Increvable Neo.Geo !
Le monde du jeu vidéo est formidable. Il vous réserve parfois des surprises inattendues, que l'on ne pourrait croire dans cet univers de business mêlant électronique, informatique et créatifs. On...
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le 9 avr. 2014
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Le monde du jeu vidéo est formidable. Il vous réserve parfois des surprises inattendues, que l'on ne pourrait croire dans cet univers de business mêlant électronique, informatique et créatifs. On sait tous que les consoles en fin de vie commerciale deviennent un désert ludique une fois que leur constructeur a décidé de passer à une autre machine ou tout bêtement de mettre la clef sous la porte. Pourtant il existe quelques exceptions notables qui prouvent qu'une plateforme peu survivre à son constructeur. Ce fut le cas de la Neogeo.
Tombé en 2001, SNK laisse derrière lui tout une flopée de jeux de grande qualité. Liant le fun et la pèche du style arcade a un gameplay finement étudié. SNK laisse aussi une console qui a beaucoup fait parler d'elle : la NeoGeo. Déjà bien fournit en jeux, personne n'aurait imaginé qu'après la chute de son créateur elle aurait une seconde vie. Commercialisé en 1990 et présumé morte en 2001 soit 11 ans d'existence, c'était déjà très honorable pour une machine dont les jeux se monnayaient à 200€ en moyenne.
Mais à la surprise générale, alors que la console n'est plus produite, que SNK a sombré, il est annoncé la suite de King Of Fighters. Puis, plus tard celle de Metal Slug, puis un autre KOF le 2002 et plusieurs autres titres. La machine retrouve un second souffle et attire une exclusivité quasi impossible à imaginer durant les heures de gloire de SNK. Un crossover entre les personnages de SNK et de Capcom, concurrent direct de la marque dans les années 90. Ryu, Ken, Sagat et les autres allaient se retrouver pixeliser façon NeoGeo. L'annonce émerge sur les forums underground du web et sur les principaux sites traitant de la Neogeo. Au début, la plupart pense à un hoax, une gentille blague d'un fan de la console. Mais un site est mis en ligne, avec vidéo et screenshot à l'appui : c'est la stupéfaction.
Comment en 2003 un jeu de cette envergure peu être produit sur une console de 13 ans faisant face aux PS2, Gamecube et Xbox ? Chose difficilement imaginable. Le jeu est commercialisé sur support MVS en arcade ce qui est déjà une prouesse pour l'âge du système. Mais on apprend peu après que le jeu sera aussi commercialisé en version AES, c'est-à-dire sur la version console de la Neogeo. S'il y a bien une machine sur laquelle le jeu risquait de ne pas se vendre c'est celle là. Plus produite, nombre d'exemplaire vendu assez limité par rapport au système MVS, sans parler du prix du jeu. C'est un succès et une surprise, car le jeu est loin d'être mauvais.
SVC Chaos fait "suite" à l'épisode sortit en 1999 sur la portable de SNK la NeoGeo Pocket. Sauf que nous ne sommes plus ici sur une portable, mais sur une machine qui mange du pixel par gigabit. Ainsi, tous les personnages de Capcom habitués au système CPS se voient ici "SNKisé" sur la NeoGeo et le résultat est plutôt satisfaisant. Dès les premières secondes du jeu vous êtes mis dans l'ambiance avec une intro "attract mode" dont seule la Neogeo a le secret. Présentation des personnages ainsi que des vieux croulants devenus un peu séniles que son Takuma et Akuma. Avec de telles tête d'affiche les 2 grand grands pères cabotines à font trop fières de faire leur comeback sur une console de légende.
Premier constat SVC Chaos fait dans le fan service, mais attention subtilement. En tout 36 personnages de Capcom et de SNK sont présents dans le jeu. Certains accessible directement et d'autres cachés. Avec une NeoGeo il faudra effectuer un code pour accéder à ces personnages puisque la console ne sauvegarde pas la progression. La première surprise est la jouabilité, souple, réactive elle convient assez bien au jeu et permet dès le début de sortir quelques coups spéciaux. Mais très vite, tout habitué des séries de Capcom et de SNK s'apercevra que le gameplay est plutôt orienté King Of Fighters que Street Fighter. C'est-à-dire un rythme de jeu vif et offensif pas toujours adapté aux personnages plus "lourdauds" de Capcom. Et puis il n'y a que 4 boutons contre 6 habituellement pour les jeux de Capcom. Certains personnages sont donc un peu castrés. On retrouve rétrospectivement dans SVC Chaos tout ce qui a fait le succès de SF4. Ainsi, nous avons un Sagat super-puissant, un Balrog (US) abusé et des Ken/Ryu toujours aussi génériques mais efficaces contre à peu près tout le monde. Les combats sont donc dynamiques, mais ils pourront paraitre plus fades à ceux qui voudront creuser le jeu. Non pas que ce soit un titre sans saveur, au contraire même. Mais comparé aux ténors tel que KOF 2000, Mark Of The Wolve ou Street Fighter Zero 3, SVC Chaos semble moins inspiré et son gamepaly plus "grand public". Ca n'aurait pas été un défaut si le jeu ne se destinait pas à un public de gamers habitués aux VS fighting. Surtout que le titre a d'abord été commercialisé en arcade, antre des joueurs expérimentés. Du coup, on fait assez vite le tour et les combats se révèlent parfois un peu ennuyeux lorsque 2 joueurs maitrisent bien le jeu. Surtout que certains personnages sont clairement déséquilibrés par rapport à d'autres. Les personnages de Capcom ont souvent un meilleur timing que ceux de SNK. Ryu et Ken en tête ! Le jeu reste toutefois agréable à découvrir et à jouer. En VS contre un autre joueur les combats auront quand même assez de piquant pour y retourner volontiers. Même si le gameplay pourrait décevoir les puristes, la réalisation est là pour atténuer ce point un peu défaillant.
