Super Mario Bros. Wonder
7.8
Super Mario Bros. Wonder

Jeu de Nintendo EPD et Nintendo (2023Nintendo Switch)

Temps de jeu : 20 heures
Mon vingtième Super Mario
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#100]

Avec quatre épisodes en six ans, impossible de nier à quel point la série des New Super Mario Bros. a pu être prolifique tout en restant qualitative. Il n’empêche, si l’on demande à un fan de longue date du plombier moustachu ce qu’il retiendra de cette période faste, c’est davantage un souvenir doux-amer. Bien au-delà de leur force ludique indéniable, il faut en effet reconnaître que chaque épisode restait bien trop timide lorsqu’il s’agissait d’apporter de véritables nouveautés dans leur gameplay. Pire encore, les New Super Mario Bros. souffraient d’une esthétique lissée, pour ne pas dire insipide, quasi identique d’un opus à l’autre. Avec Super Mario Bros. Wonder, Nintendo semble vouloir mettre un coup de pied dans la fourmilière, notamment en replaçant le sentiment de surprise au sein d’une formule qui jusqu’alors se reposait sur ses acquis. Onze ans après la sortie initiale de New Super Mario Bros. U, les nouvelles aventures de Mario et ses amis débarqueront enfin sur Nintendo Switch le 20 octobre prochain, pour un peu moins de soixante euros. Empli de bonne volonté et de promesses, s’est-il montré suffisamment bon pour être qualifié de « merveille » ? Éléments de réponse dans ce test.

Histoire de Babario, le petit plombier

Situation rare, mais pas inédite, l’intrigue de Super Mario Bros. Wonder ne prend pas place au sein du royaume Champignon, mais bel et bien dans le royaume des Fleurs, contrées du prince Florian. Comme toujours, Bowser n’est jamais bien loin, prêt à semer le chaos sur sa route. Cette fois-ci, la cible du roi des Koopa ne s’apparente nullement à une princesse trop souvent captive de ses griffes, mais davantage à une fleur capable de modifier la réalité. Prodigieuse, cette dernière lui permettra même de fusionner avec le palais royal du prince Florian, se transformant en forteresse volante… et vivante ! Le temps passant, le furieux reptile développera une force suffisante pour mettre le monde sous son joug. Face au danger pressant, c’est à Mario et ses amis que revient le devoir de se défaire de leur redoutable adversaire. Quant au prince Florian, il accompagnera le petit groupe dans son long et périlleux voyage au sein du royaume des Fleurs, riche en événements pour le moins inattendus.

Dès notre arrivée en ces lieux, impossible de ne pas retenir son enthousiasme face à la découverte du titre. Avec un nouveau cadre, la production de Nintendo nous offre forcément de nouveaux environnements ; si on n’échappe pas aux sacro-saints mondes désertiques, enneigés ou volcaniques, le petit artisan s’est efforcé de proposer de nouveaux panoramas, plutôt uniques vis-à-vis de l’historique de la franchise. Très joli dans son ensemble, Super Mario Bros. Wonder brille bien plus grâce à sa direction artistique que par sa technique, finalement assez classique. À mille lieues des insipides tableaux des New Super Mario Bros., Wonder enchaîne et tente de nombreuses choses, à l’image du troisième monde et de ses paysages isométriques, de ses phases musicales pouvant rappeler les derniers Rayman, de ses alternances entre premier et arrière-plan façon Kirby sur Nintendo 3DS, ou encore de ses niveaux ombreux où nos héros apparaissent sous formes de silhouettes, à la manière d’un Donkey Kong Country Returns. De notre côté, on adore tout particulièrement le travail effectué sur les animations du jeu, nombreuses et réussies, qu’il s’agisse d’une casquette rattrapée en plein vol à l’entrée d’un tunnel, d’un Goomba réveillé brutalement ou d’un personnage en forme d’éléphant qui peine à passer une porte, la faute de son imposant tour de taille.

