Introduction
10 Juin 2019. Je regarde l’E3, et soudain une bande annonce attire mon attention. Pendant 1min et 47 secondes, j’entrevois un potentiel immense à travers une série que je n’affectionne pas particulièrement. « Tales of Arise ». La direction artistique est époustouflante, les thématiques abordées ont l’air épiques, et surtout, j’ai enfin l’impression que la série s’aligne sur les rails des final fantasy, en terme d’ambition. J’adore le character design des personnages présentés, Shionne et Alphen, qu’on nous présente comme étant deux individus vivant dans un conflit opposant deux monde, Dahna qui est réduit en esclavage par le monde de Rena. Ces deux individus vont coopérer pour essayer de changer le destin de ces deux mondes.
Après le visionnage du trailer, je me suis mis à attendre ce jeu d’une façon plus soutenue que d’autres titres. Parce que j’espérerais avoir le grand JRPG que je n’avais pas eu sur cette génération de consoles. Et plus le titre était reporté en raison de la pandémie qui a impacté le rythme des sorties, et plus les informations délivrées au compte goutte, sur ce qu’allait être le titre, m’emballait. Les 4 autres personnages avaient un character design de fou, le gameplay semblait enfin accessible, bref j’ai senti que ça allait le faire.
4 mois après sa sortie, avec 57h30 de jeu au compteur sur Playstation 4, je donne mon avis définitif sur le GOTY 2021, le JRPG le plus ambitieux sorti depuis quelques années, j’ai nommé Tales of Arise.
1) Une écriture enfin au niveau de ce que j’espérais ?
Je ne peux malheureusement pas trop décrire le scénario de Tales of Arise, sous peine de vous dévoiler à l’avance, un scénario réellement qualitatif, avec une écriture enfin au niveau, FF 7 remake et Cold steel 4 m’ayant particulièrement déçu sur ce critère. Sous réserve du PEGI 12+, l’histoire qui nous est narrée parle de thématiques profondes, allant de l’esclavage, du libre arbitre, de la manipulation des masses, de l’exploitation d’un peuple par un autre peuple, des inégalités, de la lutte des classes et encore de biens d’autres choses que je tairais pour ne pas vous spoiler.
Et à travers cette histoire, dense, intéressante et surtout ultra nuancée pour une fois dans un JRPG ( même si c’est vrai on éviterait pas un peu le côté niais du JRPG surtout sur la fin de l’aventure), on va surtout relater une histoire d’amour, comme à la belle époque de FF 8, entre les deux personnages principaux de l’aventure, Alphen, l’esclave Dahnien masqué amnésique et insensible à la douleur, et Shionne, la renienne frappé par une malédiction qui fait qu’elle ne peut être touchée sous peine d’infliger de la douleur. Ces deux là vont se rencontrer par hasard, et vont s’associer pour tuer les 4 seigneurs Reniens qui participent au tournoi de la couronne, un événement viser à collecter un maximum d’énergie astrale pour être élu « Souverain » de Rena.
Tout au long de l’aventure, les deux vont se tourner autour et voir leur relation évoluer. Alphen est le cliché atténué du héros classique de JRPG, et le fait de « cacher » son visage pendant une partie de l’aventure, est quelque chose à ma connaissance n’avait jamais été fait dans un JRPG. Shionne au contraire, est réservée, froide, autoritaire voir parfois méchante avec Alphen, et progressivement, les deux vont se rapprocher. Tout au long de l’aventure, ils rencontreront 4 autres comparses, qui arrivent à s’intégrer parfaitement et à avoir un traitement quasiment à la hauteur des 2 personnages principaux.
On rencontrera ainsi Law, un jeune pratiquant d’art martiaux qui a un passé tourmenté, Rinwell, une magicienne qui cache un lourd secret, Dohalim, un seigneur Renien excentrique et Kisara, la capitaine de la garde de Dohalim. Chaque personnage est bien écrit, chaque personnage fonctionne en « tandem » amoureux, Law avec Rinwell et Kisara avec Dohalim ; en sachant que Dohalim et Kisara sont les deux personnages secondaires les plus intéressants de l’ensemble de l’équipe. Chaque moment avec eux est puissant en terme d’émotions, en terme de ressentis que tu peux avoir.