En effet, commercialisé un jeu sur une console "morte" c'est déjà une belle prouesse. Faire en sorte que ce titre soit techniquement meilleur que la grande majorité des productions NeoGeo c'est pousser le sens de la perfection assez loin. J'imagine bien les développeurs de SNK-Playmore faisant le grand écart entre des consoles comme la PS2 et une 16 bits comme la NeoGeo. Force est de constater que le résultat est vraiment saisissant. Graphiquement parlant c'est très réussi, voir les sprite de Capcom stylisés version NeoGeo est tout à fait agréable. Le dessin est très bon et les couleurs parfaitement choisie. Le talent des graphistes de SNK ne fait aucun doute, j'irais même plus loin en en disant qu'ils savent rester plus sobres que les dessinateurs de Capcom dont les productions passent assez mal les années. En contrepartie les personnages de SNK n'ont pas subit de grande modification. Ils n'ont quasiment pas été redessinés mis à part ceux n'étant pas présent dans la série King Of Fighters. Un autre point a été peaufiné, l'animation.
On connaissait déjà l'animation spectaculaire d'un jeu comme Mark Of The Wolves. SVC Chaos n'en fait pas autant mais s'en approche beaucoup. Tous les personnages de Capcom sont mieux animés que lorsqu'ils créchaient sur le système CPS. Cette animation très détaillée donne une bonne dynamique au jeu et l'Hurican Kick de Ryu semble avoir été huilé. En revanche, les personnages de KOF n'ont pas gagnés en étapes d'animation ce qui est plutôt dommage. Globalement ce qui étonne dans ce jeu c'est la souplesse et le détail, tout est fluide, chaque mouvement est bien décomposé et les "Supers" en sont l'apogée. Pour un spectateur le jeu est agréable à regarder, voir même spectaculaire. Les décors ne sont pas en reste, même si c'est clairement le point faible.
Contrairement aux autres jeux de baston du support, les décors manquent de vie, d'animation. Seul 3 ou 4 scènes de combat sortent de l'ordinaire, mais le reste semble peu inspiré, statique, sans vie. C'est d'autant plus dommage que le travail effectué sur les personnages était fantastique. Il y a toutefois quelques chouettes animations cycliques en fond. L'église, le temple ou la forêt sont de jolies scènes avec de petites animations sympathiques comme l'eau, le feu, le vent. D'autres, comme ce funiculaire souterrain ou ce temple "grec", sont techniquement réussi. Mais sans profondeur, pas de scrolling parallaxes, pas de public ou d'animations suggérant une quelconque vie. Les combats se déroulent pour la plupart dans des no man's land statiques. Dommage par rapport à l'ambiance vivante qui se dégageait des titres comme Street Fighter II ou KOF. Ce 'n'est pas que c'est mal réalisé, mais ça ne respecte pas l'esprit des 2 séries qui fait dans le combat de rue avec pleins de spectateurs en furie !
La bande son manque également de punch. Les BGM du jeu ne sont pas désagréables encore une foi. Mais elles sont plates et les échantillons d'instruments semblent tout droit sortis d'anciennes productions de SNK du milieu des années 90. Par rapport à un KOF 99/2000 ou un Mark Of The Wolves ca manque non seulement d'inspiration, mais ce sont aussi les sonorités qui sont d'un autre âge pour le support. En revanche les bruitages du jeu sont plutôt convaincant, ça tranche, ça bourre, c'est gras on est clairement dans l'ambiance d'un jeu d'arcade de chez SNK. Dommage toutefois que les musiques n'aient pas bénéficié de plus d'attention, cela dit c'est une constante sur les jeux sortis après 2001 sur cette console.
SVC Chaos reste quand même un excellent titre. Sa réalisation n'est certes pas exempte de défaut, mais ceux-ci sont plus des erreurs d'appréciation qui passent finalement assez bien lorsque l'on commence à jouer. Sans compter que malgré sa 2D pure, SVC Chaos a réussi à convaincre les joueurs PS2 et Xbox pourtant nourris à la 3D. La prouesse étant de commercialiser sur la new gen de l'époque un jeu fraichement développé et tournant sur une console 16 bits ! Au final on se retrouve avec un jeu assez solidement réalisé pour convaincre les joueurs de l'année 2003 tout en tournant sur une plateforme commercialisé en 1990. Comme quoi le "The Future Is Now" de SNK n'était pas aussi exagéré que ça !
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le 9 avr. 2014
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