Chenille comprends plus rien

Des idées visuelles et de gameplay, Super Mario Bros. Wonder en déborde. Jouable d’un à quatre joueurs en local ou en ligne, le but ultime reste d’atteindre Bowser et de le vaincre. En chemin, il faudra venir à bout de plusieurs dizaines de niveaux, mais aussi d’épreuves plus concises, pour espérer mettre la main sur des graines prodiges, lesquelles déverrouilleront nouveaux stages, palais et autres mondes. Une desdites graines attend toujours les joueurs au drapeau de fin, certains niveaux en possédant parfois deux, tandis qu’une autre est enfermée derrière l’effet d’une fleur prodige, généralement placée en milieu de parcours. Une fois touchée, celle-ci transforme le monde qui l’entoure et déclenche des réactions inattendues avant que tout ne revienne à la normale une fois la graine récupérée. Mario et ses amis peuvent y être transformés en ballons ou en boulets piquants malgré eux, voir leur taille et celle des ennemis quadrupler, assister à une parade chantante de Plantes Piranha, chevaucher des tuyaux animés, ou encore courir sous une pluie de super étoiles pour devenir éternellement – ou presque – invincibles.

Si certains effets prodigieux peuvent se répéter sur plusieurs niveaux, à l’image des tuyaux animés ou celle d’un Mario gélatineux capable de s’accrocher à n’importe quelle paroi, difficile de nier la diversité folle proposée par les développeurs. Les fleurs prodiges ne se contentent pas de rester un simple gimmick oubliable, mais apportent une véritable pierre à l’édifice d’un épisode qui marquera à coup sûr sa génération. Sous leur effet, tout devient plus fou, notamment à travers une bande-son qui s’emballe de manière frénétique et tranche radicalement avec les compositions plus douces, presque folk, que le titre possède. Déjà iconique, le Ground Theme de Super Mario Bros. Wonder annonce la couleur, mais cache encore quelque surprises, notamment dans ses variations contextuelles : une fois la pomme d’éléphant récupérée et notre personnage transformé en pachyderme, une nouvelle plage sonore s’ajoute au morceau en cours, intégrant de nouveaux instruments à vent issus de la famille des cuivres. Barrissements, cuivres, vous l’avez ?

Wonder Plumber

Qui dit nouveau Super Mario Bros., dit forcément nouveau(x) pouvoir(s) ; à ce compte-là, Wonder n’en manque pas. On ne parle pas ici d’un seul nouveau costume dont l’effet serait presque similaire à celui du raton-laveur, à l’image de ceux du tanuki et de l’écureuil volant, mais bien de trois nouvelles formes. Comme son nom l’indique, la pomme éléphant donne à Mario l’apparence de l’animal éponyme. Capable de donner de puissants coups de trompe, lesquels peuvent éliminer nombre d’ennemis en un seul coup, mais aussi repousser des obstacles comme des boules à piques, cette nouvelle forme permet également d’absorber de l’eau et de la recracher pour étourdir des adversaires, faire éclore des fleurs ou éteindre des flammes. On aurait pu s’attendre à une altération de la physique du personnage, mais au-delà de la taille du personnage et de sa capacité à traverser deux blocs vides en courant (contre un habituellement), il n’en est rien.

La fleur à bulles, elle, permet de créer… des bulles ! Mario peut alors s’en servir comme plateformes rebondissantes, mais également comme d’une puissante arme offensive. Il suffit simplement de toucher un ennemi pour l’enfermer dans l’une d’elles et l’éliminer instantanément. Pratiques, puissantes, le plombier peut également effectuer un saut vrillé pour en créer deux autour de lui. Détail important : les bulles sont légèrement attirées par leur cible, ne demandant donc pas une précision chirurgicale de la part du joueur. Enfin, le champignon foreuse offre la compétence de creuser dans les sols et même les plafonds pour atteindre des passages autrement inaccessibles, mais aussi éviter des ennemis gênants comme les Hériss. Mieux encore, il permet de détruire d’un seul coup des blocs friables, mais aussi de vaincre des ennemis en les touchant de dessous ; assurément LE pouvoir qui nous a le plus convaincu, à la fois puissant, utile et très agréable à manipuler.

