y croire. Car acheter une console Nintendo, c'est avant tout se mettre dans la position de pouvoir jouer à toutes les licences qui ont fait le succès de l'éditeur nippon. De la qualité, mais un manque - c'est certain - d'originalité. Voilà que nous avons déjà effleurer une bonne synthèse de ce qu'est Super Mario 3D World ...
SM3DW est donc le 6ème épisode de la saga Mario avec un habillage et un gameplay 3D. Il s'inscrit effectivement dans la lignée de l'opus Super Mario 3D Land sorti il y a presque 2 ans sur Nintendo 3DS et se rapproche finalement plutôt, pour les plus anciens, de l'opus mythique sur Nintendo 64. On y retrouve une structuration classique en niveaux, éloignée de l'aventure plus "scénarisée" (avec toutes les limites du terme inhérente au genre) d'un Super Mario Sunshine ou de l'originalité de gameplay et de level design des deux épisodes Galaxy.
Et dès le début, on rencontre une surprise de taille, qu'on avait pas vu venir, et qui va presque jusqu'à révolutionner la série. La princesse Peach ... ne se fait pas enlever par Bowser !!!! INCROYABLE ! A la place, notre gros dragon vert va plutôt tourner son agressivité légendaire vers des petites fées dont on ne capte pas bien l'utilité mais qui ont l'air de faire dans la réparation et la construction de tuyau. De la concurrence déloyale pour notre héros dont on rappellera que le métier, avant le show business, était quand même plombier, mais nous nous écartons du sujet ... Ce petit événement aura néanmoins pour conséquence de permettre à chaque jouer d'incarner l'un des quatre personnages mis à disposition, à l'exemple de ce qui avait été fait dans Super Mario Bros. 2 (Mario Madness) à l'époque de la NES, avec des petites spécificités de maniabilité pour chacun (là aussi comme dans Super Mario Bros. 2, tout pareil !).
Passé l'introduction prétexte - comme dans tout Mario qui se respecte - on passe au coeur du sujet et au jeu à proprement parlé. Sur ce point, beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites et je ne serai pas particulièrement original.
Déjà, c'est assez beau. Ça fait plaisir, pour les anciens, de voir évoluer Mario et sa fine équipe dans des décors HD bien agréables à l’œil et colorés. Evidemment, certains continueront à considérer qu'on est dans un registre bien trop enfantin pour être crédible, mais jouer à Mario c'est aussi ça : passer un bon moment de savatage de goomba et de tortues vertes dans le Monde Champignon. Si vous voulez absolument des grosses explosions, de la testostérone et un M-16 dans les mains, jouez plutôt au énième épisode de Call Of Duty !
Il en est de même du côté des musiques, qui ont le mérite d'offrir une alternative aux thèmes qu'on entend en boucle depuis l'émergence des New Super Mario Bros., qui sont plutôt entraînantes, joyeuses, et qui restent bien en tête, mais qui n'égalent pas, selon moi, la qualité de l'OST de la série Galaxy.
Mais c'est bien sur dans le gameplay et le level design que cet épisode de Mario brille, avec des niveaux mettant bien en valeur les capacités techniques offertes par la nouvelle console de Nintendo. Encore une fois, en comparaison des titres Next-Gen, rien d'exceptionnel, mais rarement dans un Mario on aura autant eu le sentiment de profondeur des niveaux. Nintendo connait sa musique et la partition est écrite avec une grande maîtrise du sujet, même si, au final, pour l'ancien joueur de Mario que je suis, il n'y a finalement aucune découverte, mais plutôt une exécution maîtrisée d'un sujet en phase d'approfondissement depuis presque 30 ans.
Donc, bien entendu, on a droit à du niveau en sous-sol, du niveau aérien, de la lave, de l'eau, les Frères Marto et Pyro. On a vraiment un sentiment très chouette de parcourir ces contrées. Et je tiens à souligner que le jeu dispose de vrais boss qui sont (un tout petit peu) originaux, à l'encontre du recyclage qu'on avait vécu, par exemple, sur New Super Mario Bros. 2 sur 3DS.
Une petite mention (car le concept est finalement devenu assez banal dans les Mario récents) sur l'axe coopération en local du titre, qui se joue par nature à plusieurs, avec des petites fonctionnalités bienvenues, mais qui devront nécessairement être un peu poussées dans les prochains opus, comme le comparatif de score à la fin de chaque niveau ou encore la petite couronne qui sera décernée au gagnant de ce concours. Sympa ...
Je ne m'étendrais pas trop sur l'argumentation autour de la difficulté du jeu, trop faible pour de nombreux joueurs qui se sont exprimés, notamment sur ce site. Comme j'ai pu l'exposer dans ma critique sur New Super Mario Bros. U, je me l'explique par la volonté de Nintendo de suivre les joueurs qui ont démarré sur NES ou Super Nintendo, et qui sont devenus aujourd'hui pour certains des jeunes parents, ainsi que d'élargir la cilble familiale de leurs licences (et l'air de rien, parcourir Super Mario 3D World en coopération locale avec des joueurs un peu débutants, ça demande de la concentration).
Si je devais émettre un regret, outre bien sur l'aspect systématique de cet épisode, c'est que Super Mario 3D World est un peu chiche en matière de "secrets". Il y a bien les différentes étoiles vertes à découvrir plus ou moins facilement dans chaque niveau, plus les petits tampons qui permettent de publier des petites illustrations rigolotes sur le MiiVerse. Mais pour moi, les Mario, c'est des passages secrets qui mènent vers des fins alternatives, les warp zone, les maisons de Boo et leurs labyrinthes. Et sur ce point, cet épisode est malheureusement plutôt en retrait (et pour la petite anecdote, c'est le grand trip de mes gamins que de découvrir ou d'aller chercher sur Internet les passages secrets dans les Marios).
Mais il n'est point nécessaire de bouder notre plaisir. Dans la lignée de cette tradition que nous connaissons parfaitement aujourd'hui, Super Mario 3D World est un très bon jeu de plate-forme, parfaitement - voire trop bien - calibré, joyeux et coloré, qui vous permettra de passer de bons moments sur votre Wii U à plusieurs joueurs.
Et passer des bons moments à plusieurs sur nos consoles, on l'a peut-être oublié, mais c'est au coeur des valeurs du jeu vidéo.
Edit du 09/02/2013
J'ai décidé après réflexion de monter la note de Super Mario 3D World de 1 point. La motivation principale, c'est qu'en terme de contenu, on s'est pas foutu de notre gueule. Le parcours "classique" n'est pas beaucoup plus long que ce qu'on a l'habitude de voir et finalement pas bien difficile, mais rajoutez y un traditionnel Monde Etoile à la difficulté plus prononcée plus quelques autres mondes bonus après cela où l'on retrouve les sensations de difficulté d'il y a quelques années.
Et ça fait du bien. Il y a du challenge et c'est cool. D'autant plus que pour ouvrir l'ensemble des mondes bonus, il faudra partir à la chasse aux étoiles vertes et sûrement refaire quelques mondes où l'on est passé à côté.
Et c'est là un autre point positif pour le titre. D'habitude, me re-farcir des mondes joués, c'est pas trop mon truc, mais là je me prête au jeu avec un certain plaisir, d'autant plus que certaines étoiles sont habilement cachées.
Dans une période où la franchise nous avait habitué à une certain paresse, je trouve à SM3DW des qualités que je n'avais pas perçues depuis quelques générations. D'où la volonté de tirer sa note vers le haut !
