Superhot
7.1
Superhot

Jeu de Superhot Team (2016PC)

Malgré tous les travers que l'on peut imputer aux jeux indés – dont le fait que cette appellation est devenue un label purement marketing destiné à sous-entendre une prétendue audace artistique qui se limite trop souvent à des velléités esthétiques masquant des versions médiocres de titres autrefois populaires – l'on aurait cependant tort de considérer cette catégorie comme intégralement peuplée d'arguties prétentieuses réalisées pour satisfaire les plus lunetteux d'entre-nous. Oh, ne vous méprenez pas : la plupart des titres dits indépendants sont bel et bien de magnifiques vaisseaux vides voguant à travers l'infini sur des qualités secondaires à la question vidéoludique. C'est une évidence. J'aurais d'ailleurs tendance à penser que ce type de dérives peut aisément être expliqué par l'élargissement du marché du jeu vidéo opéré ces dernières années par les grands constructeurs. L'on cherche de plus en plus souvent à satisfaire un public qui est fondamentalement adverse aux charmes spécifiques de la discipline. Ce qui me semble aisément expliquer la recrudescence de titres monochromes construits autour d'un gimmick narratif dépourvu d'intérêt et autres Épisodes Dont Vous Êtes le Héros où vous avez la possibilité de subir les aventures épisodiques d'une licence populaire dans le domaine de la télévision. Pas que ce soit grave, hein, mais à mes yeux un jeu vidéo... est basé sur du gameplay.


Il est devenu très rare de rencontrer un titre bâti autour d'une idée originale. Cela s'explique d'ailleurs aisément : il est difficile d'innover dans un domaine d'activité comme le jeu vidéo. La discipline n'en est plus à ses balbutiements et vous pouvez être assurés que la plupart des idées – aussi loufoques soient-elles – ont déjà été tentées. Si l'on tient compte la plupart des titres considérés comme novateurs ces dernières années... l'on se rend rapidement compte qu'ils sont construits comme un mélange d'influences toujours plus poussé. Prenez un genre. Prenez une manière de le mettre en œuvre externe à celui-ci. Décidez si le titre est procédural ou pas... et voilà. Vous venez de produire un titre sans réelle personnalité susceptible d'être vendu à un public avide d'expériences familières. Ta-daaa. Avec un peu de chance vous n'avez pas oublié d'inclure dans tout ceci un système de crafting de haut niveau susceptible de donner envie à la planète entière de construire leur nouveau domicile dans votre univers factice. Vous entendez cette sonnerie au loin ? C'est Hollywood. Ils veulent faire un film de votre Simulateur de Jeu Vidéo. Chris Pratt est un grand fan : il veut jouer le rôle du mouton paraplégique. Enfin, c'est ce que son agent lui a dit de dire.


C'est face à tant de titres consensuels presque interchangeables qu'un jeu comme celui dont je suis venu vous parler brille de tous ses feux. Son éclat ? Celui d'une émeraude rare. Son fumet ? Celui d'un mets délicat. Son concept ? Inédit et réfléchi. Son titre ? SUPERHOT. Il est très rare de voir deux classiques coexistant plus ou moins dans la même sphère sortir la même année. 2016 fut, sous cet angle et sous aucun autre, une année faste. D'un côté : DOOM. Un retour salvateur aux bases d'un genre trop souvent dilué dans diverses mesures de cinématiques superflues. Sous ses airs brutaux réside une machine complexe et délicate nécessitant toute l'attention de celui – ou celle – qui daigne s'y jeter. De l'autre : SUPERHOT. Aux premiers abords le titre ressemble à un FPS conceptuel doté d'une esthétique assez proche du générique d'un James Bond. Et pourtant, sous cette appellation adéquate mais pourtant réductrice, se cache l'un des puzzle-games les plus audacieux de l'histoire de la discipline. N'en déplaise aux fans des Cruches de Candy... SUPERHOT est l'avancée majeure que le genre attendait. À la base de tout ceci ? Une simple réalisation que l'on peut résumer ainsi : tous les jeux de tir en vue subjective opèrent sur un mélange de positionnement tridimensionnel et de vitesse de déplacement. Or, comme l'expérience peut vous l'avoir appris, les deux sont toujours liés dans ce domaine d'activité. Au plus vite l'on réagit... au plus le jeu est aisé. La difficulté, dans ce genre de titres, n'est pas tant de survivre mais bien d'arriver à concentrer son esprit sur l'essentiel. Ici : viser et bouger. SUPERHOT, de son côté, renverse l'équation et propose de s'adonner aux mêmes activités... dans un monde où le temps ne bouge que quand vous faites de même.
Soudain, l'exercice n'est plus perceptif mais cognitif. Vous allez devoir étendre votre conscience jusqu'à inclure l'espace qui vous entoure. Deviner les agissement de vos ennemis. Calculer des trajectoires. Savoir quels morceaux de l'air qui vous entourent deviendront meurtrier quand vous vous mettrez à bouger. Tout d'un coup... le FPS prend une dimension supplémentaire. Celle d'un challenge de tous les instants auquel n'importe qui peut s'adonner. Tout ça, en huit lettres, c'est SUPERHOT.

MaSQuEdePuSTA
8
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le 5 nov. 2016

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