Les graines de la galère

Parmi les retrouvailles, il y a évidemment les éternels super champignons, les super étoiles, mais aussi la fleur de feu. Les champignons 1UP offrent quant à eux une vie supplémentaire par bonus ramassé, le système étant toujours d’actualité, ce qui n’est plus le cas du compte-à-rebours, lequel a été purement et simplement retiré pour offrir aux joueurs la possibilité d’explorer tranquillement les niveaux du titre. Un choix plutôt logique de notre côté, le timer étant finalement assez désuet en plus de n’atteindre que très rarement son décompte. Quant au système de vies, on n’aurait pas non plus été contre son retrait à la manière d’un Super Mario Odyssey. Plus que leur obsolescence, c’est surtout du côté de la difficulté du titre – revue à la baisse – que la question de leur présence peut se poser. Outre le manque général de challenge, Super Mario Bros. Wonder permet surtout de récupérer définitivement ou presque graines prodiges et grandes pièces violettes – il en existe trois par niveau – au lieu de devoir remettre la main dessus après une mort malencontreuse.

L’autre option de facilité réside au sein du système de badges, une grande nouveauté pour la série. Parmi une dizaine à débloquer, un seul peut-être placé sur la couronne du prince Florian pour bénéficier de son effet. Interchangeables entre deux niveaux, avant l’un d’entre eux ou après avoir trépassé, ils permettent, au choix, de planer après un saut, de nager plus vite dans l’eau, d’utiliser un grappin pour atteindre des plateformes éloignées, de détecter des secrets au sein d’un stage, de sauter plus haut après s’être accroupi ou encore d’attirer les pièces autour de soi. En réalité, dans les faits, ce nouveau dispositif de capacités actives et passives retire de nombreuses options de mouvements de base ou des pouvoirs présents dans de précédents opus, comme le triple saut ou ladite capacité de planer avec un chapeau (fichtrement similaire au costume de raton-laveur). On aurait préféré que ces badges se cantonnent à des capacités plus tertiaires, comme l’aimant à pièces, l’invisibilité, le détecteur de secrets ou la course automatique, plutôt que de réduire le champ des possibilités quant à la maniabilité du petit plombier moustachu.

Monts et merveilles

On regrette aussi que tous les personnages aient vu leurs caractéristiques physiques uniformisées, se jouant de fait de la même manière que Mario. Un casting lissé pour que chacun puisse incarner le héros de son choix sans se farcir une maniabilité différente, mais qui manque de versatilité et fera regretter leur absence aux fans de longue date. Comprenez par-là que Luigi ne possède plus un meilleur saut que son frère, que Peach ne plane plus après avoir bondi ou que Toad sprinte désormais aussi vite que le reste de la bande. En plus de ces quatre-là, il est également possible d’incarner Toadette, Daisy, Yoshi et Carottin, ces deux derniers ne prenant pas de dégâts de la part des ennemis et obstacles. Toujours est-il que le plaisir de jeu reste intact, la maniabilité parfaite y jouant pour beaucoup. Traverser les divers tableaux une fois les différentes possibilités assimilées révèle la qualité indéniable du level design, certes assez classique vis-à-vis de l’historique de la série, mais toujours aussi bien pensé. On peut toutefois noter de bonnes idées, comme des moitiés de tuyaux à pousser et à imbriquer à leur seconde partie, des blocs de gelée dans lesquels on peut se mouvoir à sa guise ou encore des cordes à tirer pour activer des plateformes ou faire apparaître des bonus.

Il est toutefois regrettable que parmi les différents niveaux du jeu, bon nombre d’entre eux ne soient en fait que de petites épreuves destinées à maîtriser les badges, des arènes où il faut éliminer tous les ennemis ou des « Intermèdes » se résumant à remplir un objectif assez basique, comme la recherche de collectibles invisibles. Non pas qu’ils soient foncièrement mauvais, mais leur intérêt tend vite à s’essouffler en comparaison de véritables stages, jusqu’à finalement être mis de côté par le joueur dans l’idée d’y revenir – peut-être – plus tard. Pour les plus jeunes ou les moins débrouillards, il s’agit là aussi d’un moyen de collecter rapidement une graine prodige sans trop de difficulté ; il faut toutefois débloquer leur accès, généralement disponible après avoir fini un niveau classique. Il est également possible d’en récupérer en discutant avec les habitants du royaume des Fleurs, les Poplin, mais aussi d’en acheter une par monde chez un marchand du coin en échange de pièces violettes (lesquelles sont plus rares que leurs traditionnelles cousines dorées).