Ce que je pourrai reprocher à cette écriture, c’est d’être parfois trop présente au détriment du gameplay, le jeu est extrêmement bavard, parfois trop, notamment sur la seconde partie du jeu qui va beaucoup trop enchaîner les cinématiques, les discussions entre personnages et rusher quelque part son histoire principale, alors qu’on aurait pu la faire avancer un peu plus avant.
Quoiqu’il en soit, Tales of Arise a la meilleure écriture JRPG depuis Cold Steel 3 , c’est vous dire si ça m’a fait plaisir de voir qu’enfin, enfin, les scénaristes arrivaient à s’élever au dessus des travers des JRPG qui sont insupportables depuis trop longtemps.
2) Un gameplay Action-RPG enfin au niveau
Tales of Arise propose enfin une modification profonde des bases vieillissantes et trop peu accessibles de la série des Tales of, pour le grand public, ce qui n’est absolument pas pour me déplaire. R1 permet d’enchaîner des attaques simples, X O et triangle permettent de lancer des artes, que l’on peut configurer via le menu.
Plus on utilise un arte, plus on monte de niveau, et surtout plus on accompli des quêtes secondaires ou des actions spécifiques, et plus on gagne des « titres » qui vont permettre de débloquer une sorte de système de sphèrier astral (comme FF 10), pour débloquer des compétences supplémentaires, des artes…
Le jeu donne également la possibilité « soft » d’utiliser des gambits (FF 12) pour gérer le comportement de vos équipiers, comportement agressif, comportement orienté vers les soins ou encore comportement qui n’ira pas puiser dans les PS, les points de « magie »qui sont désormais collectifs au groupe, bonne idée de gameplay.
Ce qu’on ressent quand on joue à Arise, c’est la nervosité des combats qui sont fluides, funs, et calculés pour être les plus courts possibles. Chaque personnage a une « compétence » spéciale qui va se recharge automatiquement et s’activer via les flèches du pad. Shionne peut envoyer des rafales de son fusil sniper sur les ennemis aériens, Alphen va mettre un coup d’épée ardente, Law va briser l’armure de l’ennemi, Kisara va débloquer un bouclier pour stopper la charge de l’ennemi, Dohalim va immobiliser l’ennemi et Rinwell peut voler l’arte d’un ennemi.
A la manière d’un FF 13, quand un ennemi subi trop de dégâts, un halo bleu s’active et on peut lancer une attaque conjointe avec 2 personnages pour l’achever, et les animations déboîtent. Les effets dans le jeu sont sublimes, et ce système de combat permet de switcher entre un mode auto, un mode semi-auto ou un mode manuel. A la fin d’un combat, on gagne de l’XP et des points de compétences. A noter qu’on ne gagne plus de Galds en combat, il faudra faire des quêtes ou vendre des objets pour débloquer cela.
Le jeu possède un système classique de création d’armes avec des matériaux récupérés sur les ennemis, achat d’armures et création d’accessoires pour renforcer vos personnages, un système qui ne m’a pas pleinement convaincu. Les « artes astrales » se lancent plus facilement qu’auparavant, et chaque personnage a une classe complémentaire.
Alphen est un tank, Shionne est une soigneuse/classe à distance ( ça a été le personnage que j’ai préféré joué), Law permet de faire des combos, Rinwell est une magicienne, Kisara est basée sur la défense et Dohalim est un mix soigneur/magicien et corps-à-corps.
Il y a évidemment le sempiternel jeu de pêche, que j’ai trouvé décevant, et qui ne m’a pas emballé plus que cela. Niveau des quêtes secondaires, on est sur quelque chose de classique, qui va néanmoins nous permettre de débloquer des recettes que l’on pourra créer pour buffer nos personnages lors des feux de camps, et ces mêmes nuits au coin du feu permettront à Alphen de resserrer les liens avec les autres personnages.
