13 septembre 1985. Le Japon découvre LE jeu qui changera à jamais les codes de la plateforme 2D. Son nom : Super Mario Bros. Son héros : Mario. Ce bedonnant petit italien moustachu n'en est pas à son coup d'essai : on l'a déjà aperçu dans Donkey Kong en tant que charpentier, dans Wrecking Crew en tant que démolisseur, dans Donkey Kong Jr. en tant que euh…bourreau ? Braconnier ? Petnapper ? Enfin bref, il trouva finalement sa voie, la plomberie, dans Mario Bros.…
Et justement, à ce propos, qu'est-ce qui a fait qu'on est passé d'un jeu potable (Mario Bros. donc) à ce jeu culte, pierre angulaire de tout un genre, qu'est Super Mario Bros. ? Même héros, même genre, même univers… Après y avoir quelque peu réfléchi, la réponse est venue d'elle-même : il a transformé le genre, en empruntant de nombreux codes d'un autre genre plutôt populaire à l'époque, mais complètement tombé en désuétude aujourd'hui : le Shoot'Em Up.
Non, non, ceci n'est point une blague. Première preuve : la façon d'affronter les ennemis. Dans un platformer classique comme Pitfall! par exemple, on doit les esquiver ; dans SMB, on peut les vaincre…comme dans un shmup. Deuxième preuve : l'ajout des power-ups. Le champignon ? Il permet de se prémunir d'un coup, exactement comme un bon vieux bouclier. La fleur ? Elle agit comme une sorte d'upgrade de notre arsenal d'attaque, essence-même de nombreux shooters. L'étoile ? Une invincibilité temporaire, bonus là encore présent dans de multiples shmups… Troisième et dernière preuve : le scrolling continu, habituel apanage des jeux de tir, inédit en 1985 dans un platformer (à ma connaissance)…
SMB introduit en outre plusieurs mécaniques nouvelles qui nous paraissent tellement logiques aujourd'hui : ainsi, Mario ramasse 100 pièces ? Hop, cadeau, une vie supplémentaire. On ajoute un bouton de course ? Hop, combiné au bouton du saut, Mario saute plus haut et plus loin… Je pense également que c'est le premier jeu du genre à proposer des warp rooms, en plus des traditionnelles zones secrètes à débusquer…
De même, comme l'a si bien souligné l'ami Debbache, le design est exceptionnel pour l'époque, level comme chara. Les goombas ont une forme de bumper ? Il est naturel de vouloir sauter dessus… Les koopas laissent leur carapace une fois assommés ? Il est humain d'avoir enve de shooter dedans… De la même manière, les tuyaux, de par leur forme longiligne, incitent à essayer de s'y immiscer… Les power-ups sont logés à la même enseigne : une fleur multicolore ou une étoile avec un grand sourire, dans l'esprit du joueur, ne peuvent décemment pas mauvais…ce qui d'ailleurs a fait que 99 % des joueurs se sont faits avoir par le champignon vénéneux de SMB2 (The Losts Level chez nous)…
Côté réalisation, c'était le top du top en 1985, et ça a donc relativement bien vieilli. Ça manque peut-être d'un soupçon de diversité -surtout à côté de ses suites ou de séries plus récentes comme Castlevania ou Mega Man- avec sa continuelle alternance verdure / monde souterrain / forteresse (et quelques niveaux aquatiques) et d'un soupçon de verticalité. Le bestiaire est quant à lui autant disparate que nombreux, composés entre autres de goombas (châtaignes), de koopas (tortues), de cuirassés, de poissons volants, de pieuvres et de plantes carnivores… Dommage par contre, que Bowser soit le seul et unique sempiternel même boss du jeu…
Au niveau musical, c'est très correct, à tendance culte. Chaque environnement bénéficie de son propre thème, qui ne repop pas trop vite (sauf peut-être celui du monde souterrain). Les bruitages sont très bons, et certains sont même instantanément reconnaissables pour un habitué de la série, tel le "boing" lorsque Mario saute…
Enfin, la durée de vie est également de très bonne facture, puisqu'on explore 8 mondes de 4 niveaux chacun, soit la bagatelle de 32 niveaux, ce qui est proprement hallucinant pour l'époque. Qui plus est, des niveaux recélant de zones secrètes et de warp zones en tous genres. On remarque aussi une courbe de difficulté très bien calibrée, qui monte exponentiellement, de même que la possibilité d'y jouer à deux, bien que ça n'y soit malheureusement qu'en alternance…
Mais finalement, la plus grande qualité de ce Super Mario Bros. est d'être encore digne d'intérêt à l'heure d'aujourd'hui, sa maniabilité restant un modèle du genre. Ceci dit, je conseillerais plutôt la version Super Nintendo issue de Super Mario All-Stars, pour un confort -visuel- supplémentaire…
NB : Évitez par contre la version Game Boy Color : la caméra est trop proche de l'action, et le feeling des sauts est très étrange… Difficile d'être plus explicite, disons qu'un habitué le remarque très vite "manette" en main…