Death Plumbing

Parmi ses nombreux points forts, Super Mario Bros. Wonder offre aux joueurs un bestiaire renouvelé avec de nombreux ajouts. Si certaines têtes connues reviennent sous une forme classique ou altérée (Koopa en rollers, Goomba, Plantes Piranha marchantes, Boo, etc.), nombre de nouvelles figures sympathiques sont à noter, comme les Bondiss sautant en réaction aux cabrioles du joueur, les Roulipo servant de trampolines, les Salabafres dévorant ennemis comme alliés en leur courant après, ou encore les Momitos qu’il faudra déshabiller en tirant sur leur bandelette. Assez court en ligne droite, le jeu demande entre six et huit heures pour atteindre les crédits de fin sans visiter tous les stages. Il en faudra évidemment bien plus pour les amateurs de 100 %, puisqu’en plus des collectibles, il leur sera demandé de remplir quelques conditions tout au long du titre, comme toucher le haut du drapeau de fin de chaque stage. Il existe même du contenu post-game à la difficulté bien plus relevée que le reste du jeu, de quoi donner un peu de fil à retordre aux experts de la série.

Jouable jusqu’à quatre en coopération locale, Super Mario Bros. Wonder abandonne l’idée de pouvoir attraper ses amis ou de leur rebondir sur le crâne ; ici, chaque joueur n’est affecté que par les plateformes et les ennemis. Seul Yoshi est capable de porter des alliés sur son dos, évitant de nombreuses prises de tête ou, tout du moins, un chaos certain lors de la traversée du jeu à plusieurs. En ligne avec des inconnus, Nintendo nous épargne un multijoueur à la Mario Maker 2, lequel souffrait des connections Internet de chacun et dont résultaient des simili-séances diaporama. Chaque étranger apparaît désormais sous forme de fantôme, leur seule interaction se résumant à poser divers panneaux (parmi une centaine à collectionner aléatoirement chez les marchands Poplin), lesquels servent de point de résurrection pour ceux tombés au combat. Avec des amis toutefois, la qualité du jeu en ligne dépendra de celle du réseau de chaque participant ; jusqu’à douze membres dans la même partie, mais limitée à quatre joueurs au sein du même niveau. Il est possible d’y jouer de manière classique, mais aussi de s’y affronter sur fond de course.

Conclusion

Entre tradition et modernité, Super Mario Bros. Wonder chamboule avec brio la formule de ses prédécesseurs sans pour autant la trahir. Si les bases solides de la franchise servent toujours de fondation, ce nouvel opus n'hésite pas à corriger les critiques retenues à l'égard des New Super Mario Bros., à commencer par sa direction artistique et son manque de renouveau. Visuellement plaisante, cette nouvelle aventure prenant place au sein du royaume des Fleurs s'octroie davantage de vie à travers des animations nombreuses et soignées, mais également une bande-son plus organique et des environnements uniques en leur genre. Toutes les nouveautés ne sont pas forcément brillantes, à l'image d'un système de badges finalement assez secondaire et castrateur pour le joueur et son panel de mouvements, ou encore de l'aspect factice des fleurs parlantes (elles peuvent même être désactivées dans les options), bien qu'elles apportent également une touche d'humour. Toutefois, difficile de nier l'efficacité des fleurs prodiges, franches réussites et loin d'être cantonnées au rang de simples gimmicks. C'est bien simple : avec elles et le talent certain des développeurs, cela faisait longtemps qu'un Super Mario 2D n'avait pas offert autant de moments de surprise à ses joueurs. Un titre puissant et inévitable pour quiconque possède la console, où l'inattendu est toujours attendu avec un enthousiasme sincère.

Créée

le 27 oct. 2023

Critique lue 224 fois

2 j'aime

Kalimari

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