Le jeu est en couloir « ouvert » dans le sens où il y aura des zones plus ouvertes que les autres, mais globalement oui on suit une ligne directrice, et parfois on peut aller à droite ou à gauche, ou on peut trouver des petits donjons cachés. La construction du monde est limitée, il y a un moment où on arrive devant une falaise, où l’on voit au loin des structures qui pourront être visitées au cours de l’aventure, et pour autant, généralement on suit la structure classique une ville séparée de l’autre par une montagne ou une grotte. A noter que l’on peut ensuite se téléporter pour revenir sur ses pas, ce qui est appréciable pour faire des quêtes secondaires relativement classiques.
Au niveau du bestiaire des ennemis, il est bien, et je trouve néanmoins qu’il aurait plus être un poil plus varié, il y a beaucoup d’ennemis qui sont repris au fil de l’aventure.
3) Direction artistique incroyable et bonne OST
Malgré une structure qui fait penser que même si la série Tales of a muée, on reste encore dans un JRPG un peu rigide et old-school, avec des PNJ qui respirent pas la vie, les lieux sont un peu vides par moment. Et cependant, la nouvelle direction artistique, très picturale, compense largement ces faiblesses, par la beauté des décors, la beauté du character design.
On traversera ainsi cinq régions principales, région de feu, région de glace, une région « verte » la Menancia qui est clairement l’une des plus belles, la région de Niez qui est triste à regarder, et la région de l’eau. Chaque lieu est intéressant à visiter, et cependant certains vous donneront plus de sensations que d’autres. Il est à noter que la seconde partie de jeu permet de visiter de nouveaux lieux qui sont malheureusement beaucoup trop expédiés pour pouvoir être « marquants ».
Au niveau des musiques, j’ai trouvé que le niveau montait en gamme pour la série des Tales of, on est pas encore sur une masterclass comme FF7 Remake ou Xenoblade, et pourtant, il y a du mieux, les compositions de Motoi Sakuraba sont efficaces. En voici 5 que j’ai beaucoup apprécié :
- CALAGLIA : une composition qui m’a fait étrangement pensé à Star Wars.
- ELDE MENANCIA : l’une des plus belles zones du jeu.
-NIEZ : la composition la plus triste et l’une des plus réussies du jeu.
- BATTLE THEME 1 : Un thème de combat efficace
- ALPHEN : Un thème puissant et épique.
Conclusion : Le GOTY 2021
Mon impression favorable de Juin 2019 s’est confirmée quasiment deux après, Tales of Arise est un grand JRPG. C’est assurément mon GOTY 2021, devant Resident Evil 8 et Skyward sword HD. J’ai adoré parcourir ce JRPG que j’ai trouvé bien au dessus de la plupart des JRGP sortis dernièrement.
Écriture au rendez-vous, gameplay simplifié et accessible, direction artistique fantastique, bonne OST, et surtout l’envie de s’impliquer dans cet univers était présente, avec des scènes que j’ai trouvé marquantes. Est-ce que tout est parfait ? Non. J’attendais parfois plus de certaines choses, j’ai trouvé que chaque région parcourue ne se valait pas, il y a encore cette impression d’avoir un JRPG un peu rigide par moment. Le plus gros défaut de Arise, c’est sa seconde partie, beaucoup trop bavarde et qui sacrifie trop son gameplay au profit de son histoire.
Et les bases sont là. Pour faire encore mieux pour la suite de la saga. Avec un peaufinement du système de combat, avec une ouverture encore plus grande, et un rééquilibrage parlotte/gameplay. Dans l’immédiat, Tales of Arise est le grand JRPG original que j’ai attendu avec FF 15, et que je n’avais pas eu. Il ne réinvente pas le JRPG, et pourtant réussit à le dépoussiérer, tout en donnant enfin la chance aux gens qui n’étaient pas trop fans de Tales of, de s’adonner à la saga. Entre Vesperia et Arise, je dirai que j’ai préféré Arise, et clairement je conseille les 2 jeux pour découvrir l’univers Tales of.
Merci à Bandai Namco d’avoir repris le développement des opus principaux de Tales of, et à Yusuke Tomizawa (producteur) et Minaru Iwamoto (design des personnages), ainsi que leurs équipes créatives, qui nous ont donné cette pépite.