C'est une de mes tendances du moment : combler quelques trous de mon histoire de joueur en découvrant très en retard certains titres majeurs à côté desquels je suis passé il y a quelques années. Et c'est Yoshi's Island qui y passe en premier.
J'avoue qu'à l'époque, j'en avais entendu parlé et avais lu quelques critiques dans la presse papier, mais je trouvais le concept un peu bizarre. La vie de la Super Nintendo était sur la phase descendante et je trouvais particulier, alors que le virage de la PlayStation avait démarré, de retrouver un titre avec Yoshi comme star. Et ce choix esthétique qui rendait si particulier sur les captures d'écran fixes des journaux papiers ... Et pourtant l'accueil semblait unanime : Yoshi's Island apparaissait bien comme le digne successeur, en terme de qualité, de Super Mario World. D'ailleurs, je n'avais jamais capté qu'il s'agissait de l'opus n° 2 de cette mini-série à l'intérieure de la saga Mario ...
L'ayant maintenant fini, je peux clairement affirmer que tout ce que j'avais lu à propos de Yoshi's Island est bien vrai. C'est une oeuvre majeure de l'ère 16-Bits, du jeu de plate-formes, et plus largement de l'histoire du jeu vidéo.
La première preuve de cette affirmation, c'est que même 20 ans après, en 2015, le jeu se joue toujours plutôt bien. Et je me suis même surpris à ne pas me sentir en train de faire du rétro-gaming. Mais commençons par le commencement ! (Après une quinzaine de ligne, il serait temps ...).
Super Mario World 2 - Yoshi's Island est, comme son nom l'indique, la suite théorique de SMW premier du nom, qui constitue pour moi l'aboutissement et la maîtrise absolue du gameplay 2D des titres Super Mario. Je dis bien théorique car in fine, Yoshi's Island a tout du titre à part au sein de la galaxie Mario, un peu comme Super Mario Sunshine par exemple. Déjà, le titre a une histoire. Comme évoqué plus tôt, il sort sur Super Nintendo en 1995, sur la fin de vie de la console. Je ne reviendrais pas sur la légende du choix esthétique de cet épisode qui a surpris tout le monde à une époque où Donkey Kong Country semblait avoir ouvert définitivement la voie aux décors de synthèse pré-calculés. C'était dans compter sur l'audace du plombier rouge, qui nous offre ici des décors en mode aquarelle / pastel du plus bel effet, et dont on peut encore aujourd'hui s'émerveiller.
Un titre à part, car YsI fait partie des épisodes de la saga Mario qui dispose d'une histoire un peu à part. Attention, je ne parle pas là d'un scénario béton qui va vous tenir en haleine du début à la fin, mais bien d'un concept d'histoire qui va constituer un fil rouge original du début à la fin. En gros, vous allez découvrir les premières heures de la vie de Mario, qui a été séparé de son frère lors d'une attaque de cigogne en règle par les sbires d'un jeune Bowser lui aussi en couche culotte. Mario va ainsi tomber entre les mains bienveillantes des Yoshi qui vont se donner comme mission de récupérer le frérot et de regrouper la petite famille. Rigolo !
Bien sur, à jouer Yoshi, le titre cultive finalement une différence de gameplay assez notable avec les Mario dits "classiques", dans la mesure où notre petit dragonet vert dispose de la faculté de gober, comme dans SMW, un grand nombre d'ennemis pour les digérer et en faire des oeufs à balancer sur les autres ennemis, ou à lancer pour récupérer un certain nombre de bonus.
Mais là où YsI fait très fort, c'est dans son gameplay et son level design. J'ai l'impression de dire ça de beaucoup de titres Mario, mais c'est particulièrement vrai dans cet épisode. En fait, on a bien l'impression que chaque niveau de ce titre met en avant une idée sympathique et souvent originale, une véritable déclinaison du gameplay général. Au surplus, j'ai trouvé que les niveaux de cet épisode étaient quand même particulièrement longs, certains mettant bien 5 à 10 minutes à être terminés. Au final, je trouve le game design de YsI encore meilleur que celui de Super Mario World - et ce n'est quand même pas rien - même si finalement le gameplay reste un poil moins maîtrisé. Il s'agit là d'une grande leçon de conception de jeu de plate-formes, et plus généralement de conception de jeux vidéo. Chaque niveau se vit comme une petite aventure à part qui déborde d'idées et de joie, sans jamais nous faire sombrer dans l'ennui et la redite (sauf peut-être pour les tous derniers niveaux qui apportent un peu moins d'originalité).
C'est en rejouant à ce genre de jeux qu'on se rend compte effectivement que les titres de cette époque représentaient une difficulté un peu rehaussée par rapport à nos standards actuels, même si le challenge n'apparaît jamais frustrant pour le joueur.
Mention également pour l'OST du titre qui est particulièrement inspirée, mais dont la seule lacune est d'être trop peu diversifiée, ce qui amène une redondance trop prononcée de certains morceaux.
Avec 20 ans de retard, c'est sur que j'ai peu de choses originales à dire sur Yoshi's Island. Je peux juste dire que j'ai véritablement été touché, encore aujourd'hui, par ce titre. Par son audace, qu'il faut bien entendu replacer dans le contexte de son époque mais qui fait encore sens aujourd'hui. Par l'excellence technique de ce titre, qui réussit à emmener la Super Nintendo sur des terres qu'on lui pensaient inaccessibles. Par la multitude d'idées qu'il contient et qui rend encore plus pâle tout une partie de la production ultérieure en la matière. Par le plaisir simple mais profond qu'on ressent en jouant à ce jeu tout simplement excellent.
J'ai donc décidé de décerner à Super Mario World 2 - Yoshi's Island la note maximale de 10/10, que je décerne - je pense - assez peu souvent. Cela ne signifie pas que le titre est parfait, mais qu'il constitue une pierre essentielle de l'histoire du jeu vidéo, un accomplissement technique et en termes de contenu, un jeu qui saura distraire mais aussi faire sens auprès de tous les joueurs, c'est-à-dire ceux qui aiment jouer.
Yoshi !!!